Texte grec :
[38,20] ὁ οὖν Κικέρων ὑπολαβὼν ἔφη "ἀλλ´ οὐδὲν τῶν τοιούτων
ὄφελός ἐστιν, ὅταν του τὴν ψυχὴν λυπῇ τι καὶ δάκνῃ· πολλῷ
γὰρ πλεῖον αἱ ἐκείνης φροντίδες ταλαιπωροῦσί τινα ἢ αἱ τοῦ σώματος
εὐπάθειαι τέρπουσιν. ὥσπερ καὶ ἐγὼ νῦν οὐδὲν οὔτε τῆς
τοῦ σώματος ὑγιείας προτιμῶ, νοσῶν γε τὴν γνώμην, οὔτε τῆς
τῶν ἐπιτηδείων εὐπορίας· πολλῶν γὰρ ἀπεστέρημαι." καὶ ὅς "καὶ
τοῦτό σε" ἔφη "λυπεῖ; εἰ μὲν γὰρ ἐνδεήσεσθαι τῶν ἀναγκαίων
ἔμελλες, λόγον ἄν τινα εἶχεν ἄχθεσθαί σε τοῖς ἀπολωλόσιν· εἰ δὲ
ἔκπλεά σοι πάντα τὰ ἐπιτήδεια ὑπάρχει, τί ἀνιᾷ ὅτι μὴ καὶ πλείω
κέκτησαι; πᾶν γὰρ τὸ ὑπὲρ τὴν χρείαν τινὶ ὂν περιττόν ἐστι,
καὶ ἐν τῷ ἴσῳ καὶ παρὸν καὶ ἀπὸν καθέστηκεν, ἐπεί τοι καὶ πρότερον
οὐδὲν δήπου τοῖς μὴ ἀναγκαίοις ἐχρῶ, ὥστε καὶ τότε μὴ
εἶναι ὧν μὴ ἔχρῃζες ἢ καὶ νῦν εἶναι ὧν μὴ δέῃ νόμιζε. καὶ γὰρ
οὐδὲ πατρῷά σοι τὰ πολλὰ αὐτῶν γέγονεν, ὥστε σε σπουδὴν ἰδιωτέραν
περὶ αὐτὰ ποιεῖσθαι, ἀλλὰ ὑπό τε τῆς γλώττης καὶ ὑπὸ τῶν
λόγων σου πεπόρισται, δι´ οὓς καὶ ἀπόλωλεν. οὔκουν ἀγανακτεῖν
προσήκει εἰ καθάπερ ἐκτήθη τινά, οὕτω καὶ ἀπεβλήθη. οὐδὲ γὰρ
οὐδ´ οἱ ναύκληροι πάνυ χαλεπῶς φέρουσι πολλὰ ζημιούμενοι· λογίζεσθαι
γάρ, οἶμαι, φρονίμως ἐπίστανται ὅτι ἡ θάλαττα ἡ διδοῦσά
σφισιν αὐτὰ καὶ ἀφαιρεῖται.
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Traduction française :
[38,20] "Tout cela, reprit Cicéron, n'est d'aucune utilité pour
l'homme, si quelque chagrin afflige et ronge son âme ;
car les douleurs de l'âme font beaucoup plus de mal que
les jouissances corporelles ne procurent de plaisir. Ainsi,
à cause de mes souffrances morales, je ne fais maintenant
aucun cas du bon état de mon corps ; et je ne prise point
la possession de ce qui est nécessaire à la vie, parce que
j'ai éprouvé beaucoup de pertes. - "Est-ce là ce qui te
chagrine ? répliqua Philiscus. Si tu devais un jour
manquer du nécessaire, tu pourrais à bon droit t'affliger
de ces pertes ; mais puisque tu as abondamment tout ce
dont tu as besoin, pourquoi te chagriner ? Est-ce parce
que tu ne possèdes pas davantage ? Mais ce qu'on a en
sus du nécessaire est superflu : qu'on l'ait ou non, c'est
tout un ; et puisque tu ne faisais auparavant aucun usage
de ce qui ne t'était pas nécessaire, figure-toi que tu ne
possédais pas alors ce dont tu ne te servais pas, ou que
tu possèdes aujourd'hui ce dont tu n'as pas besoin. La
plupart de ces biens n'étaient pas un héritage reçu de tes
pères et auquel tu dusses, pour cette raison, attacher plus
de prix : tu les avais acquis par ta langue et par tes
discours, qui ont causé leur perte. Tu ne dois donc pas te
plaindre de les avoir perdus, comme tu les avais gagnés.
C'est ainsi que les armateurs ne se laissent pas abattre
par de grandes pertes ; ils ont assez de raison pour se
dire : la mer nous avait donné ces richesses, la mer nous les ravit."
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