Texte grec :
[17,103] Τῆς δ' ἐσχάτης τῶν Βραχμάνων πόλεως, ἣν
ὀνομάζουσιν ῾Αρματήλια, πεφρονηματισμένης ἐπ'
ἀνδρείᾳ καὶ δυσχωρίαις ἀπέστειλεν ὀλίγους τῶν ψιλῶν,
προστάξας ἐξάπτεσθαι τῶν πολεμίων καὶ ἐὰν ἐπεξίωσιν
ὑποφεύγειν. (2) Οὗτοι μὲν οὖν ὄντες πεντακόσιοι καὶ
προσμαχόμενοι τοῖς τείχεσι κατεφρονήθησαν.
Ἐπεξελθόντων δ' ἐκ τῆς πόλεως στρατιωτῶν τρισχιλίων
προσποιηθέντες καταπεπλῆχθαι πρὸς φυγὴν ὥρμησαν.
(3) Ὁ δὲ βασιλεὺς μετ' ὀλίγον ὑποστὰς τοὺς διώκοντας
τῶν βαρβάρων καὶ μάχην καρτερὰν συστησάμενος οὓς
μὲν ἀπέκτεινε τῶν βαρβάρων, οὓς δ' ἐζώγρησε.
{LVII} Τῶν δὲ μετὰ τοῦ βασιλέως οὐκ ὀλίγοι τρωθέντες εἰς τοὺς
ἐσχάτους ἦλθον κινδύνους· (4) ὁ γὰρ τῶν βαρβάρων
σίδηρος κεχρισμένος ἦν φαρμάκου θανασίμου δυνάμει,
ᾗ πεποιθότες κατέβησαν εἰς τὴν διὰ τῆς μάχης κρίσιν.
Κατεσκεύαστο δὲ ἡ τοῦ φαρμάκου δύναμις ἔκ τινων
ὄφεων θηρευομένων καὶ τούτων εἰς τὸν ἥλιον νεκρῶν
τιθεμένων. (5) Τῆς δ' ἐκ τοῦ καύματος θερμασίας
τηκούσης τὴν τῆς σαρκὸς φύσιν ἱδρῶτας ἐκπίπτειν
συνέβαινε καὶ διὰ τῆς νοτίδος συνεκκρίνεσθαι τὸν τῶν
θηρίων ἰόν. Διὸ καὶ τοῦ τρωθέντος εὐθὺς ἐνάρκα τὸ
σῶμα καὶ μετ' ὀλίγον ὀξεῖαι συνηκολούθουν ὀδύναι καὶ
σπασμὸς καὶ τρόμος τὸν ὅλον ὄγκον κατεῖχεν, ὅ τε χρὼς
ψυχρὸς καὶ πελιδνὸς ἐγίνετο καὶ διὰ τῶν ἐμέτων
ἐξέπιπτεν χολή, πρὸς δὲ τούτοις ἀπὸ τοῦ τραύματος
μέλας ἀφρὸς ἀπέρρει καὶ σηπεδὼν ἐγεννᾶτο. Αὕτη δὲ
νεμομένη ταχέως ἐπέτρεχε τοῖς καιρίοις τόποις τοῦ
σώματος καὶ δεινοὺς θανάτους ἀπειργάζετο. (6) Διὸ
συνέβαινε τὰ ἴσα τοῖς μεγάλα τραύματ' εἰληφόσι καὶ
τοῖς μικρὰν καὶ τὴν τυχοῦσαν ἀμυχὴν ἀναδεξαμένοις.
Τοιαύτῃ δ' ἀπωλείᾳ τῶν τρωθέντων ἀπολλυμένων ἐπὶ
μὲν τοῖς ἄλλοις οὐχ οὕτως ὁ βασιλεὺς ἐλυπήθη, ἐπὶ δὲ
Πτολεμαίῳ τῷ ὕστερον μὲν βασιλεύσαντι, τότε δὲ
ἀγαπωμένῳ μεγάλως ἠχθέσθη. (7) Ἴδιον γάρ τι καὶ
παράδοξον συνέβη γενέσθαι περὶ τὸν Πτολεμαῖον, ὅ
τινες εἰς θεῶν πρόνοιαν ἀνέπεμπον. Ἀγαπώμενος γὰρ
ὑφ' ἁπάντων διά τε τὴν ἀρετὴν καὶ ὑπερβολὴν τῆς εἰς
πάντας εὐεργεσίας, οἰκείας τοῦ φιλανθρώπου βοηθείας
ἔτυχεν. Ὁ γὰρ βασιλεὺς εἶδεν ὄψιν κατὰ τὸν ὕπνον, καθ'
ἣν ἔδοξεν ὁρᾶν δράκοντα βοτάνην ἐν τῷ στόματι
κρατεῖν καὶ δεῖξαι ταύτης τὴν φύσιν καὶ τὴν δύναμιν
καὶ τὸν τόπον ἐν ᾧ φύεται. (8) Ἐγερθεὶς οὖν ὁ
᾿Αλέξανδρος καὶ τὴν βοτάνην ἀναζητήσας καὶ τρίψας
τό τε σῶμα τοῦ Πτολεμαίου κατέπλασε καὶ πιεῖν δοὺς
ὑγιῆ κατέστησε. Γνωσθείσης δὲ τῆς εὐχρηστίας καὶ οἱ
λοιποὶ τυχόντες τῆς ὁμοίας θεραπείας διεσώθησαν. Τὴν
δὲ πόλιν τῶν ῾Αρματηλίων, οὖσαν ὀχυρὰν καὶ μεγάλην,
ἐπεβάλετο μὲν πολιορκεῖν, τῶν δ' ἐγχωρίων
ἀπαντησάντων μεθ' ἱκετηριῶν καὶ παραδόντων
ἑαυτοὺς ἀπέλυσεν αὐτοὺς τῆς τιμωρίας.
