HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre XXXVIII

Chapitre 22-23

  Chapitre 22-23

[38,22] ὁρῶ τοίνυν ἔγωγε πρῶτον μὲν φρονιμώτατόν σε ἀνθρώπων ὄντα· τεκμήριον δὲ ὅτι πλεῖστα μὲν καὶ τὴν βουλὴν καὶ τὸν δῆμον, ἐν οἷς συνεβούλευσάς τι αὐτοῖς, ἔπεισας, πλεῖστα δὲ καὶ τοὺς ἰδιώτας, ἐν οἷς συνηγόρησάς σφισιν, ὠφέλησας· ἔπειτα δὲ καὶ δικαιότατον· πανταχοῦ γοῦν ὑπέρ τε τῆς πατρίδος καὶ τῶν φίλων ἀνταγωνιζόμενος τοῖς ἐπιβουλεύουσιν αὐτοῖς ἐξήτασαι· καὶ αὐτά γε ταῦτα νῦν πέπονθας, οὐ δι´ ἄλλο τι συμβέβηκέ σοι ὅτι πάνθ´ ὑπὲρ τῶν νόμων καὶ τῆς πολιτείας καὶ λέγων καὶ πράττων διετέλεις. καὶ μὴν ὅτι καὶ σωφροσύνης ἐς τὰ πρῶτα ἀνήκεις, αὐτὸ τὸ ἐπιτήδευμά σου δηλοῖ· οὐ γὰρ οἷόν τ´ ἐστὶ δουλεύοντά τινα ταῖς τοῦ σώματος ἡδοναῖς ἐν μέσῳ τε ἀεὶ φαίνεσθαι καὶ ἐν τῇ ἀγορᾷ ἀναστρέφεσθαι, μαρτύρια τὰ ἡμερινὰ ἔργα τῶν νυκτερινῶν ποιούμενον. οὕτω δὲ δὴ τούτων ἐχόντων ἐγὼ μέν σε καὶ ἀνδρειότατον ᾤμην εἶναι, τοσαύτῃ μὲν ῥώμῃ διανοίας τοσαύτῃ δὲ καὶ ἰσχύι λόγων χρώμενον· σὺ δέ, ὡς ἔοικας, αὐτὸς ἑαυτοῦ, ἐκπλαγεὶς ὅτι παρά τε τὴν ἐλπίδα καὶ παρὰ τὴν ἀξίαν ἔπταισας, παρῄρησαι τι τοῦ σφόδρα ἀνδρείου. ἀλλὰ τοῦτο μὲν εὐθὺς ἀπολήψῃ· τοιούτων δὲ τῶν κατὰ σὲ ὄντων, καὶ εὖ μὲν ἥκοντος τοῦ σώματος εὖ δὲ καὶ τῆς ψυχῆς, οὐχ ὁρῶ τί τὸ λυποῦν ἐστί σε." [38,22] "D'abord je vois en toi le plus sage des hommes, et en voici la preuve : souvent tu as fait adopter par le sénat et par le peuple les mesures que tu as conseillées ; souvent aussi tu as utilement prêté aux particuliers l'appui de ton éloquence. En second lieu, je te regarde comme très juste ; car tu as lutté partout pour la patrie et pour tes amis contre ceux qui leur tendaient des pièges. Bien plus, les maux que tu souffres ne t'ont frappé que parce que tu as toujours parlé et agi pour les lois et pour la République. Enfin tu as porté la tempérance à son plus haut degré : ton genre de vie l'atteste, puisque l'homme esclave des plaisirs du corps ne peut se montrer assidûment en public et vivre dans le Forum, prouvant par ses travaux du jour ses labeurs de la nuit. C'est d'après cela que je te regardais aussi comme l'homme le plus courageux, toi qui as fait preuve d'un esprit si ferme et d'une éloquence si vigoureuse. Ébranlé par des coups imprévus et non mérités, tu me parais avoir ôté toi-même à ton âme une partie de son énergie ; mais tu la recouvreras bientôt. Avec ces avantages personnels, alors que ton corps et ton âme sont en bon état, qu'y a-t-il qui puisse t'affliger ? Je ne le vois pas."
[38,23] ταῦτα αὐτοῦ εἰπόντος Κικέρων ἔφη "οὐ δοκεῖ οὖν σοι μέγα κακὸν εἶναι ἀτιμία καὶ φυγή, καὶ τὸ μήτ´ οἴκοι διατρίβειν μήτε μετὰ τῶν φίλων εἶναι, ἀλλὰ ἐκ τῆς πατρίδος μεθ´ ὕβρεως ἐκπεπτωκότα ζῆν ἐν ἀλλοτρίᾳ γῇ καὶ ἀλᾶσθαι, φυγάδα προσαγορευόμενον, καὶ γέλωτα μὲν τοῖς ἐχθροῖς αἶσχος δὲ τοῖς οἰκείοις παρέχοντα." "οὐδαμῇ ἔμοιγε" εἶπεν Φιλίσκος. "δύο γὰρ τούτων ὄντων ἐξ ὧν συνεστήκαμεν, ψυχῆς τε καὶ σώματος, καὶ ῥητῶν ἑκατέρῳ παρ´ αὐτῆς τῆς φύσεως καὶ ἀγαθῶν καὶ κακῶν δεδομένων, εἰ μέν τι περὶ ταῦθ´ ἁμαρτάνοιτο, καὶ βλαβερὸν ἂν εἰκότως καὶ αἰσχρὸν νομίζοιτο, εἰ δ´ ὀρθῶς ἔχοι, καὶ μᾶλλον ἂν ὠφέλιμον εἴη. καὶ σοὶ νῦν ὑπάρχει. τὰ γὰρ δὴ ἄλλ´ ἐκεῖνα, αἱ φυγαὶ καὶ αἱ ἀτιμίαι, καὶ εἰ δή τι τοιοῦτον ἕτερον, νόμῳ τε