HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre XXXVIII

Chapitre 16-17

  Chapitre 16-17

[38,16] τούτοις τε οὖν τοῖς λογισμοῖς κρατήσειν ἐλπίσας (καὶ γὰρ ἐθάρσει παρὰ λόγον ὥσπερ ἀνεξετάστως ἐδεδίει), καὶ φοβηθεὶς μὴ καὶ ἐκ πονηροῦ συνειδότος τὴν ἀποδημίαν πεποιῆσθαι δόξῃ, τῷ μὲν Καίσαρι χάριν δή τινα ἔχειν ἔλεγε, τῷ δὲ δὴ Πομπηίῳ ἐπείσθη. καὶ μὲν οὕτως ἀπατηθεὶς παρεσκευάζετο ὡς καὶ πολὺ τῶν ἐχθρῶν ὑπεροίσων. πρὸς γὰρ δὴ τοῖς εἰρημένοις, οἵ τε ἱππῆς συνελθόντες ἐς τὸ Καπιτώλιον πρέσβεις ὑπὲρ αὐτοῦ πρός τε τοὺς ὑπάτους καὶ τὴν γερουσίαν, ἄλλους τέ τινας ἐκ σφῶν καὶ βουλευτὰς τόν τε Ὁρτήσιον τὸν Κύιντον καὶ Γάιον Κουρίωνα, ἔπεμψαν· καὶ Νίννιος τά τε ἄλλα αὐτῷ συνῄρετο, καὶ τὴν ἐσθῆτα τῷ πλήθει ὡς καὶ ἐπί τινι κοινῇ συμφορᾷ μεταβαλεῖν παρῄνεσε. καὶ πολλοὶ τοῦτο καὶ τῶν βουλευτῶν - - -, καὶ οὐ πρότερόν γε μετεβάλοντο πρὶν τοὺς ὑπάτους σφίσι διὰ προγραφῆς ἐπιτιμῆσαι. ἀλλ´ ἦν γὰρ τὰ τῶν ἀντιστασιωτῶν αὐτοῦ δυνατώτερα, οὔτε Κλώδιος χρηματίσασθαί τι ὑπὲρ αὐτοῦ τῷ Νιννίῳ ἐπέτρεψεν, οὔτε Γαβίνιος τὴν πρόσοδον τοῖς ἱππεῦσιν ἐς τὴν βουλὴν ἔδωκεν, ἀλλὰ καὶ ἕνα τινὰ αὐτῶν, ὡς πολὺς ἐνέκειτο, καὶ ἐκ τῆς πόλεως ἐξήλασε, τῷ τε Ὁρτησίῳ καὶ τῷ Κουρίωνι, ὅτι καὶ ἀθροισθεῖσί σφισι συνεγένοντο καὶ τὴν πρεσβείαν ὑπέστησαν, ἐπεκάλει. καὶ αὐτοὺς Κλώδιος ἐς τὸ πλῆθος ἐσαγαγὼν πληγαῖς ἐπὶ τῇ πρεσβείᾳ διά τινων προπαρεσκευασμένων συνέκοψε. καὶ μετὰ ταῦτα τε Πίσων, καίπερ εὐνοϊκῶς τῷ Κικέρωνι δοκῶν ἔχειν, καὶ συμβουλεύσας γε αὐτῷ, ὡς ἑώρα ἀδύνατον ὂν ἄλλως αὐτὸν σωθῆναι, προϋπεξέχειν, ὅμως ἐπειδὴ διὰ τοῦτο ἐκεῖνος ὠργίσθη, παρῆλθεν ἐς τὴν ἐκκλησίαν ὅτε πρῶτον ἠδυνήθη (τὰ γὰρ πολλὰ ἠρρώστει), καὶ πυθομένου τοῦ Κλωδίου τίνα γνώμην περὶ τῶν γεγραμμένων ἔχοι, εἶπεν ὅτι οὐδέν μοι οὔτ´ ὠμὸν οὔτε σκυθρωπὸν ἔργον ἀρέσκει· καὶ Γαβίνιος ἐρωτηθεὶς τὸ αὐτὸ τοῦτο οὐχ ὅπως ἐκεῖνον ἐπῄνεσεν, ἀλλὰ καὶ τῶν ἱππέων τῆς τε βουλῆς προσκατηγόρησεν. [38,16] Plein de ces pensées, Cicéron croyait avoir le dessus ; car il se livrait inconsidérément à la confiance, comme il tremblait sans réflexion. De plus, craignant de paraître avoir cédé à un remords, s’il quittait Rome, il dit qu'il remerciait César de ses conseils ; mais il suivit ceux de Pompée. Ainsi trompé, il agit comme s'il avait été certain de l'emporter sur ses ennemis. Outre ce que je viens de raconter, les chevaliers se rassemblèrent dans le Capitole et députèrent aux consuls et au sénat, en faveur de Cicéron, plusieurs membres de leur ordre et les sénateurs Q. Hortensius et C. Curius Ninnius, qui en toute occasion se montrait dévoué à Cicéron, engagea le peuple à prendre le deuil, comme dans les calamités publiques : plusieurs sénateurs le prirent eux mêmes et ne le quittèrent que lorsque les consuls les eurent blâmés par