Texte grec :
[4,8] CHAPITRE VIII : ΛΑΚΥΔΗΣ.
59) Λακύδης Ἀλεξάνδρου Κυρηναῖος. Οὗτός ἐστιν ὁ τῆς νέας
Ἀκαδημείας κατάρξας καὶ Ἀρκεσίλαον διαδεξάμενος, ἀνὴρ σεμνότατος καὶ
οὐκ ὀλίγους ἐσχηκὼς ζηλωτάς· φιλόπονός τε ἐκ νέου καὶ πένης μέν,
εὔχαρις δ’ ἄλλως καὶ εὐόμιλος. Τοῦτόν φασι καὶ περὶ οἰκονομίαν γλυκύτατα
ἐσχηκέναι· ἐπειδὰν γάρ τι προέλοι τοῦ ταμείου, σφραγισάμενος πάλιν εἴσω
τὸν δακτύλιον διὰ τῆς ὀπῆς ἐρρίπτει, ὡς μηδέποτ’ αὐτοῦ περιαιρεθείη τι καὶ
βασταχθείη τῶν ἀποκειμένων, μαθόντα δὴ τοῦτο τὰ θεραπόντια
ἀπεσφράγιζε καὶ ὅσα ἐβούλετο ἐβάσταζεν· ἔπειτα τὸν δακτύλιον τὸν αὐτὸν
τρόπον διὰ τῆς ὀπῆς ἐνίει εἰς τὴν στοάν· καὶ τοῦτο ποιοῦντα οὐδεπώποτε
ἐφωράθη.
60) Ὁ γοῦν Λακύδης ἐσχόλαζεν ἐν Ἀκαδημείᾳ ἐν τῷ κατασκευασθέντι
κήπῳ ὑπὸ Ἀττάλου τοῦ βασιλέως, καὶ Λακύδειον ἀπ’ αὐτοῦ
προσηγορεύετο. Καὶ μόνος τῶν ἀπ’ αἰῶνος ζῶν παρέδωκε τὴν σχολὴν
Τηλεκλεῖ καὶ Εὐάνδρῳ τοῖς Φωκαεῦσι. Παρὰ δ’ Εὐάνδρου διεδέξατο
Ἡγησίνους Περγαμηνός, ἀφ’ οὗ Καρνεάδης. Χάριεν δ’ εἰς τὸν Λακύδην
ἀναφέρεται· Ἀττάλου γὰρ αὐτὸν μεταπεμπομένου φασὶν εἰπεῖν τὰς εἰκόνας
πόρρωθεν δεῖν θεωρεῖσθαι. Ὀψὲ δὲ αὐτῷ γεωμετροῦντι λέγει τις, "εἶτα νῦν
καιρός;" <καὶ ὅς·> "εἶτα μηδὲ νῦν;"
61) Ἐτελεύτησε δὲ σχολαρχεῖν ἀρξάμενος τῷ τετάρτῳ ἔτει τῆς
τετάρτης καὶ τριακοστῆς καὶ ἑκατοστῆς Ὀλυμπιάδος, τῆς σχολῆς
ἀφηγησάμενος ἓξ πρὸς τοῖς εἴκοσιν ἔτη· ἡ τελευτὴ δὲ αὐτῷ παράλυσις ἐκ
πολυποσίας. Καὶ αὐτῷ προσεπαίξαμεν ἡμεῖς οὑτωσί·
Καὶ σέο, Λακύδη, φάτιν ἔκλυον ὡς ἄρα καὶ σὺ
Βάκχου ἑλὼν Ἀΐδην ποσσὶν ἔσυρες ἄκροις.
Ἦ σαφὲς ἦν· Διόνυσος ὅταν πολὺς ἐς δέμας ἔλθῃ,
λῦσε μέλη· διὸ δὴ μήτι Λυαῖος ἔφυ;
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Traduction française :
[4,8] CHAPITRE VIII : LACYDE.
(59) Lacyde de Cyrène, fils d’Alexandre et successeur d’Arcésilas, a
fondé la nouvelle Académie. Homme de mœurs austères, il eut un grand
nombre d’imitateurs. Dès sa jeunesse, il avait montré une grande ardeur
pour l’étude. Il était pauvre, mais affable et d’un commerce agréable. On
prétend qu’il était d’une parcimonie outrée dans l’administration de sa
maison : ainsi, lorsqu’il avait pris quelques provisions dans son office, il en
scellait la porte avec un anneau qu’il jetait ensuite en dedans par un trou,
afin qu’on ne pût rien toucher ni dérober de ce qu’il y déposait. Mais les
domestiques s’en étant aperçus, rompaient le sceau, prenaient tout ce
qu’ils voulaient, et, après avoir scellé de nouveau la porte, ils jetaient
comme lui l’anneau à l’intérieur ; ils réitérèrent souvent ce manége, sans
être jamais découverts.
(60) Lacyde enseignait à l’Académie, dans un jardin qu’il tenait de la
générosité du roi Attale, et qui s’appelait de son nom Lacydée. Il est le
seul qu’on sache avoir disposé de son école pendant sa vie : il la céda à
Téléclès et à Évandre, de Phocée. Évandre la transmit à Hégésinus de
Pergame, auquel succéda Carnéade. On attribue à Lacyde ce bon mot :
Attale l’ayant mandé à sa cour, il répondit que les statues demandaient à
être vues de loin. Il s’était adonné fort tard à la géométrie ; quelqu’un lui
ayant dit : « Est-il temps encore ? » il répondit : « N’est-il pas encore
temps ? »
(61) Il avait succédé à Arcésilas, la quatrième année de la cent
trente-troisième olympiade, et fut vingt-six ans à la tête de l’Académie. Il
mourut d’une paralysie, à la suite d’excès de vin. J’ai fait sur lui ces vers
satiriques :
Ô Lacyde, j’ai appris ta destinée ; je sais que, toi aussi, sous l’influence
de Bacchus, tu descendis à pas rapides vers Pluton. Peut-on dire après cela
que Bacchus, pris à larges traits, ôte les jambes? Non ! c’est à tort qu’on l’a
surnommé Lyaeus !
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