Texte grec :
[38,15] καὶ ἐβούλοντο γὰρ καὶ ἐκεῖνοι
μήτε τὸν Κλώδιον αὐτοὶ παρεσκευακέναι μήτε τοῖς γεγραμμένοις
ὑπ´ αὐτοῦ ἀρέσκεσθαι δοκεῖν, τοιάνδε τινὰ ἐπὶ τὸν Κικέρωνα ἀπάτην,
σφίσι μὲν εὐπρεπῆ ἐκείνῳ δὲ δὴ ἀφανῆ, προσεξεῦρον. ὁ μὲν
γὰρ Καῖσαρ ὑπείκειν αὐτῷ συνεβούλευε, μὴ καὶ κατὰ χώραν μείνας
ἀπόληται· καὶ ἵνα γε καὶ μᾶλλον ὑπ´ εὐνοίας τοῦτο ποιεῖν
πιστευθῇ, ὑποστρατήγῳ οἱ χρήσεσθαι ὑπισχνεῖτο, ὅπως μὴ μετ´
ὀνείδους ὡς καὶ ὑπεύθυνος ὤν, ἀλλὰ ἐπί τε ἀρχῆς καὶ μετὰ τιμῆς
ἐκποδὼν δὴ τῷ Κλωδίῳ γένηται. ὁ δὲ δὴ Πομπήιος τούτου μὲν
αὐτόν, τό τε πρᾶγμα ἀπόδρασιν ἄντικρυς ὀνομάζων καὶ ἐς τὸν Καίσαρα
ὥστε καὶ κατ´ ἔχθραν οὐκ ἐπιτηδείως οἱ συμβουλεύοντα ὑποσημαίνων,
ἀπέτρεπε, γνώμην δὲ ἐδίδου καταμεῖναι καὶ ἑαυτῷ τε ἅμα
καὶ τῇ βουλῇ μετὰ παρρησίας βοηθῆσαι, τόν τε Κλώδιον εὐθὺς ἀμύνασθαι·
οὔτε γὰρ διαπράξασθαί τι αὐτὸν παρόντος τε ἐκείνου καὶ
ἐναντιουμένου δυνήσεσθαι ἔλεγε, καὶ προσέτι καὶ δίκην δώσειν καὶ
ἑαυτοῦ τι πρὸς τοῦτο συμπράξαντος. τοιούτους αὐτῶν λόγους λεγόντων
οὐχ ὅτι ἐναντία ἀλλήλοις ἐγίγνωσκον ἀλλ´ ἵν´ ἐκεῖνον ἀνυπόπτως
ἀπατήσωσι, τῷ Πομπηίῳ προσέθετο. οὔτε γὰρ προϋπώπτευέ
τι ἐς αὐτόν, καὶ ἐπίστευε πάντως ὑπ´ αὐτοῦ σωθήσεσθαι.
τῶν τε γὰρ ἄλλων πολλοὶ καὶ ᾐδοῦντο αὐτὸν καὶ ἐτίμων, ὥστε καὶ
κινδυνεύοντας συχνοὺς τοὺς μὲν παρὰ τῶν δικαστῶν τοὺς δὲ καὶ
παρ´ αὐτῶν τῶν κατηγόρων ῥύεσθαι· καὶ ὁ Κλώδιος, ἅτε καὶ ἐν
γένει ποτὲ αὐτῷ γενόμενος καὶ συστρατεύσας ἐπὶ πολὺν χρόνον,
οὐδὲν ὅ τι οὐ κατὰ γνώμην αὐτοῦ ἐδόκει ποιήσειν. τόν τε Γαβίνιον
ἄντικρυς, ἅτε καὶ πάνυ φίλον αὐτῷ ὄντα, καὶ τὸν Πίσωνα ἀπό τε
τῆς ἐπιεικείας καὶ διὰ τὴν τοῦ Καίσαρος συγγένειαν ὑπάρξειν
οἱ προσεδόκησε.
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Traduction française :
[38,15] Pompée et César, ne voulant point paraître avoir mis
Clodius en avant ou approuver les lois qu'il avait
proposées, imaginèrent contre Cicéron un subterfuge qui
ne les compromettrait pas et dont il ne pourrait se
douter. César lui conseillait de s'éloigner, afin de ne
point s'exposer à périr en restant à Rome ; et pour que ce
conseil parût encore davantage inspiré par un sentiment
de bienveillance, il promit à Cicéron de le prendre pour
lieutenant, disant que ce serait pour lui un moyen de se
dérober aux attaques de Clodius, non pas honteusement
et comme un accusé ; mais avec honneur et revêtu d'un
commandement. Pompée, au contraire, détournait
Cicéron de la pensée de quitter Rome, appelant sans
détour son départ une fuite et faisant entendre que la
haine empêchait César de lui donner un sage conseil. Il
l'engageait à rester, à combattre librement pour lui-même
et pour le sénat, à se venger résolument de
Clodius, qui ne réussirait pas tant que Cicéron serait à
Rome et lui tiendrait tête. Enfin il ajoutait que Clodius
recevrait un juste châtiment et qu'il prêterait lui-même
son concours à Cicéron pour le lui infliger. César et
Pompée parlaient ainsi, non qu'ils fussent d'un avis
opposé, mais pour tromper Cicéron sans qu'il s'en
doutât. Il suivit les conseils de Pompée, parce qu'il
n'avait contre lui aucun soupçon et qu'il mettait en lui
toutes ses espérances de salut. Pompée était d'ailleurs en
possession du respect et de l'estime de la plupart des
citoyens, et par là il put arracher au danger un grand
nombre d'accusés et délivrer les uns de leurs juges, les
autres même de leurs accusateurs. De plus Clodius, à
cause de son ancienne parenté avec Pompée et parce
qu'il avait longtemps servi sous ses ordres, paraissait ne
devoir rien faire contre son avis. Enfin Cicéron espérait
que Gabinius se mettrait tout à fait sous la main de
Pompée dont il était l'ami intime, et que Pison en ferait
autant, à cause de sa douceur naturelle et de sa parenté
avec César.
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