Texte grec :
[10,142] IX. Εἰ κατεπυκνοῦτο πᾶσα ἡδονή, καὶ χρόνῳ καὶ περὶ ὅλον τὸ ἄθροισμα
ὑπῆρχεν ἢ τὰ κυριώτατα μέρη τῆς φύσεως, οὐκ ἄν ποτε διέφερον ἀλλήλων αἱ
ἡδοναί.
X. Εἰ τὰ ποιητικὰ τῶν περὶ τοὺς ἀσώτους ἡδονῶν ἔλυε τοὺς φόβους τῆς
διανοίας τούς τε περὶ μετεώρων καὶ θανάτου καὶ ἀλγηδόνων, ἔτι τε τὸ πέρας
τῶν ἐπιθυμιῶν ἐδίδασκεν, οὐκ ἄν ποτε εἴχομεν ὅ τι μεμψαίμεθα αὐτοῖς
πανταχόθεν ἐκπληρουμένοις τῶν ἡδονῶν καὶ οὐθαμόθεν οὔτε τὸ ἀλγοῦν οὔτε τὸ
λυπούμενον ἔχουσιν, ὅπερ ἐστὶ τὸ κακόν.
XI. Εἰ μηθὲν ἡμᾶς αἱ τῶν μετεώρων ὑποψίαι ἠνώχλουν καὶ αἱ περὶ θανάτου, μή
ποτε πρὸς ἡμᾶς ᾖ τι, ἔτι τε τὸ μὴ κατανοεῖν τοὺς ὅρους τῶν ἀλγηδόνων καὶ
τῶν ἐπιθυμιῶν, οὐκ ἂν προσεδεόμεθα φυσιολογίας.
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Traduction française :
[10,142] IX. Si elle pouvait se rassembler toute en elle et qu'elle renfermât dans sa
durée la perfection des délices, elle serait toujours sans inquiétude, et
il n'y aurait pour lors point de différence entre les voluptés.
X. Si tout ce qui flatte les hommes dans la lascivité de leurs plaisirs
arrachait en même temps de leur esprit la terreur qu'ils conçoivent des
choses qui sont au-dessus d'eux, la crainte des dieux et les alarmes que
donne la pensée de la mort, et qu'ils y trouvassent le secret de savoir
désirer ce qui leur est nécessaire pour bien vivre, j'aurais tort de les
reprendre, puisqu'ils seraient au comble de tous les plaisirs, et que rien
ne troublerait en aucune manière la tranquillité de leur situation.
XI. Si tout ce que nous regardons dans les dieux comme des miracles ne nous
épouvantait point, si nous pouvions assez réfléchir pour ne point craindre
la mort, parce qu'elle ne nous concerne point ; si enfin nos connaissances
allaient jusqu'à savoir quelle est la véritable fin des maux et des biens,
l'étude et la spéculation de la physique nous seraient inutiles.
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