Texte grec :
[38,39] τοιαῦτα γοῦν ἔχοντες παραδείγματα, μήτε τὰ τῶν πατέρων
ἔργα καταισχύνητε μήτε τὴν ἀρχὴν μεγίστην ἤδη οὖσαν προῆσθε.
οὐδὲ γὰρ οὐδ´ ἀπ´ ἴσης ἡμῖν τε καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς μηδὲν τῶν
ὁμοίων κεκτημένοις βουλευτέον ἐστίν. ἐκείνοις μὲν γὰρ ἐξαρκεῖ ῥᾳστωνεύειν
καὶ μετὰ ἀσφαλείας ἄλλοις ὑποπεπτωκέναι, ἡμῖν δ´ ἀναγκαῖόν
ἐστι καὶ πονεῖν καὶ στρατεύεσθαι καὶ μετὰ κινδύνων τὴν
παροῦσαν εὐδαιμονίαν φυλάττειν. πολλοί {τε} γὰρ ἐπιβουλεύουσιν
αὐτῇ· πᾶν γὰρ τὸ ὑπεραῖρόν τινας καὶ ζηλοῦται καὶ φθονεῖται,
κἀκ τούτου πόλεμος ἀίδιός ἐστιν ἅπασι τοῖς καταδεεστέροις πρὸς
τοὺς ἔν τινι αὐτῶν ὑπερέχοντας. ἢ οὖν ἀπὸ πρώτης ἐχρῆν μηδὲν
διαφερόντως ἡμᾶς τῶν ἄλλων ἀνθρώπων ηὐξῆσθαι· ἢ ἐπείπερ
τηλικοῦτοι γεγόναμεν καὶ τοσαῦτα κεκτήμεθα, πέπρωταί τε ἢ ἄρχειν
τῶν ἄλλων ἐγκρατῶς ἢ καὶ αὐτοὺς παντελῶς ἀπολέσθαι (τοῖς γὰρ
ἔς τε ἀξίωμα τοσοῦτον καὶ ἐς δύναμιν τηλικαύτην προκεχωρηκόσιν
ἀδύνατόν ἐστιν ἀκινδύνως ἰδιωτεῦσαι), πειθώμεθα τῇ τύχῃ, μηδὲ
ἑκοῦσαν αὐτὴν καὶ αὐτεπάγγελτον τοῖς τε πατράσιν ἡμῶν ὑπάρξασαν
καὶ ἡμῖν παραμένουσαν ἀπωσώμεθα. ἔσται δὲ τοῦτο οὐκ ἂν τὰ
ὅπλα ῥίψωμεν, οὐδ´ ἂν τὰς τάξεις ἐκλίπωμεν, οὐδ´ ἂν διὰ κενῆς
οἴκοι καθώμεθα ἢ καὶ παρὰ τοῖς συμμάχοις πλανώμεθα, ἀλλὰ ἂν τά
τε ὅπλα διὰ χειρὸς ἀεὶ ἔχωμεν (οὕτω γὰρ μόνως εἰρήνη σώζεται) καὶ
τὰ ἔργα τοῦ πολέμου διὰ κινδύνων ἀσκῶμεν (οὕτω γὰρ μόνως οὐκ
ἀεὶ πολεμήσομεν), τοῖς τε δεομένοις τῶν συμμάχων ἀπροφασίστως
ἐπικουρῶμεν (οὕτω γὰρ πολὺ πλείους ἕξομεν) καὶ τοῖς ἀεί τι παρακινοῦσι
τῶν πολεμίων μὴ ἐπιτρέπωμεν (οὕτω γὰρ οὐδεὶς ἔθ´ ἡμᾶς
ἀδικεῖν ἐθελήσει).
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Traduction française :
[38,39] Vous donc, qui avez de tels exemples sous les yeux,
ne déshonorez pas les exploits de vos pères et ne perdez
pas une puissance déjà à ce point agrandie. Nos
résolutions ne doivent avoir rien de commun avec celles
des peuples qui n'ont pas de semblables possessions. A
ces peuples il suffit de vivre dans l'oisiveté : ils peuvent
fléchir sous la main d'un maître, pourvu qu'ils n'aient
pas de danger à courir. Pour nous, au contraire, c'est une
nécessité de supporter les fatigues, d'être en campagne,
de conserver notre prospérité présente au prix de mille
périls. Cette prospérité, plusieurs la convoitent ; car tout
ce qui est élevé excite la rivalité et l'envie : de là cette
guerre éternelle de ceux qui sont dans un état
d'infériorité contre quiconque s'élève au-dessus d'eux.
Ainsi, ou nous ne devions pas, dès le principe, nous
placer au-dessus du reste des hommes ; ou bien, puisque
nous avons atteint cette supériorité et fait de si grandes
conquêtes ; puisque notre destinée nous appelle à
exercer sur les autres peuples une puissante domination,
ou être anéantis nous-mêmes (une nation, parvenue à
tant d'éclat et à tant de grandeur, ne peut sans danger
tomber dans l'obscurité) ; obéissons à la Fortune, et,
lorsque, d'elle-même et de son propre mouvement, elle a
favorisé nos ancêtres et nous reste fidèle, gardons-nous
de la repousser. Mais, si nous voulons la retenir, ne
jetons pas les armes, ne quittons pas nos rangs, ne
restons pas oisifs dans nos foyers, n'errons pas au hasard
chez nos alliés. Au contraire, ayons toujours les armes à
la main (c'est le seul moyen de conserver la paix) ;
exerçons-nous dans l'art de la guerre par des dangers
sérieux (c'est le seul moyen de n'avoir pas toujours la
guerre à faire) ; secourons, sans nous excuser par de
vains prétextes, ceux de nos alliés qui ont besoin d'appui
(c'est le moyen d'en augmenter beaucoup le nombre) ; ne
livrons jamais rien à ceux qui préparent sans cesse des
attaques contre nous (dès lors on ne cherchera plus à
nous nuire).
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