Texte grec :
[38,37] λέγω δὲ ταῦτα οὐ πρὸς ὑμᾶς, ἄνδρες ἑταῖροί τε καὶ φίλοι,
τοὺς ἐνταῦθα ὄντας (οὔτε γὰρ ἄλλως ἀγνοεῖτε αὐτὰ ὥστε καὶ μαθεῖν
δεῖσθαι, οὔτ´ ὀλιγώρως αὐτῶν ἔχετε ὥστε καὶ προτροπῆς χρῄζειν),
ἀλλ´ ὅτι τινὰς τῶν στρατιωτῶν ᾔσθημαι αὐτούς τε θρυλοῦντας
ὡς οὐ προσήκοντα τόνδε τὸν πόλεμον ἀνῃρήμεθα, καὶ τοὺς
ἄλλους προσστασιάζοντας, ἵν´ αὐτοί τε βεβαιοτέραν ἐκ τῶν παρ´
ἐμοῦ λόγων τὴν ὑπὲρ τῆς πατρίδος προθυμίαν ποιήσησθε, καὶ ἐκείνους
πάνθ´ ἃ προσήκει διδάξητε· πλείω γὰρ ἂν παρ´ ὑμῶν ἰδίᾳ
καὶ πολλάκις ἀκούοντες αὐτὰ ὠφεληθεῖεν ἢ παρ´ ἐμοῦ ἅπαξ πυθόμενοι.
λέγετε τοίνυν αὐτοῖς ὅτι οἱ πρόγονοι ἡμῶν οὐκ οἴκοι μένοντες,
οὐδὲ τὰς στρατείας ὀκνοῦντες, οὐδὲ τοὺς πολέμους φεύγοντες,
οὐδὲ τὰς ῥᾳθυμίας διώκοντες τηλικαύτην τὴν πόλιν ἐποίησαν, ἀλλὰ
ταῖς γνώμαις πάντα τὰ προσήκοντα προχείρως τολμῶντες καὶ τοῖς
σώμασι πάντα τὰ ἀρέσαντα προθύμως ἐκπονοῦντες, καὶ τὰ μὲν ἴδια
ὡς ἀλλότρια ἀεί ποτε παραβαλλόμενοι, τὰ δὲ δὴ τῶν πέλας ὡς καὶ
οἰκεῖα ἑτοίμως κτώμενοι, καὶ μήτε εὐδαιμονίαν ἄλλο τι ἢ τὸ τὰ
δέοντα πράττειν νομίζοντες, μήτε δυστυχίαν ἄλλο τι ἢ τὸ μετ´
ἀπραξίας ἡσυχάζειν ἡγούμενοι. τοιγαροῦν ἐκ τούτων τῶν πολιτευμάτων
αὐτοί τε, ὀλίγιστοι τὸ κατ´ ἀρχὰς γενόμενοι καὶ πόλιν οὐδεμίαν
ἧς οὐκ ἐλάττω τὸ πρῶτον νεμόμενοι, Λατίνους ἐκράτησαν,
Σαβίνους ἐνίκησαν, Τυρσηνοὺς Οὐόλσκους Ὀπικοὺς Λευκανοὺς Σαυνίτας
ἐχειρώσαντο, πᾶσαν ἑνὶ λόγῳ τὴν ἐντὸς τῶν Ἄλπεων γῆν κατεστρέψαντο,
πάντας τοὺς ἀλλοφύλους τοὺς ἐπελθόντας σφίσιν ἀπεώσαντο,
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Traduction française :
[38,37] Ce n'est pas à vous, mes camarades et mes amis ici
présents, que ces reproches s'adressent : vous n'ignorez
pas les vérités que je viens d'énoncer, et vous n'avez pas
besoin de les apprendre ; vous ne les négligez pas, et il
n'est pas nécessaire de vous engager à les mettre en
pratique. Mais, informé que quelques soldats disent
partout que nous avons entrepris une guerre illégitime,
et qu'ils poussent leurs compagnons à la révolte, j'ai
voulu vous faire entendre ces paroles, pour qu'elles
raffermissent votre dévouement à la patrie et pour que
vous rappeliez aux soldats ce que le devoir leur
commande. Souvent répétées par vous dans des
entretiens particuliers, elles leur seront plus utiles que
s'ils ne les recueillaient qu'une fois de ma bouche.
Dites-leur donc que ce n'est pas en restant chez eux, en
craignant de se mettre en campagne, en fuyant les guerres,
en recherchant l'oisiveté, que nos pères ont rendu la République
si grande ; mais en prenant courageusement et sans hésiter
les résolutions convenables, en supportant avec ardeur toutes les
fatigues pour exécuter ce qu'ils avaient décidé, en mettant
leur fortune en jeu comme un bien qui ne leur appartenait pas,
en marchant résolument à la conquête des possessions de leurs
voisins, comme si c'eût été leur propre bien, en plaçant le bonheur
dans l'accomplissement du devoir, en ne voyant le malheur
que dans l'inaction, même au sein de tous les biens.
Par une telle conduite, nos ancêtres, très peu nombreux dans
les premiers temps et renfermés d'abord dans une ville
telle qu'il n'y en avait pas de plus petite, triomphèrent
des Latins, vainquirent les Samnites, soumirent les
Étrusques, les Volsques, les Opiques, les Lucaniens, les
Samnites, firent en peu de temps la conquête de tous les
pays situés en deçà des Alpes, et repoussèrent tous les
étrangers qui avaient envahi leur territoire.
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