[36,52] Ὀροίσης γὰρ, Ἀλβανῶν τῶν ὑπὲρ τοῦ Κύρνου οἰκούντων
βασιλεύς, τὸ μέν τι, καὶ τῷ Τιγράνῃ τῷ νεωτέρῳ φίλῳ οἱ ὄντι
χαρίσασθαι βουληθείς, τὸ δὲ δὴ πλεῖστον, δείσας μὴ καὶ ἐς τὴν
Ἀλβανίδα οἱ Ῥωμαῖοι ἐσβάλωσι· καὶ νομίσας ὅτι, ἂν ἐν τῷ χειμῶνι
ἀδοκήτοις σφίσι καὶ μὴ καθ' ἓν στρατοπεδευομένοις προσπέσῃ,
πάντως τι ἐξεργάσεται· ἐστράτευσεν ἐπ' αὐτοὺς παρ' αὐτὰ τὰ
Κρόνια. Καὶ αὐτὸς μὲν ἐπὶ Μέτελλον Κέλερα, παρ' ᾧ ὁ Τιγράνης ἦν,
ἤλασενΚ ἄλλους δὲ ἐπὶ τὸν Πομπήιον, καὶ ἄλλους ἐπὶ Λούκιον
Φλάκκον, τὸν τῆς τριτημορίδος ἄρχοντα, ἔπεμψενΚ ὅπως πάντες
ἅμα ταραχθέντες μὴ συμβοηθήσωσιν ἀλλήλοις. Οὐ μὴν καὶ
διεπράξατο οὐδαμόθι οὐδέν· ἐκεῖνόν τε γὰρ ὁ Κέλερ ἰσχυρῶς
ἀπεκρούσατο, καὶ ὁ Φλάκκος, ἐπειδὴ πολὺν τὸν περίβολον τῆς
ταφρείας ὄντα ἀδύνατος ἦν ὑπὸ τοῦ μεγέθους σῶσαι, ἑτέραν
ἔνδοθεν ἐποιήσατο, καὶ δόξαν ἀπ' αὐτοῦ τοῖς ἐναντίοις, ὡς καὶ
φοβηθεὶς, ἐμβαλὼν, ἐπεσπάσατο αὐτοὺς εἴσω τῆς ἔξωθεν τάφρου,
κἀνταῦθα μὴ προσδεχομένοις σφίσιν ἐπεκδραμὼν, πολλοὺς μὲν ἐν
χερσὶ, πολλοὺς δὲ καὶ φεύγοντας ἐφόνευσε. Κἀν τούτῳ ὁ Πομπήιος,
προμαθών τε τὴν πείρασιν τῶν βαρβάρων, ἣν ἐπὶ τοὺς ἄλλους
ἐπεποίηντο, προαπήντησε τοῖς ἐφ' ἑαυτὸν ἐπιοῦσιν ἀπροσδόκητος,
καὶ κρατήσας, ἐπὶ τὸν Ὀροίσην εὐθὺς, ὥσπερ εἶχεν, ἠπείχθη. Καὶ
ἐκεῖνον μὲν οὐ κατέλαβεν (ἀπωσθείς τε γὰρ ὑπὸ τοῦ Κέλερος, καὶ
μαθὼν καὶ τὰ τῶν ἄλλων πταίσματα, ἔφυγε·) τῶν μέντοι Ἀλβανῶν
συχνοὺς περὶ τὴν τοῦ Κύρνου διάβασιν συλλαβὼν, ἔφθειρε· κἀκ
τούτου δεηθεῖσιν αὐτοῖς ἐσπείσατο. Ἄλλως μὲν γὰρ καὶ σφόδρα
ἐπεθύμει ἐς τὴν χώραν αὐτῶν ἀντεμβαλεῖν· διὰ δὲ δὴ τὸν χειμῶνα
ἡδέως τὸν πόλεμον ἀνεβάλετο.
| [36,52] Orosès, roi des Albanais qui habitent au delà du Cyrnus, voulant
jusqu'à un certain point complaire à Tigrane le fils, qui était son ami ;
mais craignant par-dessus tout que les Romains n'envahissent aussi
l'Albanie, et persuadé que, s'il profitait de l'hiver pour tomber sur eux à
l'improviste, pendant qu'ils n'étaient pas réunis dans le même camp, il
pourrait remporter quelque avantage, se mit eu marche, la veille des
Saturnales. Il se dirigea en personne contre Métellus Céler, qui avait
Tigrane auprès de lui. En même temps, il envoya quelques troupes
contre Pompée et quelques autres contre Lucius Flaccus, gouverneur
de la troisième partie de la province ; afin que les Romains, inquiétés
sur tous les points à la fois, ne pussent se secourir les uns les autres ;
mais il ne réussit nulle part. Métellus Céler le repoussa
vigoureusement : quant à Flaccus, ne pouvant défendre le
retranchement qui entourait son camp, parce qu'il avait un trop vaste
circuit, il en fit creuser un autre en dedans du premier : par-là il fit
croire aux ennemis qu'il éprouvait des craintes et les attira en deçà du
retranchement extérieur ; puis fondant sur eux à l'improviste, il en
massacra un grand nombre dans la mêlée et beaucoup d'autres dans
leur fuite même. Sur ces entrefaites, Pompée, informé d'avance de
l'attaque des barbares contre la partie de l'armée romaine qui n'était
pas avec lui, fit tout à coup volte-face, mit en déroute ceux qui
s'avançaient contre lui et marcha sans retard contre Orosès ; mais il ne
put l'atteindre. Repoussé par Céler et connaissant l'échec des divers
corps de son armée, ce roi avait pris la fuite. Pompée tomba sur
plusieurs Albanais, au moment où ils traversaient le Cyrnus et en fit un
grand carnage ; puis, à la prière de ceux qui avaient échappé à la
mort, il accorda la paix. Il désirait vivement de faire une invasion dans
l'Albanie ; mais, à cause de l'hiver, il différa volontiers la guerre. Tels
furent alors les exploits de Pompée.
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