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[38,38] καὶ αὐτοὺς καὶ οἱ μετὰ ταῦτα Ῥωμαῖοι οἵ τε πατέρες
ἡμῶν ζηλώσαντες οὐκ ἠρκέσθησαν τοῖς παροῦσιν, οὐδ´ ἠγάπησαν
οἷς παρέλαβον, ἀλλ´ ὄλεθρον μὲν αὑτῶν σαφῆ τὴν ῥᾳστώνην σωτηρίαν
δὲ ἀκριβῆ τὴν ταλαιπωρίαν νομίσαντες εἶναι, καὶ φοβηθέντες
μὲν μὴ μείναντα αὐτὰ ἐφ´ ἑαυτὰ κατατριφθείη καὶ καταγηράσειεν,
αἰσχυνθέντες δὲ εἰ τοσαῦτα παραδεξάμενοι μηδὲν ἐπικτήσαιντο,
πολλῷ πλείω καὶ μείζω προσκατειργάσαντο. τί γὰρ ἄν τις
καθ´ ἕκαστον λέγοι τὴν Σαρδώ, τὴν Σικελίαν, τοὺς Μακεδόνας,
τοὺς Ἰλλυριούς, τὴν Ἑλλάδα, τὴν Ἀσίαν τὴν περὶ τὴν Ἰωνίαν, Βιθυνούς,
Ἴβηρας, Ἄφρους; καίτοι συχνὰ μὲν ἂν χρήματα ἔδοσαν
αὐτοῖς Καρχηδόνιοι ὥστε μὴ ἐκεῖσε ἐκπλεῦσαι, συχνὰ δὲ Φίλιππος
καὶ Περσεὺς ὥστε μὴ ἐπ´ αὐτοὺς στρατεῦσαι, πολλὰ Ἀντίοχος,
πολλὰ οἱ παῖδες αὐτοῦ καὶ ἔγγονοι ὥστε ἐπὶ τῆς Εὐρώπης καταμεῖναι.
ἀλλ´ οὔτε ἐκεῖνοι πρό τε τῆς δόξης καὶ πρὸ τοῦ μεγέθους
τῆς ἀρχῆς ἀργεῖν τε ἀκλεῶς καὶ πλουτεῖν ἀδεῶς εἵλοντο, οὔτ´ αὐτῶν
ἡμῶν οἱ πρεσβύτεροι οἱ καὶ νῦν ἔτ´ ὄντες, ἀλλ´ ἅτε εὖ εἰδότες
ὅτι διὰ {τε} τῶν αὐτῶν ἐπιτηδευμάτων καὶ κτᾶται τὰ ἀγαθὰ καὶ
σώζεται, πολλὰ μὲν ἐβεβαιώσαντο τῶν προϋπαρχόντων, πολλὰ δὲ
καὶ προσεκτήσαντο. τί γὰρ δεῖ κἀνταῦθα καθ´ ἕκαστον ἐπεξιέναι
τὴν Κρήτην, τὸν Πόντον, τὴν Κύπρον, τὴν Ἰβηρίαν τὴν Ἀσιανήν, τὴν
Ἀλβανίαν τὴν ἐκεῖ, Σύρους ἀμφοτέρους, Ἀρμενίους ἑκατέρους, Ἀραβίους,
Παλαιστίνους; ὧν οὐδὲ τὰ ὀνόματα πρότερον ἀκριβῶς εἰδότες
νῦν τῶν μὲν αὐτοὶ δεσπόζομεν, τὰ δὲ ἑτέροις ἐχαρισάμεθα,
ὥστε ἐξ αὐτῶν καὶ προσόδους καὶ δυνάμεις καὶ τιμὰς καὶ συμμαχίας
προσειληφέναι.
