Texte grec :
[10,126] Ὁ δὲ σοφὸς οὔτε παραιτεῖται τὸ ζῆν> οὔτε φοβεῖται τὸ μὴ ζῆν· οὔτε
γὰρ αὐτῷ προσίσταται τὸ ζῆν οὔτε δοξάζεται κακὸν εἶναί τι τὸ μὴ ζῆν. Ὥσπερ
δὲ τὸ σιτίον οὐ τὸ πλεῖον πάντως ἀλλὰ τὸ ἥδιστον αἱρεῖται, οὕτω καὶ χρόνον
οὐ τὸν μήκιστον ἀλλὰ τὸν ἥδιστον καρπίζεται.
« Ὁ δὲ παραγγέλλων τὸν μὲν νέον καλῶς ζῆν, τὸν δὲ γέροντα καλῶς
καταστρέφειν εὐήθης ἐστὶν οὐ μόνον διὰ τὸ τῆς ζωῆς ἀσπαστόν, ἀλλὰ καὶ διὰ
τὸ τὴν αὐτὴν εἶναι μελέτην τοῦ καλῶς ζῆν καὶ τοῦ καλῶς ἀποθνῄσκειν.
« πολὺ δὲ χείρων καὶ ὁ λέγων καλὸν μὲν μὴ φῦναι, φύντα δ' ὅπως ὤκιστα
πύλας Ἀΐδαο περῆσαι.
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Traduction française :
[10,126] elles tremblent aussi très souvent par le chagrin qu'elles ont de
perdre tous les plaisirs qu'elle leur arrache, et de l'éternelle inaction où elle
les jette; c'est sans raison que la pensée de ne plus vivre leur donne de
l'horreur, puisque la perte de la vie ôte le discernement que l'on pourrait avoir,
que la cessation d'être enfermât en soi quelque chose de mauvais; et de
même qu'on ne choisit pas l'aliment par sa quantité, mais par sa
délicatesse, ainsi le nombre des années ne fait pas la félicité de notre
vie ; c'est la manière dont on la passe qui contribue à son agrément.
« Qu'il est ridicule d'exhorter un jeune homme à bien vivre, et de faire
comprendre à celui que la vieillesse approche du tombeau, qu'il doit
mourir avec fermeté ; ce n'est pas que ces deux choses ne soient
infiniment estimables d'elles-mêmes, mais c'est que les spéculations qui
nous font trouver des charmes dans une vie réglée nous mènent avec
intrépidité jusqu'à l'heure de la mort.
« C'est une folie beaucoup plus grande d'appeler le non-être un bien, ou
de dire que, dès l'instant qu'on a vu la lumière, il faut s'arracher à la vie.
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