Texte grec :
[36,47] Ἐγένετο δὲ ἡ μάχη τοιάδε. Πρῶτον μὲν οἱ σαλπικταὶ πάντες ἅμα
τὸ πολεμικὸν ἀπὸ συνθήματος ἐβόησαν. Ἔπειτα δὲ οἵ τε στρατιῶται
καὶ ὁ λοιπὸς ὄχλος πᾶς ἐπηλάλαξε. Καὶ οἱ μὲν τὰ δόρατα πρὸς τὰς
ἀσπίδας, οἱ δὲ καὶ λίθους πρὸς τὰ χαλκᾶ σκεύη προσεπέκρουσαν.
Καί σφων τὴν ἠχὴν τὰ ὄρη ἔγκοιλα ὄντα καὶ ὑπεδέξατο καὶ
ἀνταπέδωκε φρικωδεστάτην· ὥστε τοὺς βαρβάρους, ἐξαπιναίως ἔν
τε τῇ νυκτὶ καὶ ἐν τῇ ἐρημίᾳ αὐτῶν ἀκούσαντας, δεινῶς
ἐκπλαγῆναι ὡς καὶ δαιμονίῳ τινὶ πάθει περιπεπτωκότας. Κἀν
τούτῳ οἱ Ῥωμαῖοι πανταχόθεν ἀπὸ τῶν μετεώρων λίθοις,
τοξεύμασιν, ἀκοντίοις βάλλοντες, πάντως γέ τινας ὑπὸ τοῦ
πλήθους αὐτῶν ἐτίτρωσκον, καὶ ἐς πᾶν κακοῦ σφας κατέστησαν.
Οὔτε γὰρ ἐς παράταξιν, ἀλλ' ἐς πορείαν ἐσταλμένοι, καὶ ἐν ταὐτῷ
τοῖς τε ἵπποις καὶ ταῖς καμήλοις {καὶ} παντοδαποῖς σκεύεσ,ι καὶ οἱ
ἄνδρες καὶ αἱ γυναῖκες ἀναστρεφόμενοι· καὶ οἱ μὲν, ἐπὶ κελήτων, οἱ
δὲ, ἐφ' ἁρμάτων (τῶν τε καμαρῶν καὶ τῶν ἁρμαμαξῶν), ἀναμὶξ
ὀχούμενοι· καὶ οἱ μὲν, ἤδη τιτρωσκόμενοι, οἱ δὲ προσδεχόμενοι
τρωθήσεσθαι, ἐταράσσοντο· κἀκ τούτου ῥᾷον, ἅτε καὶ ἀλλήλοις,
ἐμπελαζόμενοι, ἐφθείροντο. Καὶ ταῦτα μέν, ἕως ἄπωθεν
ἐβάλλοντο, ἔπασχον· ἐπεὶ δὲ ἐξαναλώσαντες οἱ Ῥωμαῖοι τὴν
πόρρωθεν ἀλκὴν, ἐπικατέδραμόν σφισιν, ἐφονεύετο μὲν τὰ
περιέσχατα· (καὶ ἐξήρκει πρὸς τὸν θάνατον αὐτοῖς μία πληγὴ, ἅτε
καὶ ψιλοῖς οὖσι τοῖς πλείοσι)· συνεπιέζετο δὲ τὰ μέσα, πάντων ἐπ'
αὐτὰ ὑπὸ τοῦ πέριξ δέους χωρούντων. Καὶ οὕτω καὶ ὑπ' ἀλλήλων
ὠθούμενοι καὶ συμπατούμενοι διώλλυντο· οὐδ' εἶχον οὐδὲν οὔτε
ἑαυτοῖς ἐπαρκέσαι, οὔτε ἐς τοὺς πολεμίους τολμῆσαι. Ἱππῆς γὰρ
καὶ τοξόται τὸ πλεῖστον ὄντες, ἄποροι μὲν ἐν τῷ σκότῳ προϊδέσθαι
τι, ἄποροι δὲ ἐν τῇ στενοχωρίᾳ μηχανήσασθαι, ἐγίγνοντο. Ἐπειδὴ
δὲ ἡ σελήνη ἀνέτειλεν, οἱ μὲν ἔχαιρον ὡς καὶ ἐν τῷ φωτὶ πάντως
τινὰ ἀμυνούμενοι. Κἂν ὠφελήθησάν τι, εἰ μὴ οἱ Ῥωμαῖοι κατόπιν
αὐτὴν ἔχοντες, πολλήν σφισι πλάνην, τοτὲ μὲν τῇ τοτὲ δὲ τῇ,
προσπίπτοντες, καὶ ἐν τῇ ὄψει καὶ ἐν τῷ ἔργῳ ἐνεποίουν.
