Texte grec :
[38,45] ὥσθ´ ὅτι μὲν δικαιότατα ἂν αὐτῷ πολεμήσαιμεν, οὐδένα
ἀμφισβητήσειν οἴομαι· ὅτι δὲ οὔτε ἄμαχος οὔτε δυσπολέμητός ἐστιν,
ὁρᾶτε μὲν καὶ ἐκ τῶν ἄλλων τῶν ὁμοφύλων αὐτῷ, οὓς πολλάκις
μὲν καὶ πρότερον, ῥᾷστα δὲ καὶ νῦν ἐνικήσαμεν, λογίζεσθε δὲ καὶ
ἐξ ὧν περὶ αὐτοῦ ἐκείνου πυνθανόμεθα. οὔτε γὰρ ἄλλως δύναμίν
τινα οἰκείαν συνεστηκυῖαν καὶ συγκεκροτημένην ἔχει· νῦν τε, ἅτε
μηδὲν δεινὸν προσδοκῶν, καὶ παντελῶς ἀπαράσκευός ἐστιν. οὐ τοίνυν
οὐδὲ ἐκ τῶν ὁμοχώρων ἄν τις αὐτῷ προθύμως, οὐδ´ εἰ πάνυ
ἐπαγγέλλεται, βοηθήσειε· τίς μὲν γὰρ ἂν ἕλοιτο ἐκείνῳ συμμαχήσας
πολεμῆσαι ἡμῖν, μηδὲν ὑφ´ ἡμῶν λελυπημένος; πῶς δ´ οὐκ ἂν
μᾶλλον ἡμῖν πάντες ἢ ἐκείνῳ συναράμενοι τήν τε τυραννίδα αὐτοῦ
ὅμορόν σφισιν οὖσαν καταλῦσαι καὶ τῆς χώρας μέρος τι παρ´ ἡμῶν
προσλαβεῖν ἐθελήσειαν; εἰ δὲ δὴ καὶ συσταῖέν τινες, οὔτι γε καὶ
κρείττους ἂν ἡμῶν γένοιντο. ἵνα γὰρ τἆλλα ἐάσω, τὸ πλῆθος ἡμῶν,
τὴν ἡλικίαν, τὴν ἐμπειρίαν, τὰ ἔργα, ἐκεῖνό γε τίς οὐκ οἶδεν,
ὅτι ἡμεῖς μὲν κατὰ πᾶν ὁμοίως τὸ σῶμα ὡπλίσμεθα, ἐκεῖνοι δὲ δὴ
γυμνοὶ τὸ πλεῖστόν εἰσι, καὶ ἡμεῖς μὲν καὶ λογισμῷ καὶ τάξει χρώμεθα,
ἐκεῖνοι δὲ δὴ θυμῷ πρὸς πάντα ἀσύντακτοι φέρονται; μὴ γάρ τοι μήτε
τὴν ὁρμὴν αὐτῶν μήτε τὸ μέγεθος ἢ τῶν σωμάτων ἢ τῆς βοῆς φοβηθῆτε.
φωνή τε γὰρ οὐδένα πώποτε ἀνθρώπων ἀπέκτεινε, καὶ τὰ σώματα αὐτῶν
δρᾶν μὲν οὐδὲν πλέον, ἅτε τὰς αὐτὰς ἡμῖν χεῖρας ἔχοντα, πάσχειν δὲ
πολὺ πλείω, ἅτε καὶ μεγάλα καὶ γυμνὰ ὄντα, δυνήσεται· ἥ τε ὁρμὴ
ἄμετρος καὶ προπετὴς τὸ κατ´ ἀρχὰς οὖσα καὶ ἐκκενοῦται ῥᾳδίως
καὶ ἐπ´ ὀλίγον ἀνθεῖ.
|
|
Traduction française :
[38,45] Personne, je pense, ne contestera que nous n'ayons
pleinement le droit de lui faire la guerre.
Arioviste n'est ni invincible, ni même difficile à
combattre : vous le voyez par l'exemple des peuples de
la même race que nous avons maintes fois vaincus
auparavant, et tout récemment encore, sans la moindre
peine ; vous pouvez le conclure aussi de ce que nous
apprenons sur son compte. Outre qu' il n'a point d'armée
levée dans son pays, toujours réunie et toujours prête à
agir, il ne s'attendait pas à être attaqué en ce moment, et
il est pris tout à fait au dépourvu. Enfin aucun de ses
voisins ne s'empressera de le secourir, quelque belles
promesses qu'ils lui fassent. Qui voudrait, en effet,
devenir son allié et nous faire la guerre, sans avoir reçu
de nous aucun dommage ? Comment ne préféreraient-ils
pas tous notre alliance à la sienne, pour briser sa
tyrannie établie à leurs portes et recevoir de nos mains
quelque portion de son territoire ? Admettons que
quelques-uns se déclarent pour lui, ils ne sauraient avoir
l'avantage sur nous. Sans parler de notre grand nombre,
de notre âge, de notre expérience, de nos exploits,
qui ne sait que notre corps tout entier est couvert par nos armes ;
tandis que les Germains sont presque nus ? Nous combattons
avec un courage réfléchi et en bon ordre, eux, au contraire,
combattent en désordre et avec emportement. Ne craignez ni leur
fougue, ni leur haute stature, ni leurs horribles cris : les cris n'ont
jamais donné la mort à personne. Leurs corps ne peuvent pas faire
plus que les nôtres ; car ils n'ont que deux mains comme nous ;
mais ils seront plus exposés au danger ; parce qu'ils sont grands
et nus. Quant à leur ardeur, d'abord immodérée et aveugle,
elle s'épuise aisément et ne dure qu'un instant.
|
|