| [38,38] Les Romains, nés dans les temps qui suivirent
immédiatement ces exploits, et nos pères eux-mêmes,
jaloux d'égaler ces modèles, ne se contentèrent point de
ce qu'ils possédaient et ne se bornèrent pas à jouir de ce
qui leur avait été transmis en héritage. Regardant
l'inaction comme une cause évidente de ruine et les
fatigues comme un gage certain de salut, craignant que
leurs possessions, si elles restaient renfermées dans les
mêmes limites, ne se détériorassent et ne fussent
consumées par le temps, persuadés qu'il serait honteux
pour eux de ne rien ajouter aux vastes contrées qu'ils
avaient reçues de leurs ancêtres, ils en conquirent
d'autres beaucoup plus nombreuses et beaucoup plus
grandes. A quoi bon mentionner une à une la Sardaigne,
la Sicile, la Macédoine, l'Illyrie, la Grèce, l'Asie
limitrophe de l'Ionie, la Bithynie, l'Ibérie et l'Afrique ?
Les Carthaginois leur auraient cependant donné
beaucoup d'argent, pour ne point voir les vaisseaux
romains aborder dans leur pays ; Philippe et Persée ne
leur en auraient pas moins donné, pour qu'ils ne
tournassent pas leurs armes contre eux ; Antiochus, ses
fils et ses descendants les auraient comblés de richesses,
pour qu'ils ne franchissent point les limites de l'Europe ;
mais les Romains de ces temps ne préférèrent jamais à la
gloire et à la grandeur de l'empire un loisir obscur et une
opulence qu'aucune crainte n'aurait troublée : il en est de
même de ceux qui, plus figés que nous, sont encore au
nombre des vivants. Sachant que les moyens qui servent
à acquérir servent aussi à conserver, ils consolidèrent la
possession de ce qu'ils avaient déjà et firent des
conquêtes nouvelles. A quoi bon encore énumérer
séparément la Crète, le Pont, Chypre, l'Ibérie et l'Albanie
d'Asie, les deux Syries, l'une et l'autre Arménie, l'Arabie,
la Palestine, contrées dont auparavant nous ne savions
pas exactement les noms ; mais aujourd'hui soumises en
partie à notre domination, en partie données par nous à
d'autres qui nous fournissent des subsides, des troupes,
des honneurs et des alliés ?
| [38,39] τοιαῦτα γοῦν ἔχοντες παραδείγματα, μήτε τὰ τῶν πατέρων
ἔργα καταισχύνητε μήτε τὴν ἀρχὴν μεγίστην ἤδη οὖσαν προῆσθε.
οὐδὲ γὰρ οὐδ´ ἀπ´ ἴσης ἡμῖν τε καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς μηδὲν τῶν
ὁμοίων κεκτημένοις βουλευτέον ἐστίν. ἐκείνοις μὲν γὰρ ἐξαρκεῖ ῥᾳστωνεύειν
καὶ μετὰ ἀσφαλείας ἄλλοις ὑποπεπτωκέναι, ἡμῖν δ´ ἀναγκαῖόν
ἐστι καὶ πονεῖν καὶ στρατεύεσθαι καὶ μετὰ κινδύνων τὴν
παροῦσαν εὐδαιμονίαν φυλάττειν. πολλοί {τε} γὰρ ἐπιβουλεύουσιν
αὐτῇ· πᾶν γὰρ τὸ ὑπεραῖρόν τινας καὶ ζηλοῦται καὶ φθονεῖται,
κἀκ τούτου πόλεμος ἀίδιός ἐστιν ἅπασι τοῖς καταδεεστέροις πρὸς
τοὺς ἔν τινι αὐτῶν ὑπερέχοντας. ἢ οὖν ἀπὸ πρώτης ἐχρῆν μηδὲν
διαφερόντως ἡμᾶς τῶν ἄλλων ἀνθρώπων ηὐξῆσθαι· ἢ ἐπείπερ
τηλικοῦτοι γεγόναμεν καὶ τοσαῦτα κεκτήμεθα, πέπρωταί τε ἢ ἄρχειν
