Texte grec :
[10,122] Μετιτέον δ' ἐπὶ τὴν ἐπιστολήν· Ἐπίκουρος Μενοικεῖ χαίρειν.
« Μήτε νέος τις ὢν μελλέτω φιλοσοφεῖν, μήτε γέρων ὑπάρχων κοπιάτω
φιλοσοφῶν· οὔτε γὰρ ἄωρος οὐδείς ἐστιν οὔτε πάρωρος πρὸς τὸ κατὰ ψυχὴν
ὑγιαῖνον. Ὁ δὲ λέγων ἢ μήπω τοῦ φιλοσοφεῖν ὑπάρχειν ὥραν ἢ παρεληλυθέναι
τὴν ὥραν ὅμοιός ἐστι τῷ λέγοντι πρὸς εὐδαιμονίαν ἢ μὴ παρεῖναι τὴν ὥραν ἢ
μηκέτι εἶναι. Ὥστε φιλοσοφητέον καὶ νέῳ καὶ γέροντι, τῷ μὲν ὅπως γηράσκων
νεάζῃ τοῖς ἀγαθοῖς διὰ τὴν χάριν τῶν γεγονότων, τῷ δ' ὅπως νέος ἅμα καὶ
παλαιὸς ᾖ διὰ τὴν ἀφοβίαν τῶν μελλόντων. Μελετᾶν οὖν χρὴ τὰ ποιοῦντα τὴν
εὐδαιμονίαν, εἴ περ παρούσης μὲν αὐτῆς πάντα ἔχομεν, ἀπούσης δὲ πάντα
πράττομεν εἰς τὸ ταύτην ἔχειν.
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Traduction française :
[10,122] ÉPICURE A MÉNECÉE. SALUT.
« La jeunesse n'est point un obstacle à l'étude de la philosophie.
On ne doit point différer d'acquérir ces connaissances, de même qu'on ne
doit point avoir de honte de consacrer ses dernières années au travail de
la spéculation. L'homme n'a point de temps limité, et ne doit jamais
manquer de force pour guérir son esprit de tous les maux qui l'affligent.
« Ainsi celui qui excuse sa négligence sur ce qu'il n'a pas encore assez
de vigueur pour cette laborieuse application, ou parce qu'il a laissé
échapper les moments précieux qui pouvaient le conduire à cette
découverte, ne parle pas mieux que l'autre qui ne veut pas se tirer de
l'orage des passions, ni des malheurs de la vie, pour en mener une plus
tranquille et plus heureuse, parce qu'il prétend que le temps de cette
occupation nécessaire n'est pas encore arrivé ; ou qu'il s'est écoulé
d'une manière irréparable.
« Il faut donc que les jeunes gens devancent la force de leur esprit, et
que les vieux rappellent toutes celles dont ils sont capables pour
s'attacher à la philosophie ; l'un doit faire cet effort afin qu'arrivant
insensiblement au terme prescrit à ses jours, il persévère dans l'habitude
de la vertu qu'il s'est acquise ; et l'autre afin qu'étant chargé
d'années, il connaisse que son esprit à toute la fermeté de la jeunesse
pour se mettre au-dessus de tous les événements de la fortune, et pour lui
faire regarder avec intrépidité tout ce qui peut l'alarmer dans la
spéculation de l'avenir, dont il est si proche.
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