HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Diodore de Sicile, La Bibliothèque historique, livre XXXI (fragments)

Fragment 3

  Fragment 3

[31,3] Ὅτι ἀληθὲς ἦν ἄρα, ὡς ἔοικε, τὸ ῥηθὲν ὑπό τινων τῶν πάλαι σοφῶν, ὅτι συγγνώμη τιμωρίας αἱρετωτέρα. Πάντες γὰρ ἀποδεχόμεθα τοὺς ἐπιεικῶς χρωμένους ταῖς ἐξουσίαις, προσκόπτομεν δὲ τοῖς προπετῶς τὰς κολάσεις λαμβάνουσι παρὰ τῶν ὑπο πεσόντων. Διόπερ ὁρῶμεν τοὺς μὲν πρὸς τὰ παράδοξα τῆς τύχης καλῶς τεθησαυρικότας τὰς χάριτας παρὰ τοῖς εὖ παθοῦσι, τοὺς δὲ οὐ μόνον ἐν ταῖς ἐναντίαις περιστάσεσιν ὁμοίαν ἀπολαμβάνοντας τιμωρίαν παρὰ τῶν ἀγνωμονηθέντων, ἀλλὰ καὶ τὸν κοινὸν πρὸς τοὺς ἐπταικότας ἔλεον ἑαυτῶν παρῃρημένους. Οὐ γὰρ δίκαιον τὸν ἐπὶ τῶν ἄλλων ἀπειπάμενον πᾶσαν φιλανθρωπίαν αὐτὸν ἐν μέρει περιπταίσαντα τυγχάνειν τῆς παρὰ τῶν κρατούντων ἐπιεικείας. Καίτοι γε πολλοὶ τῷ μεγέθει τῆς κατὰ τῶν ἐχθρῶν τιμωρίας σεμνύνεσθαι τολμῶσιν, οὐ προσηκόντως τοῦτο ποιοῦντες. Τί γὰρ λαμπρὸν μέγα τὸ τοὺς πεσόντας ὑπὸ τὴν ἐξουσίαν περιβαλεῖν ἀνηκέστοις συμφοραῖς; τί δὲ ὄφελος τῆς γεγενημένης νίκης, ἂν ὑπερηφάνως χρησάμενοι τοῖς κατορθώμασιν ἐξαλείφωμεν τὴν προυυπάρχουσαν εὐφημίαν, ἀνάξιοι φανέντες τῶν εὐτυχηθέντων; μέγιστον γὰρ καρπὸν δικαίως ἄν τις ἡγήσαιτο τοῖς πραγμάτων ὀρεγομένοις τὴν ἐπὶ τοῖς καλοῖς ἔργοις εὐδοξίαν. Διὸ καὶ θαυμάσαι τις ἂν πῶς ἅπαντες σχεδὸν ὁμολογοῦντες εἶναι τὴν ἐν ἀρχῇ περιβοηθεῖσαν ἀπόφασιν ἀληθῆ καὶ συμφέρουσαν ἐπὶ τῆς πείρας οὐ βεβαιοῦσι τὴν ἰδίαν γνώμην. Δεῖ δέ, οἶμαι, τοὺς νοῦν ἔχοντας, ὅταν τὰ μέγιστα ἐπιτυγχάνωσι, τότε μάλιστα τῆς ἐναντίας περιστάσεως ἔννοιαν λαμβάνειν, καὶ νικᾶν μὲν ἀνδρείᾳ τοὺς ἀντιτεταγμένους, ἡττᾶσθαι δὲ εὐγνωμοσύνῃ τοῦ τῶν ἐπταικότων ἐλέου. Ταῦτα γὰρ συμβάλλεται μεγάλα πρὸς αὔξησιν πᾶσι μὲν ἀνθρώποις, μάλιστα δὲ τοῖς ἡγεμονίας προεστηκόσιν. Ἕκαστος γὰρ τῶν ἠσθενηκότων ἑκουσίως ὑποταττόμενος προθύμως αὑπηρετεῖ καὶ πάντα συμπράττει μετ' εὐνοίας. Ταύτης δ' ἐοίκασι Ῥωμαῖοι μάλιστα πεποιῆσθαι πρόνοιαν, βουλευόμενοι πραγματικῶς καὶ ταῖς εἰς τοὺς κρατηθέντας εὐεργεσίαις θηρώμενοι παρὰ μὲν τῶν εὖ παθόντων χάριτας ἀειμνήστους, παρὰ δὲ τῶν ἄλλων πάντων τὸν δίκαιον ἔπαινον. [31,3] Quelques sages de l'antiquité ont émis cette belle maxime, qu'il vaut mieux pardonner que punir. Nous estimons ceux qui exercent le pouvoir avec bienveillance, tandis que nous éprouvons de l'aversion pour ceux qui traitent impitoyablement les vaincus. Aussi voyons-nous les uns, tombés dans le malheur, secourus par ceux qu'ils avaient traités très généreusement, tandis que les autres, tombés dans les mêmes infortunes, éprouvent non seulement la rigueur du sort qu'ils ont fait subir aux autres, mais ils sont même regardés comme indignes de la compassion accordée aux malheureux. Il n'est pas juste, en effet, que celui qui s'est montré sans pitié envers les autres, éprouve les effets de la puissance du vainqueur, lorsqu'il tombe dans le malheur. Et cependant il y a des gens assez insensés pour se glorifier de la vengeance excessive qu'ils ont exercée envers leurs ennemis. Quelle gloire et quelle grandeur y a-t-il pour les vainqueurs à torturer les vaincus? Quel résultat pouvons-nous espérer d'une victoire remportée, si, abusant avec orgueil de nos succès, nous laissons s'évanouir une brillante renommée, et si nous nous montrons indignes des faveurs de la fortune? Une réputation, fondée sur l'accomplissement des belles actions, est assurément le meilleur résultat que puissent ambitionner ceux qui aspirent au commandement. On ne saurait trop s'étonner en voyant que presque tous ceux qui admirent cette maxime, agissent contrairement à cette opinion, une fois arrivés au pouvoir. Les hommes sages doivent, au sein des grandeurs, songer aux vicissitudes de la fortune, et vainqueurs de l'ennemi par le courage, ils doivent se laisser vaincre à leur tour par la clémence et la pitié envers les vaincus. Cette maxime a aidé puissamment tous les hommes à parvenir à la grandeur, et surtout ceux qui sont à la tête des gouvernements. Les hommes vulgaires, lorsqu'ils se soumettent de bon gré, obéissent avec empressement et rendent volontiers des services. Aussi les Romains se sont-ils attachés principalement à gagner la bienveillance des peuples; ils sont guidés, en cela, par une habile politique. Car, en comblant les vaincus de bienfaits, ils leur inspirent une reconnaissance éternelle, et se rendent dignes en même temps de l'admiration de tous les hommes.


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Dernière mise à jour : 23/10/2008