Texte grec :
[10,125] « Οὐθὲν γάρ ἐστιν ἐν τῷ ζῆν δεινὸν τῷ κατειληφότι γνησίως τὸ μηθὲν
ὑπάρχειν ἐν τῷ μὴ ζῆν δεινόν· ὥστε μάταιος ὁ λέγων δεδιέναι τὸν θάνατον
οὐχ ὅτι λυπήσει παρὼν ἀλλ' ὅτι λυπεῖ μέλλων. Ὃ γὰρ παρὸν οὐκ ἐνοχλεῖ
προσδοκώμενον κενῶς λυπεῖ.
« Τὸ φρικωδέστατον οὖν τῶν κακῶν ὁ θάνατος οὐθὲν πρὸς ἡμᾶς, ἐπειδή περ
ὅταν μὲν ἡμεῖς ὦμεν, ὁ θάνατος οὐ πάρεστιν· ὅταν δ' ὁ θάνατος παρῇ, τόθ'
ἡμεῖς οὐκ ἐσμέν. Οὔτε οὖν πρὸς τοὺς ζῶντάς ἐστιν οὔτε πρὸς τοὺς
τετελευτηκότας, ἐπειδή περ περὶ οὓς μὲν οὐκ ἔστιν, οἱ δ' οὐκέτι εἰσίν.
« Ἀλλ' οἱ πολλοὶ τὸν θάνατον ὁτὲ μὲν ὡς μέγιστον τῶν κακῶν φεύγουσιν, ὁτὲ
δὲ ὡς ἀνάπαυσιν τῶν ἐν τῷ ζῆν <κακῶν αἱροῦνται.
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Traduction française :
[10,125] « En effet, ce n'est point un malheur de vivre, à celui qui est une
fois persuadé que le moment de sa dissolution n'est accompagné d'aucun
mal; et c'est être ridicule de marquer la crainte que l'on a de la mort,
non pas que sa vue, dans l'instant qu'elle nous frappe, donne aucune
inquiétude, mais parce que, dans l'attente de ses coups, l'esprit se
laisse accabler par les tristes vapeurs du chagrin? Est-il possible que la
présence d'une chose étant incapable d'exciter aucun trouble en nous, nous
puissions nous affliger avec tant d'excès par la seule pensée de son approche?
« La mort, encore un coup, qui paraît la plus redoutable de tous les maux,
n'est qu'une chimère, parce qu'elle n'est rien tant que la vie subsiste;
et lorsqu'elle arrive, la vie n'est plus : ainsi elle n'a point d'empire
ni sur les vivants ni sur les morts ; les uns ne sentent pas encore sa
fureur, et les autres, qui n'existent plus, sont à l'abri de ses atteintes.
« Les âmes vulgaires évitent quelquefois la mort, parce qu'elles
l'envisagent comme le plus grand de tous les maux ;
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