Texte grec :
[17,28] Τῆς γὰρ Λυκίας περὶ τὰς ἐσχατιὰς πέτραν μεγάλην ὀχυρότητι
διαφέρουσαν ᾤκουν οἱ Μαρμαρεῖς ὀνομαζόμενοι, οἵτινες παριόντος
᾿Αλεξάνδρου τὸ χωρίον ἐπέθεντο τοῖς κατὰ τὴν οὐραγίαν Μακεδόσι καὶ
συχνοὺς ἀνελόντες πολλὰ τῶν σωμάτων καὶ τῶν ὑποζυγίων ἀφήρπασαν. (2)
Ἐπὶ δὲ τούτοις ὁ βασιλεὺς παροξυνθεὶς συνεστήσατο πολιορκίαν καὶ πᾶσαν
εἰσεφέρετο σπουδὴν βίᾳ κρατῆσαι τοῦ χωρίου. Οἱ δὲ Μαρμαρεῖς ἀνδρείᾳ
διαφέροντες καὶ τῇ τῶν τόπων ἐρυμνότητι πιστεύοντες ὑπέμενον εὐρώστως
τὴν πολιορκίαν. Ἐπὶ μὲν οὖν ἡμέρας δύο συνεχεῖς ἐγίνοντο προσβολαὶ καὶ
φανερὸς ἦν ὁ βασιλεὺς οὐκ ἀποστησόμενος ἕως ἂν ἕλῃ τὴν πέτραν. (3) Οἱ δὲ
πρεσβύτεροι τῶν Μαρμαρέων τὸ μὲν πρῶτον συνεβούλευον τοῖς νέοις
παυσαμένοις τῆς βίας ἐφ' οἷς ἦν δυνατὸν συλλυθῆναι πρὸς τὸν βασιλέα· οὐ
πειθομένων δ' αὐτῶν, ἀλλὰ πάντων φιλοτιμουμένων συναποθανεῖν τῇ τῆς
πατρίδος ἐλευθερίᾳ παρεκάλεσαν αὐτοὺς τέκνα μὲν καὶ γυναῖκας καὶ τοὺς
γεγηρακότας ἀνελεῖν, αὐτοὺς δὲ τοὺς δυναμένους διὰ τῆς ἀλκῆς σώζεσθαι
νυκτὸς διὰ μέσων τῶν πολεμίων διεκπεσεῖν καὶ καταφυγεῖν εἰς τὴν πλησίον
ὀρεινήν. (4) Συγκαταθεμένων δὲ τῶν νέων καὶ προσταξάντων κατ' οἰκίαν
ἑκάστους μετὰ τῆς συγγενείας ἀπολαύσαντας τῶν προσηνεστάτων βρωτῶν
τε καὶ ποτῶν ὑπομεῖναι τὸ δεινὸν ἔδοξε τοῖς νέοις, οὖσιν ὡς ἑξακοσίοις, τοῦ
μὲν φονεύειν τοὺς προσήκοντας ἀποσχέσθαι, τὰς δ' οἰκίας ἐμπρῆσαι καὶ διὰ
τῶν πυλῶν ἐκχυθέντας εἰς τὴν ὀρεινὴν ἀποχωρῆσαι. (5) Οὗτοι μὲν οὖν τὰ
δεδογμένα συντελέσαντες ταῖς ἰδίαις ἑστίαις ἑκάστους ἐποίησαν ἐνταφῆναι,
αὐτοὶδὲ διὰ μέσων τῶν περιεστρατοπεδευκότων ἔτι νυκτὸς οὔσης
διεκπεσόντες ἔφυγον εἰς τὴν πλησίον ὀρεινήν. Ταῦτα μὲν οὖν ἐπράχθη κατὰ
τοῦτον τὸν ἐνιαυτόν.
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Traduction française :
[17,28] Des peuples nommés Marmarenses habitaient vers les extrémités de la Lycie sur un rocher escarpé.
Alexandre ayant mis pied à terre fur la cote voisine, ces Barbares prirent les Macédoniens en queue, et après en
avoir tué plusieurs, ils firent encore beaucoup de prisonniers et leur enlevèrent un grand nombre de chevaux de
charge : (2) le roi irrité, forma le siège autour de leur fort avec une grande impatience de l'emporter. Les
Marmarenses qui avaient du courage et qui comptaient beaucoup sur la hauteur inaccessible de leur poste,
soutenaient courageusement les attaques de l'ennemi ; elles furent consécutives pendant deux jours entiers, et le
roi voulait venir à bout de son entreprise. (3) Les vieillards du lieu conseillèrent alors aux jeunes gens de mettre
fin a leur résistance et de se rendre au roi aux meilleures conditions qu'ils pourraient obtenir de lui. Les jeunes
gens n'acceptèrent point ce conseil et déclarèrent qu'ils voulaient mourir avec la liberté de leur patrie. Les
vieillards répliquèrent que, puisqu'ils refusaient de se rendre, ils leur conseillaient de les tuer eux-mêmes aussi
bien que leurs femmes et leurs enfants ; après quoi, tous ceux qui seraient dans la force de l'âge tâcheraient de
s'échapper la nuit à travers les ennemis et de se réfugier en quelque retraite de leurs montagnes. (4) La jeunesse
se prêta à ce second avis et on régla que chacun d'eux assemblant toute sa famille fit chez soi un festin où l'on
servirait tout ce qui restait de vivres dans chaque maison ; après quoi on se résoudrait à exécuter l'avis proposé :
ces jeunes hommes, qui étaient à peu près au nombre de six cents, jugèrent pourtant ensuite qu'il ferait affreux
d'égorger eux-mêmes leurs parents : ainsi ils se déterminèrent à mettre le feu dans leurs maisons ; après quoi ils
se réfugieraient sur quelque montagne voisine. (5) C'est ainsi qu'ils donnèrent au moins pour sépulture à leurs
parents leur propre demeure et pour eux, traversant comme on se l'était proposé, le camp ennemi à la faveur des
ténèbres, ils arrivèrent sur une autre montagne de ces cantons : voila ce qui s'est passé de plus considérable dans
cette année.
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