Texte grec :
[38,13] ὁ οὖν Κλώδιος ἐλπίσας αὐτὸν διὰ ταῦτα, ἂν τήν τε βουλὴν
καὶ τοὺς ἱππέας τόν τε ὅμιλον προπαρασκευάσηται, ταχὺ κατεργάσεσθαι,
τόν τε σῖτον προῖκα αὖθις διένειμε (τὸ γὰρ μετρεῖσθαι τοῖς
ἀπόροις, τοῦ τε Γαβινίου ἤδη καὶ τοῦ Πίσωνος ὑπατευόντων, ἐσηγήσατο)
καὶ τὰ ἑταιρικά, κολλήγια ἐπιχωρίως καλούμενα, ὄντα μὲν ἐκ
τοῦ ἀρχαίου καταλυθέντα δὲ χρόνον τινά, ἀνενεώσατο· τοῖς τε
τιμηταῖς ἀπηγόρευσε μήτ´ ἀπαλείφειν ἔκ τινος τέλους μήτ´ ἀτιμάζειν
μηδένα, χωρὶς ἢ εἴ τις παρ´ ἀμφοτέροις σφίσι κριθεὶς ἁλοίη.
τούτοις οὖν αὐτοὺς δελεάσας καὶ ἕτερόν τινα νόμον ἔγραψε, περὶ
οὗ διὰ πλειόνων ἀναγκαῖόν ἐστιν εἰπεῖν, ὅπως σαφέστερος τοῖς πολλοῖς
γένηται. τῆς γὰρ μαντείας τῆς δημοσίας ἔκ τε τοῦ οὐρανοῦ
καὶ ἐξ ἄλλων τινῶν, ὥσπερ εἶπον, ποιουμένης, τὸ μέγιστον κῦρος
ἡ ἐκ τοῦ οὐρανοῦ εἶχεν, οὕτως ὥστε τὰ μὲν ἄλλα οἰωνίσματα πολλὰ
καὶ καθ´ ἑκάστην πρᾶξιν, ἐκεῖνο δὲ ἐσάπαξ ἐπὶ πάσῃ τῇ ἡμέρᾳ
γίγνεσθαι. τοῦτό τε οὖν ἰδιώτατον ἐν αὐτῷ ἦν, καὶ ὅτι ἐπὶ μὲν
τῶν ἄλλων ἁπάντων ἢ ἐπέτρεπε πραχθῆναί τινα, καὶ ἐγίγνετο μηδενὸς
ἔτι καθ´ ἕκαστον οἰωνίσματος ἐπαγομένου, ἢ ἐκώλυε, καὶ
ἀνεχειρίζετό τι, τὰς δὲ δὴ τοῦ δήμου διαψηφίσεις πάντως ἐπῖσχεν,
καὶ ἦν πρὸς αὐτὰς ἀεὶ διοσημία, εἴτε ἐναίσιον εἴτε ἐξαίσιον ἐγένετο.
καὶ τὸ μὲν αἴτιον τῆς νομίσεως ταύτης οὐκ ἔχω φράσαι, γράφω
δὲ τὰ λεγόμενα. ἐπεὶ οὖν πολλοὶ ἐμποδίζειν ἢ νόμων ἐσφορὰς ἢ
ἀρχόντων καταστάσεις ἐς τὸν δῆμον ἐσαγομένας βουλόμενοι προεπήγγελλον
ὡς καὶ ἐκ τοῦ οὐρανοῦ τὴν ἡμέραν ἐκείνην μαντευσόμενοι,
ὥστε μηδεμίαν ἐν αὐτῇ κύρωσιν τὸν δῆμον σχεῖν, φοβηθεὶς ὁ
Κλώδιος μὴ γραψαμένου αὐτοῦ τὸν Κικέρωνα ἀναβολήν τέ τινες
ἐκ τοῦ τοιούτου καὶ τριβὴν τῇ δίκῃ ἐμποιήσωσιν, ἐσήνεγκε μηδένα
τῶν ἀρχόντων ἐν ταῖς ἡμέραις ἐν αἷς ψηφίσασθαί τι τὸν δῆμον
ἀναγκαῖον εἴη, τὰ ἐκ τοῦ οὐρανοῦ γιγνόμενα παρατηρεῖν.
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Traduction française :
[38,13] Clodius, espérant venir bientôt à bout de Cicéron,
s'il gagnait d'abord le sénat, les chevaliers et le peuple,
demanda de nouveau qu'on fît des distributions de blé
gratuites (il avait proposé, Gabinius et Pison étant déjà
consuls, de donner du blé aux pauvres). Il rétablit les
associations, appelées collèges dans la langue latine, et
dont l'institution était ancienne, mais qui avaient été
dissoutes pendant quelque temps. Il défendit aux
censeurs de faire disparaître un citoyen de la liste des
magistrats, ou de le noter d'infamie ; à moins qu'il n'eût
été jugé et condamné par les deux censeurs. Après avoir
séduit le peuple par ces propositions, il en fit une autre
dont je dois parler en détail, afin qu'elle soit mieux
comprise par tous les lecteurs. A Rome, les présages
publics se tiraient du ciel et de plusieurs autres choses,
comme je l'ai dit ; mais les plus puissants étaient ceux
qui se tiraient du ciel : ainsi, tandis que les autres
pouvaient être pris plusieurs fois et pour chaque
entreprise, ceux qu'on tirait du ciel n'étaient pris qu'une
seule fois par jour. Ce qui les distinguait principalement,
c'est que, pour tout le reste, s'ils autorisaient certaines
choses, elles se faisaient sans qu'il fût nécessaire de
prendre les auspices pour chacune en particulier, et s'ils
les interdisaient, on ne les faisait pas. Mais ils
empêchaient d'une manière absolue le peuple d'aller aux
voix ; car, par rapport au vote dans les comices, ces
présages étaient toujours regardés comme une
prohibition céleste, qu'ils fussent favorables ou non. Je ne
saurais faire connaître l'origine de cette institution : je me
borne à raconter ce que j'entends dire. Comme, dans
maintes circonstances, ceux qui voulaient s'opposer à
l'adoption de certaines propositions, ou à l'établissement
de certaines magistratures, annonçaient d'avance qu'ils
observeraient le ciel tel jour, de sorte que le peuple ne
pouvait rien décréter ce jour-là ; Clodius, craignant qu'on
n'eût recours à ce moyen pour obtenir un délai et pour
faire ajourner le jugement, lorsqu'il aurait mis Cicéron en
accusation, proposa une loi portant qu'aucun magistrat
n'observerait le ciel, le jour où le peuple aurait une
question à décider par ses suffrages.
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