Texte grec :
[10,123] « Ἃ δέ σοι συνεχῶς παρήγγελλον, ταῦτα καὶ πρᾶττε καὶ μελέτα,
στοιχεῖα τοῦ καλῶς ζῆν ταῦτ' εἶναι διαλαμβάνων. Πρῶτον μὲν τὸν θεὸν ζῷον
ἄφθαρτον καὶ μακάριον νομίζων, ὡς ἡ κοινὴ τοῦ θεοῦ νόησις ὑπεγράφη, μηθὲν
μήτε τῆς ἀφθαρσίας ἀλλότριον μήτε τῆς μακαριότητος ἀνοίκειον αὐτῷ
πρόσαπτε· πᾶν δὲ τὸ φυλάττειν αὐτοῦ δυνάμενον τὴν μετὰ ἀφθαρσίας
μακαριότητα περὶ αὐτὸν δόξαζε. Θεοὶ μὲν γὰρ εἰσίν· ἐναργὴς γὰρ αὐτῶν ἐστιν
ἡ γνῶσις. Οἵους δ' αὐτοὺς <οἱ> πολλοὶ νομίζουσιν οὐκ εἰσίν· οὐ γὰρ
φυλάττουσιν αὐτοὺς οἵους νομίζουσιν. Ἀσεβὴς δὲ οὐχ ὁ τοὺς τῶν πολλῶν θεοὺς
ἀναιρῶν, ἀλλ' ὁ τὰς τῶν πολλῶν δόξας θεοῖς προσάπτων.
|
|
Traduction française :
[10,123] « Méditez donc, mon cher Ménecée, et ne négligez rien de tout ce
qui peut vous mener à la félicité; heureux celui qui s'est fixé dans cette
situation tranquille ! il n'a plus de souhaits à faire, puisqu'il est
satisfait de ce qu'il possède; et s'il n'a pu encore s'élever à ce degré
d'excellence il doit faire tous ses efforts pour y atteindre.
« Suivez donc les préceptes que je vous ai donnés si souvent, mettez-les
en pratique, qu'ils soient les sujets continuels de vos réflexions, parce
que je suis convaincu que vous y trouverez, pour la règle de vos murs,
une morale très régulière.
« La base sur laquelle vous devez appuyer toutes vos maximes, c'est la
pensée de l'immortalité et de l'état bienheureux des dieux : ce sentiment
est conforme à l'opinion qui s'en est répandue parmi les hommes; mais
aussi prenez garde qu'en définissant la divinité, vous lui donniez aucun
attribut qui profane la grandeur de son essence, en diminuant son éternité
ou sa félicité suprême; donnez à votre esprit sur cet Être divin tel essor
qu'il vous plaira, pourvu que son immortalité et sa béatitude n'en
reçoivent aucune atteinte.
« Il y a des dieux, c'est une connaissance consacrée à la postérité ; mais
leur existence est tout à fait différente de celle qu'ils trouvent dans
l'imagination des hommes. Celui-là donc n'est point un impie téméraire qui
bannit celle foule de divinités à qui le simple peuple rend des hommages ;
c'est plutôt cet autre qui veut donner à ces êtres divins les sentiments
ridicules du vulgaire.
|
|