Texte grec :
[36,51] Ὁ δὲ υἱός (ἐκάθητο δὲ ἐκ τοῦ ἐπὶ θάτερα τοῦ Πομπηίου) οὔθ'
ὑπανέστη τῷ πατρὶ, οὔτ' ἄλλο τι αὐτὸν ἐδεξιώσατο· ἀλλὰ καὶ ἐπὶ τὸ
δεῖπνον κληθεὶς οὐκ ἀπήντησεν. Ὅθεν ὑπό γε τοῦ Πομπηίου
μάλιστα ἐμισήθη. Τῇ γοῦν ὑστεραίᾳ διακούσας αὐτῶν, τῷ μὲν
πρεσβυτέρῳ τὴν πατρῴαν πᾶσαν ἀρχὴν ἀπέδωκε· τὰ γὰρ
προσκτηθέντα ὑπ' αὐτοῦ (ἦν δὲ ἄλλα τε, καὶ τῆς Καππαδοκίας τῆς
τε Συρίας μέρη, ἥ τε Φοινίκη καὶ ἡ Σωφανηνὴ χώρα, τοῖς Ἀρμενίοις
πρόσορος) οὐ σμικρά, παρείλετο αὐτοῦ, καὶ προσέτι καὶ χρήματα
αὐτὸν ᾖτησεν· τῷ δὲ νεωτέρῳ τὴν Σωφανηνὴν μόνην ἀπένειμε. Καὶ
ἔτυχον γὰρ οἱ θησαυροὶ ἐν αὐτῇ ὄντες· ἠμφεσβήτησέ τε περὶ αὐτῶν
ὁ νεανίσκος, καὶ ἁμαρτών (οὐ γὰρ εἶχεν ὁ Πομπήιος ὁπόθεν
ἄλλοθεν τὰ ὡμολογημένα κομίσηται) ἠγανάκτησε, καὶ δρασμὸν
ἐβουλεύσατο. Ὁ οὖν Πομπήιος, προμαθὼν τοῦτο, ἐκεῖνόν τε ἐν
φυλακῇ ἀδέσμῳ ἐποιήσατο,·καὶ πέμψας πρὸς τοὺς τὰ χρήματα
φυλάττοντας, τῷ πατρὶ αὐτοῦ πάντα σφᾶς δοῦναι ἐκέλευσεν.
Ἐπειδή τε μήθ' ὑπήκουσαν, λέγοντες, τὸν νεανίσκον, οὗπερ ἡ χώρα
ἤδη ἐνομίζετο, χρῆναί σφισι τοῦτο προστάξαι, ἔπεμψεν αὐτὸν πρὸς
τὰ φρούρια. Καὶ ὁ μὲν, κεκλειμένα αὐτὰ εὑρὼν, προσῆλθέ τε ἐγγύς,
καὶ ἐκέλευσε καὶ ἄκων αὐτὰ ἀνοιχθῆναι. Ὡς δ' οὐδὲν μᾶλλον
ἐπείθοντο, προϊσχόμενοι, ὅτι μὴ ἑκούσιος, ἀλλ' ἀναγκαστὸς τὴν
πρόσταξιν ἐποιεῖτο, ἐχαλέπηνεν ὁ Πομπήιος καὶ ἔδησε τὸν
Τιγράνην. Καὶ οὕτως ὅ τε γέρων τοὺς θησαυροὺς παρέλαβε, καὶ
αὐτὸς ἔν τε τῇ χώρᾳ τῇ Ἀναίίτιδι, καὶ πρὸς τῷ ποταμῷ τῷ Κύρνῳ,
τριχῇ νείμας τὸν στρατὸν, παρεχείμασε· τά τε ἄλλα παρὰ τοῦ
Τιγράνου συχνὰ, καὶ χρήματα πολλῷ πλείω τῶν ὁμολογηθέντων
λαβών. Ἀφ' οὗπερ οὐχ ἥκιστα καὶ ἐκεῖνον ἔς τε τοὺς φίλους καὶ ἐς
τοὺς συμμάχους {οὐ} πολλῷ ὕστερον ἐσέγραψε, καὶ τὸν υἱὸν αὐτοῦ
ἐς τὴν Ῥώμην μετὰ φρουρᾶς ἐσήγαγεν. Οὐ μέντοι καὶ ἐν ἡσυχίᾳ
διεχείμασεν.
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Traduction française :
[36,51] Le fils de Tigrane, assis de l'autre côté de Pompée, ne se leva pas
devant son père et ne lui donna aucune marque d'affection. Il ne se
rendit pas même au souper auquel il avait été invité ; et ce fut là ce qui
lui attira surtout la haine de Pompée. Le lendemain, après avoir
entendu le père et le fils, le général romain rendit au vieux Tigrane les
États qu'il avait reçus de ses ancêtres : quant aux provinces qu'il avait
conquises (c'étaient, entre autres contrées, diverses parties de la
Cappadoce et de la Syrie, la Phénicie, la Sophène, pays limitrophe de
l'Arménie), et elles formaient un tout assez vaste, il les lui enleva : de
plus, il exigea une contribution d'argent et ne donna à Tigrane le fils
que la Sophène : c'était là que se trouvaient les trésors du roi
d'Arménie. Le jeune Tigrane les réclama avec énergie : n'ayant pu les
obtenir (car Pompée ne pouvait se faire payer avec d'autres fonds les
sommes qui lui avaient été promises), il éprouva un vif
mécontentement et résolut de prendre la fuite. Instruit à temps de son
projet, Pompée le fit garder à vue et envoya aux gardiens de ces
trésors l'ordre de les remettre à Tigrane le père. Ils refusèrent, sous
prétexte que cet ordre devait être donné par le jeune Tigrane, déjà
regardé comme le souverain de ce pays. Pompée l'envoya alors lui-même
au château où les trésors étaient déposés : celui-ci, l'ayant
trouvé fermé, s'en approcha de très près et ordonna, malgré lui, de
l'ouvrir. Les gardiens n'obéirent pas davantage, soutenant qu'il ne
donnait pas cet ordre de bon gré, mais par contrainte. Pompée indigné
fit mettre en prison Tigrane le jeune ; et les trésors furent ainsi remis à
son père. Pompée partagea son armée en trois corps et établit ses
quartiers d'hiver dans l'Anaïtis et sur les bords du Cyrnus, après avoir
reçu de Tigrane le père un grand nombre de présents et des sommes
beaucoup plus considérables que celles qui avaient été convenues. Ce
fut là surtout ce qui le détermina à l'inscrire bientôt après au nombre
des amis et des alliés du peuple romain et à envoyer son fils à Rome
sous escorte. Néanmoins il ne passa pas l'hiver dans le repos.
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