Texte grec :
[1,86] Καὶ τὸ μὲν ἰσχυρὸν γενέσθαι τῆς φύσεως
ἔργον· τὸ δὲ λέγειν δύνασθαι τὰ συμφέροντα
τῇ πατρίδι ψυχῆς ἴδιον καὶ φρονήσεως.
Εὐπορίαν δὲ χρημάτων πολλοῖς καὶ διὰ τύχην
περιγίνεσθαι. Ἔλεγε δὲ ἀτυχῆ εἶναι τὸν
ἀτυχίαν μὴ φέροντα· καὶ νόσον ψυχῆς τὸ τῶν
ἀδυνάτων ἐρᾶν, ἀλλοτρίων δὲ κακῶν
ἀμνημόνευτον εἶναι. Ἐρωτηθεὶς τί δυσχερές, «
Τὴν ἐπὶ τὸ χεῖρον, » ἔφη, « μεταβολὴν εὐγενῶς
ἐνεγκεῖν. » Συμπλέων ποτὲ ἀσεβέσι,
χειμαζομένης τῆς νεὼς κἀκείνων τοὺς θεοὺς
ἐπικαλουμένων, « Σιγᾶτε, » ἔφη, « μὴ
αἴσθωνται ὑμᾶς ἐνθάδε πλέοντας. »
Ἐρωτηθεὶς ὑπὸ ἀσεβοῦς ἀνθρώπου τί ποτέ
ἐστιν εὐσέβεια, ἐσίγα. Τοῦ δὲ τὴν αἰτίαν τῆς
σιγῆς πυθομένου, « Σιωπῶ, » ἔφη, « ὅτι περὶ
τῶν οὐδέν σοι προσηκόντων πυνθάνῃ. »
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Traduction française :
[1,86] II disait aussi que la force du corps est un don de
la nature, mais que de savoir conseiller ce qui est utile
à sa patrie est une qualité de l'âme et d'un bon
jugement; que beaucoup de gens ne doivent leur
opulence qu'au hasard ; qu'on est malheureux de ne
pas savoir supporter l'infortune; et que c'est une
maladie de l'âme de convoiter des choses impossibles,
pendant qu'on oublie les maux d'autrui. Quelqu'un lui
ayant demandé ce qu'il y avait de plus difficile à faire :
C'est, répondit-il, d'endurer courageusement quelque
revers de fortune. Un jour qu'il était sur mer avec des
gens d'un caractère impie, il s'éleva une tempête si
furieuse que ces gens même se mirent à invoquer les
dieux. Taisez-vous, leur dit-il, de crainte qu'ils ne
s'aperçoivent que vous êtes sur ce vaisseau. Un
méchant homme lui ayant demandé ce que c'est que
la piété, il ne lui répondit rien ; et comme cet homme
lui demandait la raison de son silence : Je me tais, lui
dit-il, parce que tu t'informes de choses qui ne te regardent pas.
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