[34-35,11] Ὅτι Δαμόφιλός τις ἦν τὸ γένος Ἐνναῖος, τὴν οὐσίαν μεγαλόπλουτος,
τὸν τρόπον ὑπερήφανος, ὃς πολλὴν χώρας περίοδον γεωργῶν,
παμπληθεῖς δὲ βοσκημάτων ἀγέλας κεκτημένος οὐ μόνον τὴν τρυφὴν τῶν
κατὰ Σικελίαν Ἰταλικῶν ἐζήλωσεν, ἀλλὰ καὶ τὸ κατὰ τοὺς οἰκέτας πλῆθος
καὶ τὴν εἰς τούτους ἀπανθρωπίαν καὶ βαρύτητα. Ἐπὶ μὲν γὰρ τῆς χώρας
ἵππους τε πολυτελεῖς καὶ τετρακύκλους ἀπήνας μετ' οἰκετῶν στρατιωτικῶν
περιήγετο· πρὸς δὲ τούτοις εὐπρεπῶν παίδων πλῆθος, ἔτι δὲ κολάκων
ἀνάγωγον παραδρομὴν ἔχειν ἐφιλοτιμεῖτο. Κατὰ δὲ τὴν πόλιν καὶ τὰς
ἐπαύλεις ἀργυρωμάτων ἐκθέσεις τορευτῶν καὶ στρωμάτων θαλαττίων
πολυτελείας ἐκπονούμενος παρετίθετο τραπέζας ὑπερηφάνους καὶ
βασιλικὰς ταῖς δαψιλείαις, ὑπεραίρων τὴν Περσικὴν τρυφὴν ταῖς δαπάναις
καὶ πολυτελείαις· ὑπερέβαλε δὲ καὶ κατὰ τὴν ὑπερηφανίαν. Ἀνάγωγος γὰρ
καὶ ἀπαίδευτος τρόπος ἐξουσίας ἀνυπευθύνου καὶ τύχης μεγαλοπλούτου
κυριεύσας τὸ μὲν πρῶτον κόρον ἐγέννησεν, εἶθ' ὕβριν, τὸ δὲ τελευταῖον
ὄλεθρόν τε αὐτῷ καὶ συμφορὰς μεγάλας τῇ πατρίδι. Ἀγοράζων γὰρ
οἰκετῶν πλῆθος ὑβριστικῶς αὐτοῖς προσεφέρετο, στίγμασι σιδήρου
χαράττων τὰ σώματα τῶν ἐλευθέρων μὲν ἐν ταῖς πατρίσι γεγενημένων,
αἰχμαλωσίας δὲ καὶ δουλικῆς τύχης πεπειραμένων. Καὶ τούτων τοὺς μὲν
πέδαις δεσμεύων εἰς τὰς συνεργασίας ἐνέβαλλε, τοὺς δὲ νομεῖς
ἀποδεικνύων οὔτ' ἐσθῆτας οὔτε τροφὰς ἐχορήγει τὰς ἁρμοττούσας.
| [34-35,11] {Excerpt. de Virt. et Vit, p. 600}. — Damophilus, natif d'Enna, homme
très riche, hautain, propriétaire d'une grande étendue de terrain et de
nombreux troupeaux, imita non seulement le luxe des Italiens de la Sicile,
mais encore la dureté et les mauvais traitements qu'ils faisaient subir à
leurs esclaves. Il parcourait le pays sur des chars à quatre roues, traînés
par de magnifiques chevaux, et entouré de domestiques armés
militairement ; de plus, il se faisait suivre par une multitude de beaux
garçons et par une troupe de courtisans. Dans sa maison de ville et dans
ses habitations de campagne, on voyait exposés des ouvrages d'argent
ciselé, de riches tapis de pourpre ; sa table était d'un luxe royal ; enfin, il
surpassait les Perses par la somptuosité et la magnificence des repas, de
même qu'il l'emportait sur les autres en insolence. C'était d'ailleurs un
homme sans conduite et sans éducation, qui devait son immense fortune
au hasard ; gorgé de biens, il devint d'abord insolent, et prépara à sa
patrie de grands malheurs. Propriétaire d'un grand nombre d'esclaves, il
les traitait insolemment ; il marquait avec un fer ceux qui étaient nés libres
dans leur patrie, mais que la guerre avait réduits en esclavage; il
enchaînait les uns et les condamnait aux travaux forcés; il employait les
autres à garder les troupeaux, et ne leur donnait ni vêtements ni nourriture
suffisante. Ce même Damophilus, arrogant et cruel, infligeait chaque jour
à quelques-uns de ses domestiques des traitements indignes. Sa femme
Mégallis, se réjouissant de ces indignes traitements, se conduisait non
moins cruellement envers les servantes qui lui tombaient sous la main.
Exaspérés par la hauteur et la dureté de leur maître, et ne sentant que le
mal présent, dont ils s'exagéraient la gravité, les esclaves s'insurgèrent.
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