Texte grec :
[37,52] ἐν μὲν δὴ τῇ πόλει ταῦτ´ ἐγίγνετο, ὁ δὲ δὴ Καῖσαρ τῆς τε Λυσιτανίας
μετὰ τὴν στρατηγίαν ἦρξε, καὶ δυνηθεὶς ἂν τὰ λῃστικά,
ἅπερ που ἀεὶ παρ´ αὐτοῖς ἦν, ἄνευ μεγάλου τινὸς πόνου καθήρας
ἡσυχίαν ἔχειν, οὐκ ἠθέλησε· δόξης τε γὰρ ἐπιθυμῶν, καὶ τὸν Πομπήιον
τούς τε ἄλλους τοὺς πρὸ αὐτοῦ μέγα ποτὲ δυνηθέντας ζηλῶν,
οὐδὲν ὀλίγον ἐφρόνει, ἀλλ´ ἤλπιζεν, ἄν τι τότε κατεργάσηται, ὕπατός
τε εὐθὺς αἱρεθήσεσθαι καὶ ὑπερφυᾶ ἔργα ἀποδείξεσθαι, διά τε
τἆλλα καὶ ὅτι ἐν τοῖς Γαδείροις, ὅτε ἐταμίευε, τῇ μητρὶ συγγίγνεσθαι
ὄναρ ἔδοξε, καὶ παρὰ τῶν μάντεων ἔμαθεν ὅτι ἐν μεγάλῃ
δυνάμει ἔσται. ὅθενπερ καὶ εἰκόνα Ἀλεξάνδρου ἐνταῦθα ἐν τῷ
Ἡρακλέους ἀνακειμένην ἰδὼν ἀνεστέναξε, καὶ κατωδύρατο ὅτι μηδέν
πω μέγα ἔργον ἐπεποιήκει. ἀπ´ οὖν τούτων, ἐξὸν αὐτῷ εἰρηνεῖν,
ὥσπερ εἶπον, πρὸς τὸ ὄρος τὸ Ἑρμίνιον ἐτράπετο καὶ ἐκέλευσε
τοὺς οἰκήτορας αὐτοῦ ἐς τὰ πεδινὰ μεταστῆναι, πρόφασιν μὲν ὅπως
μὴ ἀπὸ τῶν ἐρυμνῶν ὁρμώμενοι λῃστεύωσιν, ἔργῳ δὲ εὖ εἰδὼς ὅτι
οὐκ ἄν ποτε αὐτὸ ποιήσειαν, κἀκ τούτου πολέμου τινὰ ἀφορμὴν
λήψεται. ὃ καὶ ἐγένετο. τούτους τε οὖν ἐς ὅπλα ἐλθόντας ὑπηγάγετο·
καὶ ἐπειδὴ τῶν πλησιοχώρων τινές, δείσαντες μὴ καὶ ἐπὶ σφᾶς
ὁρμήσῃ, τούς τε παῖδας καὶ τὰς γυναῖκας τά τε ἄλλα τὰ τιμιώτατα
ὑπὲρ τὸν Δώριον ὑπεξέθεντο, τὰς πόλεις σφῶν ἐν ᾧ τοῦτ´
ἔπραττον προκατέσχε, καὶ μετὰ ταῦτα καὶ ἐκείνοις προσέμιξε.
προβαλλομένων τε τὰς ἀγέλας αὐτῶν, ὅπως σκεδασθεῖσι τοῖς Ῥωμαίοις
πρὸς τὴν τῶν βοσκημάτων ἁρπαγὴν ἐπίθωνται, τὰ τετράποδα παρῆκε
καὶ αὐτοὺς ὑπολαβὼν ἐνίκησε.
|
|
Traduction française :
[37,52] César, après sa préture, fut nommé gouverneur de la
Lusitanie. Il aurait pu, sans de grandes fatigues, purifier
ce pays des brigands qui l'infestaient sans cesse et se
livrer ensuite au repos ; mais il ne le voulut point. Avide
de gloire, jaloux d'égaler Pompée et les autres hommes
qui, avant lui, s'étaient élevés à une grande puissance, il
ne formait que de vastes projets ; espérant, s'il se
signalait alors, d'être nommé consul et d'accomplir des
choses extraordinaires. Cette espérance lui venait surtout
de ce que, pendant sa questure à Cadix, il avait cru avoir,
dans un songe, commerce avec sa mère, et les devins lui
avaient prédit qu'il obtiendrait un grand pouvoir. Aussi
ayant vu dans un temple de cette ville consacré à
Hercule une statue d'Alexandre, il gémit et versa des
larmes ; parce qu'il n'avait encore rien fait de mémorable.
Livré à ces pensées, il se dirigea vers le mont
Herminium, lorsqu'il pouvait, comme je l'ai dit, jouir de
la paix, et il ordonna aux habitants de s'établir dans la
plaine, afin qu'ils ne pussent point se livrer au pillage, en
descendant de leurs demeures fortifiées par la nature ;
mais ce n'était qu'un prétexte : en réalité, il savait bien
qu'ils ne feraient pas ce qu'il demandait, et que ce refus
lui fournirait l'occasion de leur déclarer la guerre. C'est
ce qui arriva : ils coururent aux armes et César les
soumit. Plusieurs de leurs voisins, craignant qu'il ne
fondit aussi sur eux, transportèrent au-delà du Douro
leurs enfants, leurs femmes et tout ce qu'ils avaient de
plus précieux. César profita de ce moment pour
s'emparer de leurs villes, et en vint ensuite aux mains
avec eux. Ils s'étaient fait précéder de leurs troupeaux,
afin de tomber sur les Romains, quand ils se seraient
dispersés pour les enlever ; mais César ne s'occupa point
des troupeaux, attaqua les barbares et les vainquit.
|
|