Texte grec :
[38,5] ὅ τε οὖν Πομπήιος μάλα ἀσμένως "οὐκ ἐγώ" ἔφη "μόνος, ὦ Κυιρῖται,
τὰ γεγραμμένα δοκιμάζω, ἀλλὰ καὶ ἡ ἄλλη βουλὴ πᾶσα, δι´ ὧν
οὐχ ὅτι τοῖς μετ´ ἐμοῦ ἀλλὰ καὶ τοῖς μετὰ τοῦ Μετέλλου συστρατευσαμένοις
ποτὲ γῆν δοθῆναι ἐψηφίσατο. τότε μὲν οὖν (οὐ γὰρ
ηὐπόρει τὸ δημόσιον) εἰκότως ἡ δόσις αὐτῆς ἀνεβλήθη· ἐν δὲ δὴ
τῷ παρόντι (παμπλούσιον γὰρ ὑπ´ ἐμοῦ γέγονε) προσήκει καὶ ἐκείνοις
τὴν ὑπόσχεσιν καὶ τοῖς ἄλλοις τὴν ἐπικαρπίαν τῶν κοινῶν πόνων
ἀποδοθῆναι." ταῦτ´ εἰπὼν ἐπεξῆλθέ τε καθ´ ἕκαστον τῶν
γεγραμμένων, καὶ πάντα αὐτὰ ἐπῄνεσεν, ὥστε τὸν ὅμιλον ἰσχυρῶς
ἡσθῆναι. ὁ οὖν Καῖσαρ ἰδὼν τοῦτο ἐκεῖνόν τε ἐπήρετο εἰ βοηθήσοι
οἱ προθύμως ἐπὶ τοὺς τἀναντία σφίσι πράττοντας, καὶ τῷ πλήθει
παρῄνεσε προσδεηθῆναι πρὸς τοῦτο αὐτοῦ. γενομένου δὲ τούτου
ἐπαρθεὶς ὁ Πομπήιος, ὅτι τῆς παρ´ ἑαυτοῦ ἐπικουρίας, καίπερ
μηδεμίαν ἡγεμονίαν ἔχοντος, καὶ ὁ ὕπατος καὶ ὁ ὅμιλος ἔχρῃζεν,
ἄλλα τε πολλὰ ἀνατιμῶν τε καὶ ἀποσεμνύνων ἑαυτὸν διελέξατο, καὶ
τέλος εἶπεν ὅτι, ἄν τις τολμήσῃ ξίφος ἀνελέσθαι, καὶ ἐγὼ τὴν
ἀσπίδα ἀναλήψομαι. ταῦθ´ οὕτως ὑπὸ τοῦ Πομπηίου λεχθέντα
καὶ Κράσσος ἐπῄνεσεν. ὥστ´ εἰ καί τισι τῶν ἄλλων μὴ ἤρεσκεν,
- - - οι ἄλλως τε ἄνδρες ἀγαθοὶ νομιζόμενοι καὶ πρὸς τὸν Καίσαρα
ἐχθρῶς, ὥς γε καὶ ἐδόκουν σφίσιν, ἔχοντες (οὐ γάρ πω ἡ καταλλαγὴ
αὐτῶν ἔκδηλος ἦν) συνῄνουν οἷς ἐγεγράφει, πρόθυμοι πρὸς
τὴν τοῦ νόμου κύρωσιν ἐγένοντο.
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Traduction française :
[38,5] Pompée saisit avec bonheur cette occasion de parler :
"Romains, dit-il, je ne suis pas le seul qui approuve cette
loi : le sénat tout entier l'a approuvée, le jour où il a
ordonné une distribution de terres non seulement pour
mes compagnons d'armes, mais aussi pour les soldats
qui ont fait la guerre avec Métellus. Cette distribution fut
alors différée avec raison, parce que le trésor public
n'était pas riche ; mais aujourd'hui il est rempli, grâce à
moi. Je crois donc juste que l'on exécute la promesse faite
à ces soldats et que les autres citoyens recueillent le fruit
des fatigues supportées en commun." Après ces paroles,
il parcourut une à une les dispositions de la loi et les
approuva toutes, à la grande satisfaction du peuple.
César profita de ce moment pour demander à Pompée
s'il le soutiendrait avec zèle contre les adversaires de la
loi : en même temps il invita la multitude à solliciter son
appui, ce qu'elle fit aussitôt. Pompée, fier de ce que le
consul et le peuple invoquaient son assistance, quoiqu'il
n'exerçât aucune charge, fit son éloge dans les termes les
plus pompeux et finit en disant : "Si quelqu'un osait tirer
le glaive, moi, je prendrais le bouclier." Ces paroles
hardies furent bien accueillies même par Crassus. Dès
lors ceux qui n'étaient pas favorables à la loi se
montrèrent disposés à l'adopter, puisqu'elle était
soutenue par des hommes qui jouissaient de l'estime
publique et que l'on regardait comme les ennemis de
César ; car leur réconciliation n'était pas encore connue.
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