Texte grec :
[36,21] Ἐς τοσοῦτον μὲν δὴ τὰ τῶν καταποντιστῶν ἤρθη, ὥστε καὶ
μέγαν καὶ συνεχῆ καὶ ἀπροφύλακτον καὶ ἄπιστον τὸν πόλεμον
αὐτῶν γενέσθαι. Οἱ δὲ δὴ Ῥωμαῖοι ἤκουον μέν που αὐτά, καί τινα
καὶ ἑώρων· (οὔτε γὰρ ἄλλο τι τῶν ἐπακτῶν ἐφοίτα σφίσι, καὶ ἡ
σιτοπομπία παντελῶς ἀπεκέκλειτο)· οὐ μέντοι καὶ μεγάλην, ὅτε γε
ἐχρῆν, φροντίδα αὐτῶν ἐποιήσαντο· ἀλλ' ἐξέπεμπον μὲν καὶ
ναυτικὰ καὶ στρατηγούς, ὥς που καθ' ἕκαστον τῶν
προσαγγελλομένων ἐκινοῦντο· ἔπραττον δ' οὐδέν, ἀλλὰ καὶ πολὺ
πλείω τοὺς συμμάχους δι' αὐτῶν ἐκείνων ἐταλαιπώρουν· μέχρις οὗ
ἐν παντὶ ἐγένοντο. Τότε δὲ συνελθόντες, ἐβουλεύσαντο ἐπὶ πολλὰς
ἡμέρας ὅ, τι καὶ χρὴ πρᾶξαι. Τῇ τε γὰρ συνεχείᾳ τῶν κινδύνων
τετρυχωμένοι, καὶ μέγαν καὶ πολὺν τὸν πρὸς αὐτοὺς πόλεμον
ὁρῶντες ὄντα, καὶ οὔθ' ἅμα πᾶσί σφισιν, οὔτ' αὖ καθ' ἑκάστους
προσπολεμῆσαι δυνατὸν εἶναι νομίζοντες· (ἀλλήλοις τε γὰρ
συνεβοήθουν, καὶ πανταχοῦ ἅμα ἀμήχανον ἦν αὐτοὺς ἀμύνασθαι)
ἔν τε ἀπορίᾳ καὶ ἀνελπιστίᾳ τοῦ κατορθώσειν τι πολλῇ ἐγένοντο·
πρὶν δὴ Αὖλός τις Γαβίνιος δήμαρχος γνώμην ἔδωκεν, (εἴτ' οὖν τοῦ
Πομπηίου καθέντος αὐτόν, εἴτε καὶ ἄλλως χαρίσασθαί οἱ ἐθελήσας·
οὐ γάρ που καὶ ὑπ' εὐνοίας αὐτὸ τῆς τοῦ κοινοῦ ἐποίησε· κάκιστος
γὰρ ἀνὴρ ἦν·) στρατηγὸν ἕνα αὐτοκράτορα ἐφ' ἅπαντας αὐτοὺς ἐκ
τῶν ὑπατευκότων ἑλέσθαι, τρισί τε ἔτεσιν ἄρξοντα, καὶ δυνάμει
παμπληθεῖ μεθ' ὑποστρατήγων πολλῶν χρησόμενον. Ἄντικρυς μὲν
γὰρ τὸ τοῦ Πομπηίου ὄνομα οὐκ εἶπεν· εὔδηλον δὲ ἦν, ὅτι ἂν ἅπαξ
τι τοιοῦτον ὁ ὅμιλος ἀκούσῃ, ἐκεῖνον αἱρήσεται.
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Traduction française :
[36,21] La puissance des pirates avait grandi à un tel point, que la guerre
contre eux était terrible, continue ; qu'elle ne pouvait être évitée par
aucune précaution, ni terminée par des traités. Les Romains
n'entendirent pas seulement parler de leurs brigandages : ils en furent
même les témoins (car les divers objets qu'ils tiraient du dehors
n'étaient plus importés, et l'arrivage du blé était complètement
interrompu) ; toutefois ils ne s'en préoccupèrent pas assez, lorsqu'ils
l'auraient dû : ils envoyèrent bien contre les pirates des vaisseaux et
des généraux, lorsque quelque nouvelle inquiétante venait les
émouvoir ; mais ces mesures ne produisirent aucun bon résultat et
n'aboutirent même qu'à rendre les alliés beaucoup plus malheureux ;
jusqu'au moment où ils furent réduits eux-mêmes à la situation la plus
critique. Alors ils s'assemblèrent et délibérèrent, pendant plusieurs
jours, sur le parti qu'ils devaient prendre. Pressés par de continuels
dangers, voyant qu'ils auraient à soutenir une lutte redoutable et
compliquée, persuadés qu'il était également impossible de combattre
les pirates tous à la fois, ou séparés les uns des autres (car ils se
secouraient mutuellement et on ne pouvait les attaquer partout en
même temps), les Romains ne savaient à quoi se résoudre et
désespéraient d'obtenir quelque succès ; lorsqu'un tribun du peuple,
Aulus Gabinius (soit à l'instigation de Pompée, soit pour lui complaire ;
car c'était un très mauvais citoyen, nullement inspiré par l'amour du
bien public), proposa de confier la guerre contre tous les pirates à un
seul général, revêtu d'un pouvoir absolu, choisi parmi les consulaires,
investi du commandement pour trois ans, et qui aurait sous ses ordres
des forces très considérables et plusieurs lieutenants. Il ne désigna
point formellement Pompée ; mais il était évident que le peuple le
choisirait, aussitôt qu'il aurait entendu faire une proposition de ce genre.
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