un édit, qui défendait de le porter. Cependant les ennemis de Cicéron avaient le dessus : Clodius ne permit pas à Ninnius de s'occuper de ses intérêts auprès du peuple, et Gabinius n'accorda pas aux chevaliers l'accès du sénat. Un chevalier ayant vivement insisté pour l'obtenir, Gabinius le chassa de Rome : quant à Hortensius et à Curion, il les mit en accusation pour s'être trouvés dans la réunion des chevaliers et pour avoir consenti à être leurs députés. Clodius les traduisit devant le peuple et les punit de cette ambassade, en les faisant battre de verges par des hommes postés à cette fin. Ensuite Pison, qui paraissait dévoué à Cicéron et qui l'avait engagé à se dérober à la mort par la fuite, parce qu'il n'y avait point d'autre moyen de salut, voyant que Cicéron était piqué à cause de ce conseil, se rendit dans l'assemblée du peuple, aussitôt que sa santé le lui permit (il était presque toujours malade). Clodius lui ayant demandé ce qu'il pensait de la loi, il répondit : "Aucun acte cruel, aucun acte inhumain n'a mon approbation." Gabinius, interrogé sur le même sujet, ne se contenta pas de ne point louer Cicéron : il accusa même les chevaliers et le sénat.
[38,17] μέντοι Καῖσαρ (ἔξω γὰρ τοῦ τείχους Κλώδιος δι´ αὐτόν, ἐπειδήπερ ἐξεστράτευτο, τὸν ὅμιλον συναγαγὼν καὶ ἐκεῖνον ἐπιγνώμονα τῶν γεγραμμένων ἐποιήσατο) τὴν μὲν {γὰρ} παρανομίαν τῶν περὶ τὸν Λέντουλον πραχθέντων κατεψηφίσατο, τὴν μέντοι τιμωρίαν τὴν ἐπ´ αὐτοῖς γραφομένην οὐκ ἐδοκίμασεν· ὅσα μὲν γὰρ περὶ τῶν τότε γενομένων ἐφρόνησε, πάντας εἰδέναι ἔφη (τὴν γὰρ σώζουσάν σφας ψῆφον δεδωκὼς ἦν), οὐ μὴν καὶ προσήκειν ἐπὶ τοῖς παρεληλυθόσι τοιοῦτόν τινα νόμον συγγράφεσθαι. Καῖσαρ μὲν ταῦτ´ εἶπε, Κράσσος δὲ διὰ μὲν τοῦ υἱέος βοήθειάν τινα τῷ Κικέρωνι ἐνεδείκνυτο, αὐτὸς δὲ τὰ τοῦ πλήθους ἔπρασσε. καὶ Πομπήιος ὑπισχνεῖτο μὲν αὐτῷ τὴν ἐπικουρίαν, σκήψεις δέ τινας ἄλλοτε ἄλλας ποιούμενος καὶ ἀποδημίας συχνὰς ἐπίτηδες στελλόμενος οὐκ ἐπήμυνε. ἰδὼν οὖν ταῦθ´ Κικέρων καὶ φοβηθεὶς αὖθις ἐπεχείρησε μὲν ὅπλα ἄρασθαι (τά τε γὰρ ἄλλα καὶ τὸν Πομπήιον φανερῶς προεπηλάκιζε), κωλυθεὶς δὲ ὑπό τε τοῦ Κάτωνος καὶ τοῦ Ὁρτησίου, μὴ καὶ ἐμφύλιος ἐκ τούτου πόλεμος γένηται, τότε δὴ καὶ ἄκων μετά τε αἰσχύνης καὶ μετὰ κακοδοξίας, ὡς καὶ ἐκ τοῦ συνειδότος ἐθελοντὴς πεφευγώς, μετέστη. πρὶν δὲ δὴ ἀφορμῆσαι, ἔς τε τὸ Καπιτώλιον ἀνέβη καὶ ἀγαλμάτιόν τι Ἀθηνᾶς ἀνέθηκε, Φυλακίδα αὐτὴν ὀνομάσας. ὑπεξῆλθε δὲ ἐς Σικελίαν· προστάτης τε γὰρ αὐτῶν ἐγεγόνει, καὶ ἐλπίδα πολλὴν ἔν τε τοῖς δήμοις καὶ ἐν τοῖς ἰδιώταις τῷ τε ἄρχοντι αὐτῶν εἶχε τιμηθήσεσθαι. φυγόντος δ´ αὐτοῦ νόμος τὸ κῦρος, οὐχ ὅπως οὐκ ἐναντιωθέντος τινός, ἀλλὰ καὶ σπουδασάντων ἄλλων τε καὶ αὐτῶν ἐκείνων οἵπερ τὰ τοῦ Κικέρωνος ἀνὰ πρώτους πράττειν ἐδόκουν, ἐπειδήπερ ἅπαξ ἐκποδὼν ἐγεγόνει, ἔλαβε· καὶ τε οὐσία αὐτοῦ ἐδημεύθη, καὶ οἰκία ὥσπερ τινὸς πολεμίου κατεσκάφη, τό τε ἔδαφος αὐτῆς ἐς νεὼν Ἐλευθερίας ἀνέθηκαν. αὐτῷ τε ἐκείνῳ τε φυγὴ ἐπετιμήθη καὶ ἐν τῇ Σικελίᾳ διατριβὴ ἀπερρήθη· τρισχιλίους τε γὰρ καὶ ἑπτακοσίους καὶ πεντήκοντα σταδίους ὑπὲρ τὴν Ῥώμην ὑπερωρίσθη, καὶ προσεπεκηρύχθη ἵν´ εἰ δή ποτε ἐντὸς αὐτῶν φανείη, καὶ αὐτὸς καὶ οἱ ὑποδεξάμενοι αὐτὸν ἀνατὶ διόλωνται. [38,17] César étant déjà sorti de Rome avec son armée, Clodius, qui tenait à ce qu'il approuvât sa loi, convoqua à cause de lui l'assemblée du peuple hors des murs : César blâma comme illégales les mesures prises à l’égard de Lentulus ; mais il désapprouva la peine proposée à ce sujet. Il ajouta que son opinion sur cette affaire était connue de tous (il avait voté pour qu'on laissât la vie aux conjurés) ; mais qu'il ne convenait pas de porter une pareille loi sur des faits qui appartenaient au passé : ainsi parla César. Quant à Crassus, il chargea son fils de prêter quelque assistance à Cicéron ; mais personnellement il soutenait la cause populaire. Enfin Pompée, qui promettait son appui à Cicéron, allégua tantôt un prétexte tantôt un autre, fit à dessein plusieurs voyages et ne lui vint pas en aide. Dans cette position Cicéron, craignant pour sa sûreté, résolut de prendre encore une fois les armes (il insultait même Pompée publiquement). Caton et Hortensius l'en empêchèrent, de peur qu'il ne sortît de là une guerre civile. Cicéron s'éloigna alors de Rome, malgré lui, au détriment de son honneur et de sa réputation ; comme si quelque remords l'eût déterminé à s'exiler volontairement. Avant de partir, il monta au Capitole et y déposa, comme offrande, une petite statue de Minerve à laquelle il donna le surnom de Conservatrice. Il se dirigea vers la Sicile dont il avait été gouverneur, espérant être entouré d'égards dans toutes les cités de cette île, par les particuliers et par le, préteur lui-même. A peine eut-il quitté Rome, que la loi fut rendue sans opposition et même avec le concours empressé d'un grand nombre de citoyens : ceux qu'on regardait comme les meilleurs amis de Cicéron la soutinrent chaleureusement, dès qu'il se fut éloigné. On confisqua ses biens, on rasa sa maison, comme celle d'un ennemi, et on consacra la place qu'elle occupait à un temple de la Liberté. L'exil fut prononcé contre lui et le séjour de la Sicile lui fut interdit : on le relégua à une distance de trois mille sept cent cinquante stades, et un décret déclara que, s'il se montrait en deçà de cette limite, lui et ceux qui l'auraient reçu pourraient être tués impunément.


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Dernière mise à jour : 19/05/2006