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[36,26] Ἢ οἴεσθε ὅτι Πομπήιος οὗτος ἐν μὲν μειρακίῳ καὶ
στρατεύεσθαι, καὶ στρατηγεῖν, καὶ τὰ ὑμέτερα αὔξειν, καὶ τὰ τῶν
συμμάχων σώζειν, τά τε τῶν ἀνθισταμένων προσκτᾶσθαι ἐδύνατο·
νῦν δὲ ἀκμάζων, καὶ ἐν ταύτῃ τῇ ἡλικίᾳ ὢν, ἐν ᾗ πᾶς τις ἄριστος
αὐτὸς αὑτοῦ γίγνεται, καὶ ἐμπειρίαν ἐκ τῶν πολέμων πλείστην
ὅσην προσειληφώς, οὐκ ἂν ὑμῖν χρησιμώτατος γένοιτο; Ἀλλ' ὃν
ἔφηβον ὄντα ἄρχειν εἵλεσθε, τοῦτον ἄνδρα γεγονότα
ἀποδοκιμάσετε; Καὶ ᾧ ἱππεῖ ἔτ' ὄντι τοὺς πολέμους ἐκείνους
ἐνεχειρίσατε, τούτῳ βουλῆς γεγονότι τὴν στρατείαν ταύτην οὐ
πιστεύσετε; Καὶ οὗ καὶ πρὶν ἀκριβῶς πειραθῆναι, μόνου πρὸς τὰ
τότε κατεπείξαντα ὑμᾶς ἐδεήθητε, τούτῳ νῦν, ἱκανώτατα αὐτοῦ
πεπειραμένοι, τὰ παρόντα οὐδὲν ἧττον ἐκείνων ἀναγκαῖα ὄντα οὐκ
ἐπιτρέψετε; Καὶ ὃν οὐδὲ ἄρχειν ἔτι πω καὶ τότε δυνάμενον ἐπὶ τὸν
Σερτώριον ἐχειροτονήσατε, τοῦτον ὑπατευκότα ἤδη, ἐπὶ τοὺς
καταποντιστὰς οὐκ ἐκπέμψετε; Ἀλλὰ μήθ' ὑμεῖς ἄλλως πως
ποιήσητε· καὶ σύ, ὦ Πομπήιε, πείσθητι καὶ ἐμοὶ καὶ τῇ πατρίδι.
Ταύτῃ γὰρ γεγέννησαι, καὶ ταύτῃ τέθραψαι· καὶ δεῖ σε τοῖς τε
συμφέρουσιν αὐτῇ δουλεύειν, καὶ ὑπὲρ αὐτῶν μήτε πόνον τινὰ
μήτε κίνδυνον ἐξίστασθαι· ἀλλὰ κἂν ἀποθανεῖν ἀνάγκη σοι
γένηται, μὴ τὴν εἱμαρμένην ἀναμεῖναι, ἀλλὰ τῷ προστυχόντι
θανάτῳ χρῆσθαι.
| [36,26] Pensez-vous que ce même Pompée qui, dans sa jeunesse, porta
les armes, commanda des armées, augmenta notre puissance, sauva
nos alliés et fit des conquêtes sur nos ennemis, ne pourrait plus vous
être très utile, aujourd'hui qu'il est dans toute sa force et qu'il a atteint
cet âge où l'homme est supérieur à lui-même ; aujourd'hui qu'il
possède la plus grande expérience de la guerre ? Celui que vous
choisîtes pour général lorsqu'il était dans l'adolescence, le
repousserez-vous maintenant qu'il est homme ? Celui que vous
chargeâtes des guerres les plus importantes quand il était encore
simple chevalier, ne vous paraîtra-t-il pas digne de votre confiance
pour cette expédition maintenant qu'il est sénateur ? Avant de l'avoir
efficacement éprouvé, vous le recherchâtes comme votre seul appui
dans les dangers qui vous pressaient ; et maintenant que vous le
connaissez à fond, vous ne vous confieriez pas à lui dans une situation
non moins critique. Alors qu'il n'avait pas le droit d'exercer le
commandement, vous le nommâtes général contre Sertorius, et vous
ne l'enverriez pas combattre contre les pirates, après qu'il a été consul
? Citoyens, que votre choix ne se porte pas sur un autre ; et. toi,
Pompée, écoute-moi, écoute la patrie. C'est elle qui t'a donné le jour,
c’est elle qui t'a nourri : tu dois être esclave de ses intérêts et ne
reculer, pour les soutenir, devant aucune fatigue, devant aucun
danger. Fallût-il même mourir, loin d'attendre l'heure marquée par le
destin, tu devrais à l'instant courir au-devant du trépas.
| [36,27] Γελοῖος δὲ δήπουθέν εἰμι ταῦτα ἐγὼ σοὶ παραινῶν, ὅστις ἐν
τοσούτοις καὶ τηλικούτοις πολέμοις καὶ τὴν ἀνδρείαν καὶ τὴν πρὸς
τὴν πατρίδα εὔνοιαν ἐπιδέδειξαι. Πείσθητι οὖν καὶ ἐμοὶ καὶ τούτοις·
μηδὲ ὅτι τινὲς φθονοῦσι, φοβηθῇς, ἀλλὰ καὶ δι' αὐτὸ τοῦτο μᾶλλον
σπούδασον· ὥστε, πρός τε τὴν παρὰ τῶν πλειόνων φιλίαν καὶ πρὸς
τὰ κοινῇ πᾶσιν ἡμῖν συμφέροντα, καὶ τῶν βασκαινόντων σε
καταφρόνει. Καὶ εἴγε καὶ λυπῆσαί τι αὐτοὺς ἐθέλεις, καὶ διὰ τοῦτο
ἄρξον, ἵνα καὶ ἐκείνους ἀνιάσῃς, παρὰ γνώμην αὐτῶν καὶ
ἡγεμονεύσας καὶ εὐδοκιμήσας· καὶ αὐτὸς ἄξιον σεαυτοῦ τέλος τοῖς
προκατειργασμένοις ἐπαγάγῃς, πολλῶν καὶ μεγάλων κακῶν ἡμᾶς
ἀπαλλάξας. »
| [36,27] Je parais ridicule sans doute en donnant ces conseils à l'homme
qui, dans tant de guerres importantes, a déployé son courage et son
dévouement pour la patrie. Cède donc à mes instances et à celles de
tes concitoyens, Pompée. Si quelques hommes te portent envie, ne
crains rien : que ce soit même pour toi un nouveau motif de montrer
plus de zèle. L'affection du peuple et les avantages que tu procureras
à la République doivent te rendre insensible à l’envie ; et si tu as à
coeur de chagriner tes ennemis, dans cette vue même accepte le
commandement. Ils s'affligeront lorsque, malgré eux, tu auras
commandé et tu te seras couvert de gloire. Enfin, tu mettras à tes
exploits passés un couronnement digne de toi, en nous affranchissant
de maux nombreux et terribles."
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