Texte grec :
[38,41] εἰ δ´ ὅτι μήτε ἐξήτασται περὶ τοῦ πολέμου τούτου παρὰ
{τε} τῇ βουλῇ καὶ παρὰ τῷ δήμῳ μὴ ἐψήφισται, διὰ τοῦτό τις ἧττον
οἴεται δεῖν ἡμᾶς προθυμηθῆναι, λογισάσθω τοῦθ´, ὅτι πάντες οἱ
πόλεμοι ὅσοι πώποτε γεγόνασιν ἡμῖν, οἱ μὲν ἐκ παρασκευῆς καὶ
προεπαγγέλσεως οἱ δὲ καὶ ἐπὶ καιροῦ συμβεβήκασι. καὶ διὰ τοῦτο
ὅσα μὲν ἂν οἴκοι τε μενόντων ἡμῶν καὶ τὴν ἡσυχίαν ἀγόντων κινηθῇ
καὶ ἐκ πρεσβείας τινὸς τὴν ἀρχὴν τῶν ἐγκλημάτων λάβῃ, καὶ
σκέψιν ὑπὲρ αὐτῶν καὶ δεῖ καὶ ἀναγκαῖόν ἐστι γίγνεσθαι καὶ ψῆφον
ἐπάγεσθαι, καὶ μετὰ τοῦτο τούς τε ὑπάτους ἢ καὶ στρατηγοὺς
προστάττεσθαί σφισι καὶ τὰς δυνάμεις ἐκπέμπεσθαι· ὅσα δ´ ἂν
ἐξεληλυθότων ἤδη καὶ ἐξεστρατευμένων τινῶν ἐκφανῇ, ταῦτ´ οὐκέτ´
ἐς διαγνώμην ἄγεσθαι χρή, ἀλλ´ ὡς καὶ δεδογμένα καὶ κεκυρωμένα
ὑπ´ αὐτῆς τῆς χρείας προκαταλαμβάνεσθαι πρὶν αὐξηθῆναι.
ἢ τίνος μὲν ἕνεκα ὑμᾶς ἐνταῦθ´ ὁ δῆμος ἐξέπεμψεν, τίνος δ´
ἕνεκα ἐμὲ μετὰ τὴν ὑπατείαν εὐθὺς ἔστειλε, τοῦτο μὲν ἐπὶ πέντε
ἔτη καθάπαξ, ὃ μήπω πρότερον ἐγεγόνει, ἄρχειν ἑλόμενος, τοῦτο
δὲ τέσσαρσι στρατοπέδοις ὁπλίσας, εἰ μὴ καὶ πολεμῆσαι πάντως
ἡμᾶς δεήσειν ἐνόμιζεν; οὐ γάρ που ἵνα μάτην τρεφώμεθα, οὐδ´ ἵνα
τάς τε πόλεις τὰς συμμαχίδας καὶ τὴν χώραν τὴν ὑπήκοον περιιόντες
χαλεπώτεροι καὶ τῶν πολεμίων αὐτοῖς γιγνώμεθα, (οὐδ´ ἂν εἷς ταῦτα
φήσειεν), ἀλλ´ ἵνα τὴν οἰκείαν φυλάξωμεν, ἵνα τὴν τῶν πολεμίων
πορθήσωμεν, ἵν´ ἄξιόν τι καὶ τοῦ πλήθους καὶ τῶν ἀναλωμάτων
ἐργασώμεθα. οὐκοῦν ἐν τούτῳ καὶ οὗτος ὁ πόλεμος καὶ πᾶς ὁστισοῦν
ἄλλος καὶ ἐπιτέτραπται ἡμῖν καὶ ἐγκεχείρισται. καὶ πάνυ γε
φρονίμως ἐποίησαν ἐφ´ ἡμῖν τὸ τίσι πολεμητέον εἶναι διαγνῶναι
καταλιπόντες καὶ μὴ αὐτοὶ τὸν πόλεμον ψηφισάμενοι. οἱ μὲν γὰρ
οὔτ´ ἀκριβῶσαι τὰ τῶν συμμάχων {καὶ} τοσοῦτον αὐτῶν ἀφεστηκότες
ἠδυνήθησαν ἄν, καὶ πρὸς εἰδότας καὶ προπαρεσκευασμένους τοὺς
πολεμίους οὐκ ἂν ὁμοίως ἐπιτηδείως προσηνέχθησαν· ἡμεῖς δὲ δὴ
κριταὶ ἅμα καὶ λειτουργοὶ τοῦ πολέμου γιγνόμενοι, καὶ προσέτι καὶ
ἐπ´ αὐτοφώρους τοὺς ἐχθροὺς τὰ ὅπλα εὐθὺς ἐπιφέροντες, οὔτ´
ἀνεξετάστως οὔτ´ ἀδίκως οὔτ´ ἀπροφυλάκτως αὐτὸν ποιησόμεθα.
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Traduction française :
[38,41] Si quelqu'un pense que nous devons avoir moins
d'ardeur pour cette guerre, parce qu'elle n'a été ni mise
en délibération dans le sénat, ni décrétée par le peuple,
qu'il considère que parmi toutes les guerres que nous
avons soutenues, à diverses époques, les unes ont eu
lieu, après que nous nous y étions préparés et qu'elles
nous avaient été préalablement déclarées, les autres
subitement. Une guerre éclate-t-elle lorsque nous
sommes tranquilles dans nos foyers et après qu'une
députation a d'abord fait entendre des plaintes, il est
convenable et même nécessaire qu'il y ait une
délibération à ce sujet, qu'un décret soit rendu, que les
consuls et les préteurs soient chargés de l'expédition, que
les troupes se mettent en campagne. Au contraire, une
guerre survient-elle lorsque nous avons déjà quitté nos
pénates et que nous sommes en campagne, il n'est plus
possible de délibérer : la nécessité doit tenir lieu de
décret et de sanction, et il faut mettre la main à l'oeuvre,
avant que les dangers n'aient grandi. Pourquoi le peuple
vous a-t-il envoyés ici ? Pourquoi m'y a-t-il envoyé moi-même,
à l'issue de mon consulat, avec un
commandement de cinq ans, ce qui ne s'était jamais fait,
et avec quatre légions ? N'est-ce point, parce qu'il a
pensé que nous devons absolument faire la guerre ? A
coup sûr, ce n'est pas pour que nous nous engraissions
dans un stérile repos ; ce n'est pas pour que, parcourant
les villes alliées et les contrées qui nous sont soumises,
nous leur fassions plus de mal que leurs ennemis :
personne n'oserait le soutenir. C'est plutôt pour protéger
nos possessions, pour ravager celles de nos ennemis :
pour nous illustrer par des exploits dignes d'une armée
nombreuse et des dépenses que la République s'est
imposées. Voilà pourquoi cette expédition et toutes les
autres nous ont été confiées et ont été remises dans nos
mains. Le sénat et le peuple ont très sagement agi, en
nous laissant le soin de décider à quel peuple nous
devrions faire la guerre, au lieu de le décider eux-mêmes
par un décret. Placés à une grande distance, ils ne
pourraient apprécier exactement les besoins des alliés, ni
marcher à propos, comme nous, contre des ennemis,
instruits du danger et prêts à se défendre. Nous, au
contraire, juges et arbitres de la guerre, tournant à
l'instant même les armes contre des hommes surpris en
flagrant délit d'hostilité, nous ne l'entreprendrons pas
sans examen, sans griefs légitimes et en aveugles.
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