Texte grec :
[36,25] Ταῦτα αὐτοῦ δημηγορήσαντος, ὁ Γαβίνιος ὑπολαβὼν εἶπεν.
«Πομπήιος μέν, ὦ Κυιρῖται, καὶ αὐτὸ τοῦτο ἄξιον τῶν ἑαυτοῦ ἠθῶν
ποιεῖ, μήτε ἐφιέμενος τῆς ἀρχῆς, μήτε διδομένην οἱ αὐτὴν ἐξ
ἐπιδρομῆς δεχόμενος. Οὔτε γὰρ ἄλλως ἀγαθοῦ ἀνδρός ἐστιν,
ἄρχειν ἐπιθυμεῖν, καὶ τὰ πράγματ' ἔχειν ἐθέλειν· κἀν τούτῳ
προσήκει πάντα τὰ προσταττόμενα μετ' ἐπισκέψεως ὑφίστασθαι,
ἵν' αὐτὰ καὶ ἀσφαλῶς {καὶ} ὁμοίως πράξῃ. Τὸ μὲν γὰρ προπετὲς ἐν
ταῖς ὑποσχέσεσιν, ὀξύτερον καὶ ἐν ταῖς πράξεσι τοῦ καιροῦ
γιγνόμενον, πολλοὺς σφάλλει· τὸ δ' ἀκριβὲς ἀπ' ἀρχῆς, καὶ ἐν τοῖς
ἔργοις ὅμοιον διατελεῖ ὂν, καὶ πάντας ὀνίνησιν. Ὑμᾶς δὲ δὴ χρὴ μὴ
τὸ τούτῳ κεχαρισμένον, ἀλλὰ τὸ τῇ πόλει συμφέρον ἑλέσθαι. Οὐ
γάρ που τοὺς σπουδαρχοῦντας, ἀλλὰ τοὺς ἐπιτηδείους προστάττειν
τοῖς πράγμασι προσήκει. Ἐκείνους μὲν γὰρ πάνυ πολλούς, τοιοῦτον
δὲ δή τινα ἄλλον οὐδένα εὑρήσετε. Μέμνησθε δὲ, ὅσα καὶ οἷα
ἐπάθομεν ἐν τῷ πρὸς τὸν Σερτώριον πολέμῳ, στρατηγοῦ δεόμενοι·
καὶ ὅτι οὐδένα ἕτερον οὔτε τῶν νεωτέρων, οὔτε τῶν πρεσβυτέρων
ἁρμόζοντα αὐτῷ εὕρομεν. Ἀλλὰ καὶ τοῦτον καὶ τότε μηδέπω μήθ'
ἡλικίαν ἔχοντα, μήτε βουλεύοντα, καὶ ἀντὶ ἀμφοτέρων τῶν ὑπάτων
ἐξεπέμψαμεν. Βουλοίμην μὲν γὰρ ἂν πολλοὺς ὑμῖν ἀγαθοὺς
ἄνδρας εἶναι, καὶ εἴγε καὶ εὔξασθαι δεῖ, εὐξαίμην ἄν. Ἐπεὶ δ' οὔτ'
εὐχῆς τὸ πρᾶγμα τοῦτό ἐστιν, οὔτ' αὐτόματόν τῳ παραγίγνεται,
ἀλλὰ δεῖ καὶ φῦναί τινα πρὸς αὐτὸ ἐπιτηδείως, καὶ μαθεῖν τὰ
πρόσφορα, καὶ ἀσκῆσαι τὰ προσήκοντα, καὶ παρὰ πάντα ἀγαθῇ
τύχῃ χρῆσθαι, (ἅπερ που σπανιώτατα ἂν τῷ αὐτῷ ἀνδρὶ συμβαίη,)
χρὴ πάντας ὑμᾶς ὁμοθυμαδόν, ὅταν τις τοιοῦτος εὑρεθῇ, καὶ
σπουδάζειν αὐτὸν, καὶ καταχρῆσθαι αὐτῷ, κἂν μὴ βούληται.
Καλλίστη γὰρ ἡ τοιαύτη βία καὶ τῷ ποιήσαντι καὶ τῷ παθόντι
γίγνεται· τῷ μὲν, ὅτι σωθείη ἂν ὑπ' αὐτῆς· τῷ δὲ ὅτι σώσειεν ἂν τοὺς
πολίτας, ὑπὲρ ὧν καὶ τὸ σῶμα καὶ τὴν ψυχὴν ὅ γε χρηστὸς καὶ
φιλόπολις ἑτοιμότατα ἂν ἐπιδοίη.
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Traduction française :
[36,25] Après ce discours, Gabinius prit la parole et dit : "Romains, ici
encore Pompée se montre digne de lui, en ne courant pas après le
commandement, en ne s'empressant point de l'accepter lorsqu'il lui est
déféré. Il ne convient jamais à l'homme de bien de rechercher le
pouvoir avec ardeur, ni de se jeter volontairement dans des entreprises
difficiles ; et quand il s'agit, comme aujourd'hui, d'une tâche très
importante, il ne doit l'accepter qu'après de mûres réflexions, afin de
s'en acquitter sans faire de faux pas et sans se démentir. La témérité,
qui promet tout, dégénère dans l'action en une précipitation qui
n'attend pas le moment propice et conduit souvent à des fautes. Au
contraire, la circonspection, mise en pratique dès le début, reste la
même dans l'exécution et profite à tous. Quant à vous, votre devoir est
d'adopter non ce qui plaît à Pompée, mais ce qui est utile à l'État ; car
ce n'est pas à ceux qui briguent le commandement que vous devez le
confier ; mais bien aux hommes les plus capables. Les premiers
abondent, tandis que vous ne trouverez que Pompée qui le mérite.
Souvenez-vous de tous les maux que nous avons soufferts pendant la
guerre contre Sertorius, parce que nous n'avions point de général ;
souvenez-vous que parmi les citoyens, plus jeunes ou plus vieux,
Pompée seul nous parut digne de la diriger. Alors, il n'avait pas l'âge
voulu par les lois, il ne siégeait pas encore dans le sénat ; cependant
nous l'envoyâmes à la place des deux consuls. Certes je voudrais que
vous eussiez un grand nombre d'hommes éminents ; et s'il y avait des
voeux à faire pour cela, je le souhaiterais. Mais ici les voeux sont
impuissants et on ne peut compter sur le hasard : pour être propre à
commander, il faut avoir reçu de la nature certaines dispositions
particulières, posséder les connaissances nécessaires, s'être livré aux
exercices convenables et, par-dessus tout, avoir la fortune favorable.
Or, tous ces avantages sont bien rarement réunis dans un seul
homme, et vous devez, quand vous eu avez trouvé un qui les possède,
montrer tous pour lui un dévouement unanime et profiter de ses
services, même malgré lui. Une semblable violence est très honorable
pour celui qui l'exerce et pour celui qui en est l'objet : elle sauve l'un et
met l'autre à même de sauver ses concitoyens, pour lesquels un homme de
bien, un ami de son pays doit être prêt à sacrifier son corps et son âme.
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