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Traduction française :
[17,103] La dernière ville des Brachmanes sur le fleuve s'appelait Harmatélie.
Les habitants comptaient beaucoup sur leur propre valeur et sur leurs
remparts dont l'abord même était difficile. Le roi envoya contre eux
quelques-unes de ses troupes d'élite, avec ordre d'attaquer les ennemis de
telle sorte, qu'au moindre avantage que les assiégés qui sortiraient pour
les repousser sembleraient prendre sur eux, ils revinssent sur leurs pas
comme en fuyant. (2) Ceux-ci qui n'étaient qu'au nombre de cinq cents,
s'étant approchés des murailles, ne furent regardés que comme un objet
de mépris ; et eux-mêmes à l'aspect de trois mille hommes des assiégés
qu'ils virent venir au-devant d'eux, ne manquèrent pas de reprendre à la
hâte le chemin du camp. (3) Mais le roi lui-même se présentant,
quoiqu'avec un assez petit nombre de troupes, à ceux qui poursuivaient
les fuyards et leur livrant un combat très vif, en mit par terre un grand
nombre et n'en fit pas moins de prisonniers.
Cependant les blessés de l'armée du roi qui se trouvèrent en assez grande
quantité, tombèrent dans des inconvénients terribles. (4) Le fer des
barbares avait été trempé dans des sucs venimeux, ce qui leur avait même
donné une grande confiance dans le combat; ce venin avait été tiré d'une
certaine espèce de serpents qu'ils prenaient à la chasse et qu'ils
exposaient morts au soleil le plus ardent. (5) Ses feux faisaient sortir de
leur corps une espèce de sueur dans laquelle le venin propre à ces
animaux se trouvait fondu et mêlé, et qu'ils en savaient extraire. Il arrivait
delà que l'homme atteint des armes qu'ils y avaient trempées, tombait tout
d'un coup dans un engourdissement mortel, (6) suivi bientôt des douleurs
les plus aiguës dans la partie blessée qui s'enflait prodigieusement, et d'un
tremblement universel dans le reste du corps. Sa peau devenait sèche et
livide et il vomissait toute la bile de ses entrailles. La plaie en particulier
rendait une écume noire : indice de la pourriture qui s'y était déjà formée,
qui gagnait bientôt les parties nobles et qui faisait subir au patient une mort
aussi cruelle que certaine. Ainsi la plus légère atteinte du fer mettait bientôt
le blessé dans le cas des plaies les plus énormes.
(7) Le roi ne parut aussi touché d'aucun de ses malades qu'il le fut au sujet
de Ptolémée qui lui succéda dans une partie de son nouvel empire et qu'il
aimait alors plus qu'aucun autre des officiers de sa cour. Il arriva à celuici-
quelque chose de particulier qu'on regarda comme un effet marqué de la
providence divine : il était chéri de toute l'armée à cause de sa valeur, du
caractère bienfaisant dont il donnait des preuves continuelles. Il fut guéri
d'une plaie de la nature de celles dont nous venons de parler ; mais il en
fut guéri d'une manière qui parut être une digne récompense du zèle qui
l'intéressait pour tout le monde. Le roi eut en dormant un songe dans
lequel il vit un dragon qui lui présentait une herbe dont il lui indiquait la
propriété et la vertu, en lui montrant en même temps le terrain où elle
croissait. (8) Le roi réveillé alla lui-même chercher cette plante, en fit frotter
tout le corps de Ptolémée, et lui en ayant donné à boire, il lui rendit une
santé parfaite : un grand nombre d'autres soldats ayant usé du même
remède furent parfaitement rétablis. Du reste dans le temps qu'il songeait
à pousser le siège d'Harmathelie place aussi forte qu'elle était d'un grand
circuit, les assiégés vinrent eux-mêmes se rendre à lui en habits de
suppliants; démarche par laquelle ils prévinrent la vengeance du vainqueur.
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