Texte grec :
[36,36] Ἐπὶ μὲν δὴ τοῦ Ἀκιλίου τοῦ τε Πίσωνος ταῦτά τε οὕτως ἐγένετο,
καὶ κατὰ τῶν δεκασμοῦ περὶ τὰς ἀρχὰς ἁλισκομένων ἐνομοθετήθη
πρὸς αὐτῶν τῶν ὑπάτων μήτ' ἄρχειν μήτε βουλεύειν σφῶν μηδένα,
ἀλλὰ καὶ χρήματα προσοφλισκάνειν. Ἐπειδὴ γὰρ ἥ τε τῶν
δημάρχων δυναστεία ἐς τὸ ἀρχαῖον ἐπανεληλύθει, καὶ πολλοὶ τῶν
ὑπὸ τῶν τιμητῶν διαγεγραμμένων ἀναλαβεῖν τρόπον τινὰ τὴν
βουλείαν ἐσπούδαζον, συστάσεις καὶ παρακελευσμοὶ παμπληθεῖς
ἐφ' ἁπάσαις ταῖς ἀρχαῖς ἐγίγνοντο. Ἔπραξαν δὲ τοῦθ' οἱ ὕπατοι,
οὐχ ὅτι καὶ ἤχθοντο τῷ πράγματι· (αὐτοὶ γὰρ διασπουδάσαντες
ἀπεδείχθησαν, καὶ ὅ γε Πίσων καὶ γραφεὶς ἐπὶ τούτῳ, καὶ πρὸς ἑνὸς
καὶ πρὸς ἑτέρου τινὸς ἐξεπρίατο τὸ μὴ κατηγορηθῆναι·) ἀλλ' ὅτι
ἠναγκάσθησαν ὑπὸ τῆς γερουσίας. Αἴτιον δὲ ὅτι Γάιός τις
Κορνήλιος δημαρχῶν πικρότατα ἐπιτίμια τάξαι κατ' αὐτῶν
ἐπεχείρησε· καὶ αὐτὰ καὶ ὁ ὅμιλος ἡἡρεῖτο. Ἡ γὰρ βουλὴ συνιδοῦσα
ὅτι τὸ μὲν ὑπερβάλλον τῶν τιμωρημάτων ἐν μὲν ταῖς ἀπειλαῖς
ἔκπληξίν τινα ἔχει, οὔτε δὲ τοὺς κατηγορήσοντας, οὔτε τοὺς
καταψηφιουμένους τῶν ὑπαιτίων, ἅτε καὶ ἀνηκέστων αὐτῶν
ὄντων, ῥᾳδίως εὑρίσκει. Τὸ δὲ δὴ μέτριον ἔς τε τὰς κατηγορίας
συχνοὺς προάγει, καὶ τὰς καταψηφίσεις οὐκ ἀποτρέπει·
μεταρρυθμίσαι πῃ τὴν ἐσήγησιν αὐτοῦ, καὶ τοῖς ὑπάτοις
νομοθετῆσαι αὐτὴν, ἐκέλευσεν.
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Traduction française :
[36,36] Tels sont les événements qui se passèrent pendant le consulat
d'Acilius et de Pison. De plus, ils proposèrent eux-mêmes contre ceux
qui seraient convaincus de brigue dans les élections une loi qui les
déclarait incapables d'exercer aucune magistrature, de siéger dans le,
sénat, et les frappait d'une amende. Depuis que la puissance
tribunitienne avait recouvré ses anciens privilèges, et que plusieurs
citoyens dont les noms avaient été effacés par les censeurs sur la liste
du sénat, cherchaient à reconquérir leur ancienne dignité, les factions
et les cabales se multipliaient à l'infini, à propos de toutes les charges.
Les consuls ne proposèrent pas cette loi par haine contre ces menées ;
puisqu'ils avaient été élus eux même, à force d'intrigues et Pison,
déféré à la justice pour ce fait, n'avait échappé à la nécessité de se
défendre que par le dévouement d'un ou deux de ses amis ; mais
parce qu'ils y furent contraints par le sénat. Voici à quelle occasion : un
certain Caïus Cornelius, tribun du peuple, avait cherché à faire établir
les châtiments les plus sévères contre ceux qui seraient convaincus de
brigue, et le peuple avait approuvé sa proposition. Le sénat, sachant
par expérience que si les peines sont trop rigoureuses, les menaces
de la loi peuvent bien inspirer quelque terreur ; mais que, par cela
même que ces peines sont excessives, il n'est pas facile de trouver
des accusateurs, ni même des juges disposés à condamner les
coupables ; tandis que des peines modérées déterminent plusieurs
hommes à intenter des accusations et ne détournent point les juges
d'une sentence de condamnation, ordonna aux consuls d'amender
cette proposition et de la présenter au peuple ainsi adoucie.
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