Πάμπολλοί τε γὰρ ὄντες, καὶ ἐπὶ βαθύτατον κοινῇ πάντες
ἀποσκιάζοντες, ἔσφαλλον αὐτούς, ἐν ᾧ γε οὔπω προσέμισγόν
σφισιν. Ἐς γὰρ τὸ κενὸν οἱ βάρβαροι, ὡς καὶ ἐγγὺς αὐτῶν ὄντων,
μάτην ἔπαιον, καὶ ὁμόσε χωρήσαντες ἐν τῇ σκιᾷ, μὴ προσδεχόμενοι
ἐτιτρώσκοντο, καὶ οὕτως ἀπέθανον αὐτῶν πολλοὶ, καὶ ἑάλωσαν
οὐκ ἐλάττους. Συχνοὶ δὲ καὶ διέφυγον, ἄλλοι τε καὶ ὁ Μιθριδάτης.
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Traduction française :
[36,47] Voici la description de cette bataille : d'abord, à un signal convenu,
tous les trompettes à la fois sonnèrent la charge. Ensuite les soldats,
les valets et les gens attachés à l'armée poussèrent tous ensemble un
cri de guerre. Ils frappaient, ceux-ci les boucliers avec les lances,
ceux-là les ustensiles d'airain avec des pierres : les sons, réfléchis et
répétés par les flancs creux des montagnes, répandaient le plus grand
effroi. Les barbares, surpris au milieu de la nuit et dans des lieux
déserts par ce bruit soudain, furent épouvantés, comme s'ils avaient
été frappés d'un fléau envoyé par les dieux. En ce moment, les
Romains, de tous les points qu'ils occupaient sur les hauteurs,
lancèrent des pierres, des traits et des javelots, qui, tombant sur des
masses compactes, faisaient toujours quelques blessures et
réduisirent les barbares à la position la plus critique. Équipés non pour
le combat, mais pour la route ; confondus, hommes et femmes, avec
les chevaux et les chameaux de toute espèce ; les uns à cheval, les
autres sur des chars, tels que litières couvertes et voitures de voyage ;
ceux-ci déjà blessés, ceux-là s'attendant à l'être, ils étaient en proie à
mille craintes, se serraient les uns contre les autres, et par cela même
ils trouvaient plus promptement la mort. Voilà ce qu'ils eurent à souffrir
tant qu'ils furent attaqués de loin. Lorsque les Romains, ayant épuisé
les moyens de les frapper à distance, tombèrent sur eux, ceux qui
occupaient les extrémités furent taillés en pièces : comme ils étaient la
plupart sans armes, un seul coup suffisait pour leur donner la mort. En
même temps le centre était foulé, parce qu'on s'y portait des
extrémités, par l'effet de la crainte qui régnait tout autour. Les barbares
périssaient ainsi pressés et écrasés les uns par les autres, sans avoir
aucun moyen de se défendre et sans oser rien entreprendre contre les
ennemis. Cavaliers et archers, pour la plupart, ils ne pouvaient ni voir
devant eux à cause des ténèbres, ni rien tenter dans la gorge étroite
on ils étaient engagés. La lune enfin brilla : ils s'en réjouirent dans
l'espérance de se défendre enfin à sa clarté. Ils auraient pu en tirer
quelque avantage, si les Romains, qui l'avaient par derrière, fondant
sur leurs ennemis tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, n'avaient trompé
et leurs yeux et leurs bras. Comme ils étaient fort nombreux et que
leurs corps projetaient tous ensemble des ombres bien au loin dans la
gorge ; tant qu'ils s'approchaient ainsi des barbares, ils les induisaient
en erreur. En effet, ceux-ci, croyant l'ennemi près d'eux, portaient des
coups qui se perdaient dans le vide, et ils étaient blessés sans s'y
attendre lorsqu'ils voulaient combattre ces ombres corps à corps.
Plusieurs périrent de cette manière : d'autres non moins nombreux
furent faits prisonniers, et beaucoup d'autres, parmi lesquels se
trouvait Mithridate, prirent la fuite.
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