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[38,44] ὥσθ´ ὅσῳ τις ἂν αὐτὸν ἔν τε τοῖς φίλοις καὶ ἐν τοῖς συμμάχοις
ἡμῶν ἀναγεγράφθαι φήσῃ, τοσούτῳ μᾶλλον ἀξιομίσητον ὄντα ἀποδείξει.
διὰ τί; ὅτι οἷα μηδὲ τῶν ἐχθίστων τις ὁμολογούντων ἡμῖν
εἶναι ἐτόλμησέ ποτε ποιῆσαι, ταῦτ´ ἐκεῖνος ἔν τε τοῖς τῆς φιλίας
καὶ ἐν τοῖς τῆς συμμαχίας ὀνόμασιν ἐξείργασται, καθάπερ ἐπ´ αὐτὸ
τοῦτο πεποιημένος αὐτάς, ἵν´ ἡμᾶς ἀδικεῖν ἀδεῶς ἔχῃ. ἀλλ´ οὔτε
τότε ἐπὶ τῷ προπηλακίζεσθαι καὶ ἐπιβουλεύεσθαι ἐσπεισάμεθα
αὐτῷ, οὔτε νῦν αὐτοὶ τὰς σπονδὰς λύσομεν· ἡμεῖς μὲν γὰρ ὡς
πρὸς φίλον καὶ σύμμαχον ἔτ´ αὐτὸν ὄντα ἐπρεσβευσάμεθα, ὁ δ´
ὁρᾶτε ὅπως ἡμῖν κέχρηται. ὥσπερ οὖν ἡνίκα εὐεργετεῖν τε ἡμᾶς
ἐβούλετο κἀντ´ εὖ πάσχειν ἠξίου, δικαίως ἐκείνων ἐτύγχανεν, οὕτω
καὶ νῦν, ἐπειδὴ τἀναντία αὐτῶν πάντα ποιεῖ, δικαιότατα ἂν ἐν
ἐχθροῦ μέρει νομισθείη. καὶ μὴ θαυμάσητε εἰ αὐτὸς ἐγὼ πρότερόν
ποτε καὶ ἐν τῇ βουλῇ καὶ ἐν τῷ δήμῳ χρηματίσας τινὰ
ὑπὲρ αὐτοῦ, εἶτα ταυτὶ νυνὶ λέγω. ἐγὼ μὲν γὰρ καὶ τότε καὶ
νῦν τὴν αὐτὴν γνώμην ἔχω καὶ οὐ μεταβάλλομαι. τίς δέ ἐστιν
αὕτη; τοὺς μὲν ἀγαθοὺς καὶ πιστοὺς καὶ τιμᾶν καὶ ἀμείβεσθαι,
τοὺς δὲ κακοὺς καὶ ἀπίστους καὶ ἀτιμάζειν καὶ ἀμύνεσθαι. ἐκεῖνος
δέ ἐστιν ὁ μεταβαλλόμενος, ὁ μήτε καλῶς μήτε δεόντως τοῖς δοθεῖσιν
αὐτῷ παρ´ ἡμῶν χρώμενος.
| [38,44] Ainsi, plus on insistera sur ce qu'il est au nombre de
nos amis et de nos alliés, plus on prouvera qu'il mérite
notre haine. Pourquoi ? Parce qu'avec ce nom d'ami et
d'allié, il a fait ce que n'osèrent jamais faire ceux qui se
disent ouvertement nos ennemis les plus acharnés : il
semble n'avoir contracté paix et alliance avec nous que
pour nous nuire impunément. Mais, à l'époque où nous
traitâmes avec lui, ce ne fut pas pour être en butte à ses
insultes et à ses embûches, et aujourd'hui ce n'est pas
nous qui romprons l'alliance ; car nous lui avons envoyé
une députation comme à un homme qui était encore
notre ami et notre allié, et vous voyez comment il a agi
envers nous. Aussi, de même qu'il obtint justement notre
amitié et notre alliance, lorsqu'il aspira à bien mériter de
nous et à recevoir en retour quelque avantage, de même
maintenant qu'il agit tout autrement, doit-il être traité
comme un ennemi. Et ne vous étonnez pas, si je tiens
aujourd'hui ce langage, moi qui parlai autrefois en sa
faveur dans le sénat et devant le peuple. J'obéissais alors
au sentiment qui m'inspire encore en ce moment ; car je
ne change point. Ce sentiment, quel est-il ? Qu'il faut
honorer et récompenser les hommes vertueux et fidèles,
noter d'infamie et punir les méchants et les perfides.
