Texte grec :
[17,101] Ἀναβοήσαντος δὲ τοῦ πλήθους διά τε τὸ παράδοξον
καὶ τὴν ὑπερβολὴν τῆς ἀνδραγαθίας ὁ μὲν βασιλεὺς
προσέταξεν ἀφεῖναι καὶ τὴν θέαν διαλύσας ἀπηλλάγη,
δυσφορῶν ἐπὶ τῇ τοῦ Μακεδόνος ἥττῃ. (2) Ὁ δὲ
Διώξιππος ἀφεὶς τὸν πεπτωκότα καὶ περιβόητον νίκην
ἀπενεγκάμενος ἀπῄει ταινιούμενος ὑπὸ τῶν ὁμοφύλων,
ὡς κοινὴν πᾶσι τοῖς ῞Ελλησι παρεσχημένος εὐδοξίαν.
Οὐ μὴν ἡ τύχη γε εἴασεν ἐπὶ πολὺν χρόνον
καυχήσασθαι τὸν ἄνδρα τῇ νίκῃ. (3) Ὅ τε γὰρ βασιλεὺς
ἀλλοτριώτερον αἰεὶ διετέθη πρὸς αὐτόν, οἵ τε φίλοι τοῦ
᾿Αλεξάνδρου καὶ πάντες οἱ περὶ τὴν αὐλὴν Μακεδόνες,
φθονοῦντες αὐτοῦ τῇ ἀρετῇ, ἔπεισαν μὲν τὸν ἐπὶ τῆς
διακονίας τεταγμένον ὑποβαλεῖν ὑπὸ τὸ
προσκεφάλαιον χρυσοῦν ποτήριον, αὐτοὶ δὲ κατὰ τὸν
ἑξῆς πότον καταιτιασάμενοι κλοπὴν καὶ ποτήριον
εὑρηκέναι προσποιηθέντες εἰς αἰσχύνην καὶ ἀδοξίαν
ἤγαγον τὸν Διώξιππον. (4) Ὁ δὲ θεωρῶν τὴν ἐπ' αὐτὸν
συνδρομὴν τῶν Μακεδόνων τότε μὲν ἐξῆλθεν ἐκ τοῦ
πότου, μετ' ὀλίγον δὲ ἐπὶ τὴν ἰδίαν κατάλυσιν
παραγενόμενος καὶ γράψας πρὸς τὸν ᾿Αλέξανδρον
ἐπιστολὴν περὶ τῶν καθ' αὑτοῦ μεμηχανημένων ταύτην
μὲν ἐνετείλατο τοῖς ἰδίοις δοῦναι τῷ βασιλεῖ, αὑτὸν δ' ἐκ
τοῦ ζῆν μετέστησεν, ἀβούλως μὲν εἰς τὴν μονομαχίαν
συγκαταβάς, πολὺ δ' ἀφρονεστέραν τὴν τοῦ βίου
καταστροφὴν ποιησάμενος. (5) Διὸ καὶ πολλοὶ τῶν
καταμεμφομένων αὐτοῦ τὴν ἄνοιαν ἐπιπλήττοντες
ἔφασαν χαλεπὸν εἶναι δύναμιν μὲν σώματος ἔχειν
μεγάλην, νοῦν δὲ μικρόν. (6) Ὁ δὲ βασιλεὺς ἀναγνοὺς
τὴν ἐπιστολὴν χαλεπῶς μὲν ἤνεγκεν ἐπὶ τῇ τἀνδρὸς
τελευτῇ καὶ πολλάκις ἐπεζήτησε τὴν ἀρετὴν αὐτοῦ καὶ
παρόντι μὲν οὐ χρησάμενος, ἀπόντα δὲ ἐπιποθήσας ὅτε
οὐδὲν ὄφελος ἔγνω τὴν καλοκἀγαθίαν τἀνδρὸς ἐκ τῆς
τῶν διαβαλόντων κακίας.
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Traduction française :
[17,101] Il s'éleva de leur part un cri général d'admiration sur le courage et sur la
force d'un tel combattant; mais le roi intérieurement fâché de la défaite du
Macédonien, le fit relâcher et mit fin au spectacle en se retirant lui-même.
(2) Pour Dioxippe qui laissa le vaincu par terre et qui venait de remporter une victoire
si complète, il fut couronné par tous ses spectateurs ses compatriotes, comme ayant
fait un très grand honneur à sa nation : mais la fortune ne le laissa pas jouir
longtemps de son avantage et de sa gloire. (3) Le roi fut mécontent dans le
fond de l'âme d'un pareil succès, et ses amis aussi bien que tous ses
courtisans s'aperçurent de son chagrin. Les Macédoniens même en
général sentaient leur nation dégradée par cet événement, ainsi on trouva
moyen de persuader au principal officier de la table du roi, de glisser sous
le coussin ou le chevet de Dioxippe un vase d'or; et dès le repas suivant
les convies firent semblant de s'apercevoir, comme par hasard de ce
prétendu larcin, et jetèrent Dioxippe dans un embarras et une confusion
extraordinaire : (4) se doutant néanmoins bientôt du complot fait contre lui,
il se retira dans sa demeure particulière, d'où ayant écrit au roi une lettre
dans laquelle il se plaignait des lâches intrigues de ses envieux, il la remit
en des mains sûres et se donna lui-même la mort. Il avait eu tort, sans
doute, dans la compagnie où il se trouvait d'entrer en lice contre un
Macédonien, et il en eut encore davantage de précipiter ainsi sa fin. (5)
C'est aussi ce qui fit dire à bien des gens sur son sujet, qu'il était fâcheux
d'avoir tant de force dans ses membres et d'en avoir si peu dans l'âme.
(6) Le roi ayant lu sa lettre, le regretta et sentit même dans la suite en
différentes occasions qu'il lui manquait. Il s'était peu servi de lui pendant sa
vie ; et après sa mort il le chercha vainement plus d'une fois. Enfin la
jalousie et la méchanceté de ses ennemis dont il fut aisément convaincu,
lui fit regretter la vertu et la probité de l'homme qu'il n'avait plus.
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