τῶν ἄλλων ἐγκρατῶς ἢ καὶ αὐτοὺς παντελῶς ἀπολέσθαι (τοῖς γὰρ
ἔς τε ἀξίωμα τοσοῦτον καὶ ἐς δύναμιν τηλικαύτην προκεχωρηκόσιν
ἀδύνατόν ἐστιν ἀκινδύνως ἰδιωτεῦσαι), πειθώμεθα τῇ τύχῃ, μηδὲ
ἑκοῦσαν αὐτὴν καὶ αὐτεπάγγελτον τοῖς τε πατράσιν ἡμῶν ὑπάρξασαν
καὶ ἡμῖν παραμένουσαν ἀπωσώμεθα. ἔσται δὲ τοῦτο οὐκ ἂν τὰ
ὅπλα ῥίψωμεν, οὐδ´ ἂν τὰς τάξεις ἐκλίπωμεν, οὐδ´ ἂν διὰ κενῆς
οἴκοι καθώμεθα ἢ καὶ παρὰ τοῖς συμμάχοις πλανώμεθα, ἀλλὰ ἂν τά
τε ὅπλα διὰ χειρὸς ἀεὶ ἔχωμεν (οὕτω γὰρ μόνως εἰρήνη σώζεται) καὶ
τὰ ἔργα τοῦ πολέμου διὰ κινδύνων ἀσκῶμεν (οὕτω γὰρ μόνως οὐκ
ἀεὶ πολεμήσομεν), τοῖς τε δεομένοις τῶν συμμάχων ἀπροφασίστως
ἐπικουρῶμεν (οὕτω γὰρ πολὺ πλείους ἕξομεν) καὶ τοῖς ἀεί τι παρακινοῦσι
τῶν πολεμίων μὴ ἐπιτρέπωμεν (οὕτω γὰρ οὐδεὶς ἔθ´ ἡμᾶς
ἀδικεῖν ἐθελήσει).
| [38,39] Vous donc, qui avez de tels exemples sous les yeux,
ne déshonorez pas les exploits de vos pères et ne perdez
pas une puissance déjà à ce point agrandie. Nos
résolutions ne doivent avoir rien de commun avec celles
des peuples qui n'ont pas de semblables possessions. A
ces peuples il suffit de vivre dans l'oisiveté : ils peuvent
fléchir sous la main d'un maître, pourvu qu'ils n'aient
pas de danger à courir. Pour nous, au contraire, c’est une
nécessité de supporter les fatigues, d'être en campagne,
de conserver notre prospérité présente au prix de mille
périls. Cette prospérité, plusieurs la convoitent ; car tout
ce qui est élevé excite la rivalité et l'envie : de là cette
guerre éternelle de ceux qui sont dans un état
d'infériorité contre quiconque s'élève au-dessus d'eux.
Ainsi, ou nous ne devions pas, dès le principe, nous
placer au-dessus du reste des hommes ; ou bien, puisque
nous avons atteint cette supériorité et fait de si grandes
conquêtes ; puisque notre destinée nous appelle à
exercer sur les autres peuples une puissante domination,
ou être anéantis nous-mêmes (une nation, parvenue à
tant d'éclat et à tant de grandeur, ne peut sans danger
tomber dans l'obscurité) ; obéissons à la Fortune, et,
lorsque, d'elle-même et de son propre mouvement, elle a
favorisé nos ancêtres et nous reste fidèle, gardons-nous
de la repousser. Mais, si nous voulons la retenir, ne
jetons pas les armes, ne quittons pas nos rangs, ne
restons pas oisifs dans nos foyers, n'errons pas au hasard
chez nos alliés. Au contraire, ayons toujours les armes à
la main (c'est le seul moyen de conserver la paix) ;
exerçons-nous dans l'art de la guerre par des dangers
sérieux (c’est le seul moyen de n'avoir pas toujours la
guerre à faire) ; secourons, sans nous excuser par de
vains prétextes, ceux de nos alliés qui ont besoin d'appui
(c'est le moyen d'en augmenter beaucoup le nombre) ; ne
livrons jamais rien à ceux qui préparent sans cesse des
attaques contre nous (dès lors on ne cherchera plus à
nous nuire).
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