C'est Arioviste qui change, lui qui ne fait pas un bon et
convenable usage de ce que nous lui avons donné.
| [38,45] ὥσθ´ ὅτι μὲν δικαιότατα ἂν αὐτῷ πολεμήσαιμεν, οὐδένα
ἀμφισβητήσειν οἴομαι· ὅτι δὲ οὔτε ἄμαχος οὔτε δυσπολέμητός ἐστιν,
ὁρᾶτε μὲν καὶ ἐκ τῶν ἄλλων τῶν ὁμοφύλων αὐτῷ, οὓς πολλάκις
μὲν καὶ πρότερον, ῥᾷστα δὲ καὶ νῦν ἐνικήσαμεν, λογίζεσθε δὲ καὶ
ἐξ ὧν περὶ αὐτοῦ ἐκείνου πυνθανόμεθα. οὔτε γὰρ ἄλλως δύναμίν
τινα οἰκείαν συνεστηκυῖαν καὶ συγκεκροτημένην ἔχει· νῦν τε, ἅτε
μηδὲν δεινὸν προσδοκῶν, καὶ παντελῶς ἀπαράσκευός ἐστιν. οὐ τοίνυν
οὐδὲ ἐκ τῶν ὁμοχώρων ἄν τις αὐτῷ προθύμως, οὐδ´ εἰ πάνυ
ἐπαγγέλλεται, βοηθήσειε· τίς μὲν γὰρ ἂν ἕλοιτο ἐκείνῳ συμμαχήσας
πολεμῆσαι ἡμῖν, μηδὲν ὑφ´ ἡμῶν λελυπημένος; πῶς δ´ οὐκ ἂν
μᾶλλον ἡμῖν πάντες ἢ ἐκείνῳ συναράμενοι τήν τε τυραννίδα αὐτοῦ
ὅμορόν σφισιν οὖσαν καταλῦσαι καὶ τῆς χώρας μέρος τι παρ´ ἡμῶν
προσλαβεῖν ἐθελήσειαν; εἰ δὲ δὴ καὶ συσταῖέν τινες, οὔτι γε καὶ
κρείττους ἂν ἡμῶν γένοιντο. ἵνα γὰρ τἆλλα ἐάσω, τὸ πλῆθος ἡμῶν,
τὴν ἡλικίαν, τὴν ἐμπειρίαν, τὰ ἔργα, ἐκεῖνό γε τίς οὐκ οἶδεν,
ὅτι ἡμεῖς μὲν κατὰ πᾶν ὁμοίως τὸ σῶμα ὡπλίσμεθα, ἐκεῖνοι δὲ δὴ
γυμνοὶ τὸ πλεῖστόν εἰσι, καὶ ἡμεῖς μὲν καὶ λογισμῷ καὶ τάξει χρώμεθα,
ἐκεῖνοι δὲ δὴ θυμῷ πρὸς πάντα ἀσύντακτοι φέρονται; μὴ γάρ τοι μήτε
τὴν ὁρμὴν αὐτῶν μήτε τὸ μέγεθος ἢ τῶν σωμάτων ἢ τῆς βοῆς φοβηθῆτε.
φωνή τε γὰρ οὐδένα πώποτε ἀνθρώπων ἀπέκτεινε, καὶ τὰ σώματα αὐτῶν
δρᾶν μὲν οὐδὲν πλέον, ἅτε τὰς αὐτὰς ἡμῖν χεῖρας ἔχοντα, πάσχειν δὲ
πολὺ πλείω, ἅτε καὶ μεγάλα καὶ γυμνὰ ὄντα, δυνήσεται· ἥ τε ὁρμὴ
ἄμετρος καὶ προπετὴς τὸ κατ´ ἀρχὰς οὖσα καὶ ἐκκενοῦται ῥᾳδίως
καὶ ἐπ´ ὀλίγον ἀνθεῖ.
| [38,45] Personne, je pense, ne contestera que nous n'ayons
pleinement le droit de lui faire la guerre.
Arioviste n'est ni invincible, ni même difficile à
combattre : vous le voyez par l’exemple des peuples de
la même race que nous avons maintes fois vaincus
auparavant, et tout récemment encore, sans la moindre
peine ; vous pouvez le conclure aussi de ce que nous
apprenons sur son compte. Outre qu' il n'a point d'armée
levée dans son pays, toujours réunie et toujours prête à
agir, il ne s'attendait pas à être attaqué en ce moment, et
il est pris tout à fait au dépourvu. Enfin aucun de ses
voisins ne s'empressera de le secourir, quelque belles
promesses qu'ils lui fassent. Qui voudrait, en effet,
devenir son allié et nous faire la guerre, sans avoir reçu
de nous aucun dommage ? Comment ne préféreraient-ils
pas tous notre alliance à la sienne, pour briser sa
tyrannie établie à leurs portes et recevoir de nos mains
quelque portion de son territoire ? Admettons que
quelques-uns se déclarent pour lui, ils ne sauraient avoir
l’avantage sur nous. Sans parler de notre grand nombre,
de notre âge, de notre expérience, de nos exploits,
qui ne sait que notre corps tout entier est couvert par nos armes ;
tandis que les Germains sont presque nus ? Nous combattons
avec un courage réfléchi et en bon ordre, eux, au contraire,
combattent en désordre et avec emportement. Ne craignez ni leur
fougue, ni leur haute stature, ni leurs horribles cris : les cris n'ont
jamais donné la mort à personne. Leurs corps ne peuvent pas faire
plus que les nôtres ; car ils n'ont que deux mains comme nous ;
mais ils seront plus exposés au danger ; parce qu'ils sont grands
et nus. Quant à leur ardeur, d'abord immodérée et aveugle,
elle s'épuise aisément et ne dure qu'un instant.
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