Texte grec :
[38,24] τὸ δ´ αὐτὸ τοῦτο καὶ περὶ τὴν φυγὴν ἔγωγε ὁρῶ ὄν. ἀποδημία γάρ τις
ἄτιμός ἐστιν, ὥστ´ εἴπερ αὐτὴ καθ´ αὑτὴν ἡ ἀτιμία μηδεμίαν κακίαν ἔχει,
οὐδὲ τῇ φυγῇ δήπου προστρίψασθαί τι κακὸν δύναται, ἐπεὶ τήν γε ἄλλως
συχνοὶ πλεῖστον ὅσον χρόνον οἱ μὲν ἄκοντες οἱ δὲ καὶ ἑκόντες ἀποδημοῦσι,
καί τινες καὶ πάντα τὸν βίον καταναλίσκουσι περινοστοῦντες,
ὥσπερ ἀεὶ πανταχόθεν ἐξελαυνόμενοι, καὶ οὐδὲν μέντοι παρὰ
τοῦτο βλάπτεσθαι νομίζουσιν. οὐ μὴν οὐδὲ διαφέρει τι ἑκούσιόν
τινα ἢ μὴ τοῦτο ποιεῖν· οὐδὲ γὰρ οὐδ´ ὁ ἄκων σωμασκῶν ἧττόν
τι ἔρρωται τοῦ ἐθελοντὶ αὐτὸ δρῶντος, οὐδ´ ὁ ἄκων ναυτιλλόμενος
ἥττω τινὰ ὠφελίαν τοῦ ἑτέρου κτᾶται. καὶ αὐτό γε τοῦτο τὸ
ἀκούσιον οὐχ ὁρῶ δυνάμενον ἀνδρὶ φρονίμῳ συμβῆναι. ὥστ´ εἴπερ
ἐν τούτῳ τὸ διάφορον τοῦ τε εὖ καὶ τοῦ κακῶς πράττειν ἐστὶν
ὅτι τὰ μὲν ἐθελονταὶ ἑτοίμως τὰ δ´ ἄκοντες χαλεπῶς ποιοῦμεν, εὐθεράπευτον·
ἐὰν γάρ τοι πάντα τὰ ἀναγκαῖα ἑκούσιοι ὑπομένωμεν
καὶ πρὸς μηδὲν αὐτῶν ἡττώμεθα, συνανῄρηται πάντα κἀκεῖνα, ὅσα
ἂν ἐν τῷ ἀκουσίῳ θῇ τις εἶναι.
καὶ γάρ που καὶ ἀρχαῖος λόγος καὶ μάλα εὖ ἔχων ἐστὶν ὅτι δεῖ ἡμᾶς
μὴ ὅσα ἂν βουλώμεθα ἀξιοῦν γίγνεσθαι, ἀλλ´ ὅσα ἂν ἔκ τινος ἀνάγκης
γίγνηται βούλεσθαι. οὔτε γὰρ αὐθαίρετον τὸν τοῦ βίου τρόπον ἔχομεν
οὔθ´ αὑτῶν ἐσμέν· ἀλλ´ ὅπως ἂν τῇ τύχῃ δόξῃ, καὶ ὁποῖος ἂν ἑκάστῳ
ἡμῶν δαίμων ἐκπληρωτὴς τοῦ τεταγμένου δοθῇ, τοιοῦτον ἀνάγκη
καὶ ἐκεῖνον ἡμᾶς ποιεῖσθαι.
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Traduction française :
[38,24] "A mon avis, il en est de même de l'exil, qui est une
sorte de voyage accompagné de dégradation si cette
dégradation n'est pas un mal par elle-même, elle ne
saurait attacher aucun mal a l'exil. D'ailleurs, beaucoup
d'hommes, les uns volontairement, les autres malgré
eux, voyagent la plus grande partie de leur vie : il en est
même qui la passent tout entière à courir de pays en
pays, comme s'ils étaient chassés de partout, et ils ne
croient pas que ce soit un mal : peu importe, qu'on
voyage volontairement ou non. L'homme qui exerce,
malgré lui, son corps n'acquiert pas moins de force que
celui qui l'exerce de son plein gré, et celui qui navigue
involontairement n'en retire pas moins de fruit que celui
qui navigue volontairement. Du reste, je ne vois pas
comment le sage pourrait être exposé à faire une chose
involontairement ; et si la différence entre le bonheur et
le malheur consiste en ce que nous faisons avec plaisir ce
que nous désirons, et avec peine ce qui est contraire à
notre volonté, le remède est facile. En effet, si nous
supportons sans nous plaindre les choses qui nous sont
imposées par la nécessité ; si elles ne peuvent nous
abattre, il ne doit plus être question de choses arrivant malgré nous.
Ainsi, d'après une ancienne maxime dictée par la sagesse,
nous ne devons point souhaiter que ce que nous désirons arrive,
mais vouloir ce qui arrive par une sorte de nécessité ;
car il ne nous est point donné de choisir telle ou telle condition,
et nous ne nous appartenons pas. Bien au contraire, nous devons
vivre comme il plaît à la fortune et comme l'a réglé le génie
préposé à la destinée de chacun de nous : or cette
destinée reste la même, que nous l'acceptions ou non."
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