καὶ δοκήσει τινὶ καὶ αἰσχρὰ καὶ κακά ἐστι, καὶ οὐδὲν οὔτε τῷ σώματι οὔτε τῇ ψυχῇ λυμαίνεται. ποῖον μὲν γὰρ ἂν σῶμα εἰπεῖν ἔχοις νενοσηκὸς καὶ ἀπολωλός, ποίαν δὲ ψυχὴν ἀδικωτέραν καὶ ἀμαθεστέραν γεγονυῖαν ὑπ´ ἀτιμίας καὶ φυγῆς καὶ ἄλλου τινὸς τῶν τοιούτων; ἐγὼ μὲν γὰρ οὐχ ὁρῶ. τὸ δὲ αἴτιον ὅτι οὐδέν σφων φύσει κακόν ἐστιν, ὥσπερ οὐδ´ ἐπιτιμία οὐδ´ ἐν τῇ πατρίδι διατριβὴ φύσει χρηστή, ἀλλ´ ὁποῖά ποτ´ ἄν τις ἕκαστος ἡμῶν περὶ αὐτὰ δοξάσῃ, τοιαῦτα καὶ δοκεῖ εἶναι. αὐτίκα τὴν ἀτιμίαν οὐκ ἐπὶ τοῖς αὐτοῖς παντελῶς ἄνθρωποι νομίζουσιν {ἐπιτιμίαν}, ἀλλ´ ἔστιν τῶν ἔργων ἐπαίτια παρὰ τισὶν ὄντα παρ´ ἄλλοις ἐπαινεῖται, καὶ ἕτερα πρὸς τινῶν τιμώμενα πρὸς ἑτέρων κολάζεται· εἰσὶ δὲ οἳ καὶ τὴν ἀρχὴν οὔτε τὸ ὄνομα οὔτε τὸ ἔργον αὐτῆς ἴσασι. καὶ πάνυ εἰκότως· ὅσα γὰρ μὴ προσάπτεται τῶν τῇ φύσει τοῦ ἀνθρώπου προσηκόντων, οὐδ´ ἀνήκειν ἐς αὐτὸν νομίζεται. ὥσπερ ἂν οὖν, εἰ κρίσις τις καὶ ψήφισμά τι ἐγένετο τὸν δεῖνα νοσεῖν τὸν δεῖνα αἰσχρὸν εἶναι, γελοιότατον ἂν δήπουθεν ἦν, οὕτω καὶ περὶ τῆς ἀτιμίας ἔχει. [38,23] A ces paroles de Philiscus Cicéron répondit : "Ne regardes-tu donc pas comme un grand mal d'être banni et noté d'infamie, de ne pouvoir rester chez soi et au milieu de ses amis, de vivre sur une terre étrangère, après avoir été ignominieusement chassé de sa patrie, d'errer de contrée en contrée avec le nom d'exilé, d'être pour ses ennemis un objet de risée et un sujet de honte pour ses proches ?" - "Point du tout, reprit Philiscus. L'homme étant composé de deux substances, l'âme et le corps, et la nature ayant assigné à chacune des biens et des maux déterminés, ce qu'il y a de défectueux en elles doit être seul regardé comme nuisible et comme honteux ; mais si elles sont l'une et l'autre en bon état, c'est un grand avantage, et cet avantage, tu le possèdes en ce moment. Les maux dont tu parles, la dégradation civique et d'autres accidents semblables, ne sont honteux et funestes que d'après certaines conventions et certaines opinions ; mais ils ne nuisent ni au corps ni à l'âme. Pourrais-tu me citer un corps qui soit devenu malade ou qui ait péri, une âme qui ait été rendue plus injuste ou plus ignorante par cette dégradation, par l'exil ou par telle autre peine ? Pour moi, je n'en vois pas, et cela vient de ce que la nature n'a attaché aucun mal à ces accidents de la vie. De même, la jouissance des droits de citoyen et le séjour dans sa patrie ne sont pas des biens réels : ils n'ont d'autre valeur que celle que nous leur donnons nous-mêmes. Et, en effet, tous les hommes ne font point consister l'honneur et le déshonneur dans les mémos choses : certaines actions, blâmées chez les uns, sont louées chez les autres, et celles qu'on récompense dans un pays sont punies ailleurs. Enfin il est des hommes qui, bien loin d'admettre comme une réalité ce déshonneur dont tu parles, en ignorent même le nom, et c'est avec raison ; car ce qui ne tient pas à notre nature ne leur semble pas nous regarder ; et s'il est vrai qu'un jugement ou un décret déclarant que tel homme est malade, tel autre difforme, paraîtraient fort ridicules, il faut en dire autant du déshonneur."


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Dernière mise à jour : 19/05/2006