Texte grec :
[38,42] καί μοι εἴ τις ὑμῶν ἐκεῖνο ὑπολαμβάνει, τί δὴ τηλικοῦτον ὁ
Ἀριόουιστος πεπλημμέληκεν ὥστ´ ἀντὶ φίλου καὶ συμμάχου πολέμιος
ἡμῖν γενέσθαι, σκοπείτω τοῦθ´, ὅτι τοὺς ἀδικεῖν τι ἐπιχειροῦντας
οὐκ ἐφ´ οἷς ποιοῦσι μόνον ἀλλὰ καὶ ἐφ´ οἷς φρονοῦσιν ἀμύνασθαι
δεῖ, καὶ τήν τε αὔξησιν αὐτῶν πρὶν καὶ βλαβῆναί τι προκαταλαμβάνειν,
καὶ μὴ περιμείναντας κακῶς ἔργῳ παθεῖν, τότε τιμωρεῖσθαι.
ὅτι τοίνυν καὶ ἐχθρὸς καὶ ἔχθιστός ἐστιν ἡμῖν, πῶς ἂν ἄλλως μᾶλλον
ἐλεγχθείη ἢ ἐξ ὧν ἐποίησεν; πέμψαντος γάρ μου πρὸς αὐτὸν
φιλικῶς ὅπως ἔλθῃ τε πρὸς ἡμᾶς καὶ κοινῇ μεθ´ ἡμῶν βουλεύσηται
περὶ τῶν παρόντων, οὔτ´ ἦλθεν οὔθ´ ἥξειν ὑπέσχετο. καίτοι
τί μὲν ἐγὼ ἄδικον ἢ ἀνεπιεικὲς ἢ φορτικὸν ἐποίησα μεταπεμψάμενος
αὐτὸν ὡς φίλον καὶ σύμμαχον; τί δὲ ἐκεῖνος ὕβρεως καὶ ἀσελγείας,
οὐκ ἐθελήσας ἐλθεῖν, ἐκλέλοιπεν; ἆρ´ οὐ δυοῖν ἀνάγκη θάτερον,
ἤτοι ὑπωπτευκότα αὐτόν τι κακὸν πείσεσθαι ἢ ὑπερπεφρονηκότα
ἡμᾶς τοῦτο πεποιηκέναι; οὐκοῦν εἴτε τι ὑποτετόπηκεν,
σαφέστατα αὐτὸς ἑαυτὸν ἐξελέγχει ἐπιβουλεύοντα ἡμῖν· οὐδεὶς γὰρ
ἡμῖν μηδὲν δεινὸν παθὼν ὕποπτός ἐστιν, οὐδ´ ἀπ´ ὀρθῆς καὶ ἀδόλου
τῆς γνώμης γίγνεται, ἀλλ´ οἱ προπαρεσκευασμένοι τινὰς ἀδικῆσαι
ἑτοίμην τὴν ὑποψίαν κατ´ αὐτῶν ἐκ τοῦ συνειδότος σφῶν ἔχουσιν·
εἴτ´ αὖ μηδενὸς τοιούτου ὑπόντος ὑπερεόρακέ τε ἡμᾶς καὶ
λόγοις ὑπερηφάνοις ὕβρικε, τί χρὴ τοῦτον, ἐπειδὰν ἔργου τινὸς ἐπιλάβηται,
προσδοκῆσαι πράξειν; ὁ γὰρ ἐν οἷς μηδὲν κερδανεῖν ἔμελλε
τοσαύτῃ ὑπεροψίᾳ κεχρημένος πῶς οὐ πόρρωθεν ἐξελήλεγκται μηδὲν
δίκαιον μήτε φρονῶν μήτε πράσσων; οὐ τοίνυν ἀπέχρησεν αὐτῷ
τοῦτο, ἀλλὰ καὶ ἐμὲ ἐλθεῖν πρὸς αὑτὸν ἐκέλευσεν, εἴπερ τι αὐτοῦ δεοίμην.
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Traduction française :
[38,42] Si parmi vous quelqu'un se demande quel crime si
grand Arioviste a commis pour être devenu notre
ennemi, lui jadis notre ami et notre allié ; qu'il réfléchisse
que nous devons nous défendre non seulement contre
les actes, mais même contre les projets de ceux qui
veulent nous nuire ; nous opposer à l'accroissement de
leur puissance, avant qu'ils nous aient causé du
dommage, et ne pas attendre, pour nous venger, qu'ils
nous aient fait du mal. Arioviste est notre ennemi, et
même notre plus grand ennemi. Quelle plus forte preuve
pourrait-on en donner que sa conduite ? Je l'avais fait
prier amicalement de venir auprès de nous, pour
délibérer avec nous sur les affaires présentes : il n'est pas
venu et n'a pas promis de venir. Me suis-je donc rendu
coupable d'injustice, de violence ou d'orgueil, en
l'appelant auprès de moi, comme un ami et un allié ?
Lui, au contraire, n'est-il pas allé jusqu'au dernier terme
du mépris et de l'insolence, par son refus ? Sa conduite
ne prouve-t-elle pas l'une de ces deux choses, ou qu'il a
supposé que nous voulions lui faire du mal, ou qu'il
nous a méprisés ? S'il a eu des soupçons contre nous, il
est, par cela même, convaincu d'ourdir des trames
criminelles ; car un homme à qui nous n'avons fait aucun
mal n'a point de soupçon, et le soupçon ne naît pas dans
un coeur droit et honnête. Au contraire, ceux qui ont la
pensée de nuire sont poussés par leur conscience à des
soupçons contre celui auquel ils veulent faire du mal.
Mais si Arioviste, n'ayant aucun soupçon contre nous,
nous a méprisés et nous a blessés par d'arrogantes
paroles, que ne devons-nous pas attendre de lui, lorsqu'il
en viendra à des actes ? L'homme qui a montré tant
d'orgueil, alors qu'il n'avait rien à gagner, n'est-il pas
manifestement convaincu d'avoir renoncé depuis
longtemps à prendre la justice pour règle de ses projets
et de ses actions. Arioviste ne s'est pas arrêté là : il m'a
même ordonné de me rendre auprès de lui ; si j'avais
quelque chose à lui demander.
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