Texte grec :
[37,3] κἀκ τούτου μαθὼν ὁ Πομπήιος οὐ πόρρω τὸν Φᾶσιν ὄντα,
καὶ νομίσας ἔς τε τὴν Κολχίδα παρ´ αὐτὸν καταβήσεσθαι καὶ ἐκεῖθεν
ἐπὶ τὸν Μιθριδάτην ἐς τὸν Βόσπορον πορεύσεσθαι, προῄει
μὲν ᾗ διενοεῖτο, καὶ τούς τε Κόλχους καὶ τοὺς προσχώρους σφίσι,
τὰ μὲν πείθων τὰ δὲ καὶ ἐκφοβῶν, διῆλθε· αἰσθόμενος δὲ ἐνταῦθα
ὅτι ἥ τε ἐπὶ τῆς ἠπείρου κομιδὴ διὰ πολλῶν καὶ ἀγνώστων
καὶ πολεμικῶν ἐθνῶν καὶ ἡ διὰ τῆς θαλάσσης χαλεπωτέρα διά τε
τὸ ἀλίμενον τῆς χώρας καὶ διὰ τοὺς ἐνοικοῦντας αὐτὴν εἴη, τῷ
μὲν Μιθριδάτῃ τὸ ναυτικὸν ἐφορμεῖν ἐκέλευσεν ὥστε ἐκεῖνόν τε
τηρεῖσθαι μηδαμόσε ἐκπλεῦσαι καὶ τὴν ἐπαγωγὴν αὐτοῦ τῶν ἐπιτηδείων
ἀφελέσθαι, αὐτὸς δὲ ἐπὶ τοὺς Ἀλβανοὺς οὐ τὴν συντομωτάτην,
ὅπως σφᾶς καὶ ὑπὸ τούτου πρὸς ταῖς σπονδαῖς ἀνελπίστους
καταλάβῃ, ἀλλ´ ἐς τὴν Ἀρμενίαν ἐπανελθὼν ἐτράπετο. καὶ τόν τε
Κύρνον, ᾗ πορεύσιμος ὑπὸ τοῦ θέρους ἐγεγόνει, πεζῇ διέβη, τήν
τε ἵππον κατὰ τὸν ῥοῦν καὶ τὰ σκευοφόρα ἑξῆς, εἶτα τοὺς πεζοὺς
διιέναι κελεύσας, ἵν´ οἵ τε ἵπποι τὸ σφοδρὸν αὐτοῦ τοῖς σώμασί
σφων διαχέωσι, καὶ ἐκ τῶν σκευοφόρων εἴ πού τι καὶ ὣς περιτραπείη,
ἔς τε τοὺς ἐπὶ θάτερα παρακολουθοῦντας ἐμπίπτῃ καὶ μὴ
περαιτέρω καταφέρηται· κἀντεῦθεν πρὸς τὸν Καμβύσην πορευόμενος
ὑπὸ μὲν τῶν πολεμίων οὐδὲν δεινὸν ἔπαθεν, ὑπὸ δὲ δὴ τοῦ
καύματος καὶ διὰ τοῦτο καὶ τοῦ δίψους ἰσχυρῶς μετὰ παντὸς τοῦ
στρατοῦ, καίτοι νυκτὸς τὸ πολὺ τῆς ὁδοῦ διελθών, ἐταλαιπώρησεν·
οἱ γὰρ ἀγωγοί σφων, ἐκ τῶν αἰχμαλώτων ὄντες, οὐ τὴν ἐπιτηδειοτάτην
αὐτοὺς ἤγαγον. οὐ μὴν οὐδ´ ὁ ποταμὸς ἐν δέοντί σφισιν ἐγένετο·
ψυχρότατόν τε γὰρ τὸ ὕδωρ ὄν, καὶ ἀθρόον ὑπ´ αὐτῶν ποθέν, συχνοῖς
ἐλυμήνατο. ὡς δ´ οὖν οὐδὲ ἐνταῦθα ἀντίπαλόν τι αὐτοῖς ὤφθη,
πρὸς τὸν Ἄβαντα προσεχώρησαν, ὕδωρ μόνον ἐπιφερόμενοι· τὰ γὰρ
ἄλλα παρ´ ἑκόντων τῶν ἐπιχωρίων ἐλάμβανον, καὶ διὰ τοῦτο οὐδ´
ἐκακούργουν οὐδέν.
|
|
Traduction française :
[37,3] Après ce traité Pompée, informé que le Phasis n'était
pas loin et comptant pouvoir, en suivant le cours de ce
fleuve, descendre dans la Colchide et de là se mettre à la
poursuite de Mithridate dans le Bosphore, s'avança,
comme il l'avait résolu, et s'ouvrit un chemin dans la
Colchide et dans les pays limitrophes, tantôt par la
persuasion, tantôt par la crainte. Là, voyant que sa
marche sur terre devait se faire à travers des peuples
inconnus et guerriers ; que sur mer elle serait plus
difficile encore, soit parce que le pays n'avait point de
ports, soit à cause des habitants, il ordonna à sa flotte de
mouiller en face de Mithridate et de l'observer ; afin de
ne lui laisser aucun moyen de mettre à la voile et pour le
priver de l'arrivage des vivres. Quant à lui, il se dirigea
vers le pays des Albanais, non par le chemin le plus
court, mais en revenant dans l'Arménie : son but était de
tomber à l'improviste sur ce peuple, qui, déjà rassuré par
le traité récemment conclu, le serait encore davantage
par cette marche. Pompée traversa le Cyrnus à pied,
dans l'endroit où l'été l'avait rendu guéable. Il ordonna à
la cavalerie de passer la première en aval du fleuve : les
bêtes de somme, qui portaient les bagages, formèrent la
seconde ligne, et l'infanterie la troisième. De cette
manière, les chevaux brisaient la force du courant en lui
opposant leurs corps, et si, malgré cela, quelques-unes
des bêtes de somme venaient à être entraînées par les
eaux, recueillies par les soldats qui marchaient un peu
au-dessous, elles n'étaient pas emportées plus loin. De là,
Pompée se dirigea vers le Cambyse. Les ennemis ne lui
causèrent aucun dommage ; mais il eut beaucoup à
souffrir, avec toute son armée, de la chaleur et de la soif
qu'elle causait, quoiqu'il fit de nuit la plus grande partie
de la route. Les guides, qui avaient été pris parmi les
prisonniers, ne conduisirent pas les Romains par le
chemin le plus facile. Le fleuve lui-méme ne leur fut
d'aucun secours : bien au contraire, comme l'eau était
très froide, elle rendit malades un grand nombre de
soldats, qui en buvaient outre mesure. Là encore les
Romains ne rencontrèrent aucune résistance, et ils
s'avancèrent vers l'Abas, n'emportant que de l'eau. Les
habitants du pays leur fournirent volontairement tout le
reste : aussi les Romains ne leur firent-ils aucun mal.
|
|