Texte grec :
[37,23] ἀπόντι μὲν δὴ οὖν αὐτῷ ταῦτ´ ἔδοσαν, ἐλθόντι δὲ οὐδέν, πάντως
ἄν που καὶ ἕτερα προσθέντες, εἴπερ ἠθελήκει· ἄλλοις γοῦν
τισιν ἐν ἐλάττονι αὐτοῦ κράτει γενομένοις πολλὰ καὶ ὑπέρογκα πολλάκις
ἔνειμαν. καὶ ὅτι γε καὶ ἐκεῖνα ἄκοντες ἔπραξαν, δῆλόν ἐστιν.
ὁ οὖν Πομπήιος εὖ εἰδὼς ὅτι πάνθ´ ὅσα ἐν ταῖς δυναστείαις τοῖς
ἰσχύουσί τι παρὰ τῶν πολλῶν γίγνεται, τήν τε ὑπόνοιαν, κἂν τὰ
μάλιστα ἐθελούσιοί τι ψηφίσωνται, ὡς καὶ κατὰ βίαν ἐκ τῆς τῶν
κρατούντων παρασκευῆς διδόμενα ἔχει, καὶ δόξαν οὐδεμίαν τοῖς
λαβοῦσιν αὐτά, ὡς καὶ μὴ παρ´ ἑκόντων ἀλλὰ ἀναγκασθέντων, μηδ´
ἀπ´ εὐνοίας ἀλλ´ ἐκ κολακείας ὑπάρξαντά σφισι φέρει, οὐκ ἐπέτρεψεν
ἀρχὴν οὐδενὶ οὐδὲν ἐσηγήσασθαι. καὶ πολύ γε τοῦτο βέλτιον
εἶναι ἔλεγεν ἢ ψηφισθέντα μὴ προσίεσθαι· ἐν μὲν γὰρ τῷ
μῖσός τε ἐπὶ τῇ δυναστείᾳ ὑφ´ ἧς ἐγιγνώσκετο, καὶ ὑπερηφανίαν
καὶ ὕβριν τῷ μὴ δέχεσθαι τὰ διδόμενα παρὰ τῶν κρειττόνων δῆθεν
ἢ πάντως γε τῶν ὁμοίων ἐνεῖναι, ἐν δὲ τῷ ἑτέρῳ τὸ δημοτικὸν
ὄντως καὶ ὄνομα καὶ ἔργον οὐκ ἀπ´ ἐνδείξεως ἀλλ´ ἐξ ἀληθείας
ὑπάρχειν. τὰς γάρ τοι ἀρχὰς καὶ τὰς ἡγεμονίας ἔξω τῶν πατρίων
ὀλίγου πάσας λαβών, τὰ γοῦν ἄλλα τοιαῦτα, ἐξ ὧν μήτε ὠφελῶν
τινα μήτε ὠφελούμενος φθόνον ἄλλως καὶ μῖσος καὶ πρὸς αὐτῶν
τῶν διδόντων αὐτὰ σχήσειν ἔμελλεν, οὐκ ἐδέχετο.
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Traduction française :
[37,23] Voilà quels furent les honneurs accordés à Pompée
absent : il n'en reçut pas d'autres, à son retour.
Cependant les Romains lui en auraient décerné de
nouveaux, s'il l'eût voulu ; car ils accordèrent souvent à
des généraux investis d'un commandement moins
important de nombreuses et d'éclatantes distinctions ;
mais, à la vérité, ce fut contre leur gré. Pompée savait
très bien que les honneurs donnés par la multitude à
ceux qui ont une grande autorité et beaucoup d'influence
font naître, alors même qu'elle les a conférés librement,
le soupçon d'avoir été arrachés par la violence ou par les
menées des hommes puissants, et qu'ils ne procurent
aucune gloire à ceux qui les reçoivent ; parce que, loin
d'être regardés comme l'hommage d'une volonté libre,
ils paraissent obtenus par la contrainte et décernés moins
par bienveillance que par flatterie. Aussi ne permit-il à
personne de faire une proposition à ce sujet, disant qu'il
valait infiniment mieux agir ainsi que de ne pas accepter
les honneurs, lorsqu'ils ont été décrétés. En effet, quand
on les refuse, outre la haine contre le pouvoir de ceux qui
les ont fait accorder, il y a de l'orgueil et de l'insolence à
ne pas accepter des distinctions offertes par des hommes
placés au-dessus de nous, ou tout au moins nos égaux :
au contraire, en ne les demandant pas, on montre non
par des paroles et par une vaine ostentation ; mais par
des actes, une âme vraiment démocratique. Ainsi, après
être arrivé par la violation des lois à presque toutes les
magistratures et au commandement des armées, il ne
voulut d'aucun de ces honneurs inutiles pour les autres,
comme pour lui-même, et qui l'auraient exposé à l'envie
et à la haine de ceux qui les lui auraient conférés ; mais
cela se passa après un certain temps.
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