Texte grec :
[10,32] οὐδὲ ἔστι τὸ δυνάμενον αὐτὰς διελέγξαι. Οὔτε
γὰρ ἡ ὁμογένεια αἴσθησις τὴν ὁμογενῆ διὰ τὴν ἰσοσθένειαν, οὔθ' ἡ
ἀνομογένεια τὴν ἀνομογένειαν, οὐ γὰρ τῶν αὐτῶν εἰσι κριτικαί· οὔτε μὴν
λόγος, πᾶς γὰρ λόγος ἀπὸ τῶν αἰσθήσεων ἤρτηται. Οὔθ' ἡ ἑτέρα τὴν ἑτέραν,
πάσαις γὰρ προσέχομεν. Καὶ τὸ τὰ ἐπαισθήματα δ' ὑφεστάναι πιστοῦται τὴν
τῶν αἰσθήσεων ἀλήθειαν. Ὑφέστηκε δὲ τό τε ὁρᾶν ἡμᾶς καὶ ἀκούειν ὥσπερ τὸ
ἀλγεῖν· ὅθεν καὶ περὶ τῶν ἀδήλων ἀπὸ τῶν φαινομένων χρὴ σημειοῦσθαι. Καὶ
γὰρ καὶ ἐπίνοιαι πᾶσαι ἀπὸ τῶν αἰσθήσεων γεγόνασι κατά τε περίπτωσιν καὶ
ἀναλογίαν καὶ ὁμοιότητα καὶ σύνθεσιν, συμβαλλομένου τι καὶ τοῦ λογισμοῦ.
Τά τε τῶν μαινομένων φαντάσματα καὶ <τὰ> κατ' ὄναρ ἀληθῆ, κινεῖ γάρ· τὸ δὲ
μὴ ὂν οὐ κινεῖ. »
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Traduction française :
[10,32] car une sensation homogène ne peut en rectifier
une autre de même espèce, parce qu'elles ont une force égale ;
non plus qu'une sensation hétérogène n'en peut rectifier une
semblable, parce que les objets dont elles jugent ne sont pas les mêmes.
Pareillement, différentes sensations ne peuvent se rectifier l'une
l'autre, vu que dans ce que nous disons nous avons égard à toutes. On ne
peut pas même dire que la raison conduise les sens, puisqu'elle dépend
d'eux. Ainsi la réalité des sensations établit la certitude des sens. En
effet, il est aussi certain que nous voyons et que nous entendons, qu'il
est certain que nous sentons de la douleur ; de sorte qu'il faut juger des
choses que nous n'apercevons point, par les signes que nous en donnent
celles que nous découvrons. On doit encore convenir que toutes nos idées
viennent des sens, et se forment par incidence, par analogie, ressemblance
et composition, à l'aide du raisonnement, qui y contribue en quelque
sorte. Les idées même des gens qui ont l'esprit troublé, et celles qui
nous naissent dans les songes, sont réelles, puisqu'elles se trouvent
accompagnées de mouvement, et que ce qui n'existe pas n'en peut
produire aucun. »
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