Texte grec :
[17,79] {XXIV} κατὰ δὲ τούτους τοὺς καιροὺς περιέπεσε πράξει
μοχθηρᾷ καὶ τῆς ἰδίας χρηστότητος ἀλλοτρίᾳ. τῶν γὰρ
φίλων τις τοῦ βασιλέως ὄνομα Δίμνος, μεμψιμοιρήσας
τῷ βασιλεῖ περί τινων καὶ τῷ θυμῷ προπεσών,
ἐπιβουλὴν συνεστήσατο κατ' αὐτοῦ. (2) ἔχων δ'
ἐρώμενον Νικόμαχον τοῦτον ἔπεισε κοινωνῆσαι τῆς
ἐπιβουλῆς. οὗτος δὲ νέος ὢν παντελῶς ἀνεκοινώσατο
τὴν πρᾶξιν τῷ ἀδελφῷ Κεβαλίνῳ. ὁ δὲ φοβηθεὶς μὴ
φθάσῃ τις τῶν συνειδότων καὶ δηλώσῃ τὴν ἐπιβουλὴν
τῷ βασιλεῖ, αὐτὸς ἔκρινε μηνῦσαι. (3) παρελθὼν οὖν ἐπὶ
τὴν αὐτὴν καὶ συντυχὼν Φιλώτᾳ καὶ διαλεχθεὶς
παρεκελεύετο τὴν ταχίστην ἀπαγγεῖλαι τῷ βασιλεῖ τὴν
πρᾶξιν. ὁ δὲ Φιλώτας εἴτε καὶ διὰ τὸ κοινωνεῖν τῆς
ἐπιβουλῆς εἴτε καὶ διὰ ῥᾳθυμίαν τὸν ῥηθέντα λόγον
ἀργῶς ἐδέξατο καὶ παρελθὼν πρὸς τὸν ᾿Αλέξανδρον καὶ
πολλῆς καὶ παντοδαπῆς κοινολογίας μετασχὼν οὐδὲν
τῶν ὑπὸ Κεβαλίνου ῥηθέντων ἀπήγγειλεν. (4) ἐξελθὼν
δὲ πρὸς τὸν Κεβαλῖνον εἶπεν ὅτι καιρὸν ἐπιτήδειον οὐκ
ἔσχε διασαφῆσαι, ἐπηγγέλλετο δὲ τῇ ὑστεραίᾳ
συντεύξεσθαι μόνῳ τῷ βασιλεῖ καὶ πάντα δηλώσειν τὰ
ῥηθέντα. τὸ δὲ αὐτὸ πράξαντος τοῦ Φιλώτου καὶ τῇ
ὑστεραίᾳ ὁ Κεβαλῖνος, εὐλαβηθεὶς μὴ δι' ἑτέρου
μηνύσεως γενομένης αὐτὸς κινδυνεύσῃ, τὸν μὲν
Φιλώταν παρέπεμψε, τῶν τὲ βασιλικῶν τινι παίδων
προσελθὼν καὶ τὰ κατὰ μέρος ἀπαγγείλας ἠξίωσε τὴν
ταχίστην ἀπαγγεῖλαι τῷ βασιλεῖ. (5) ὁ δὲ τὸν μὲν
Κεβαλῖνον εἰς τὴν ὁπλοθήκην εἰσαγαγὼν ἀπέκρυψεν,
αὐτὸς δὲ τῷ βασιλεῖ μεταξὺ λουομένῳ προσελθὼν
ἀπήγγειλε τὰ ῥηθέντα καὶ διότι τὸν Κεβαλῖνον παρ'
ἑαυτῷ φυλάττει. ὁ δὲ βασιλεὺς καταπλαγεὶς εὐθὺς τόν
τε Δίμνον συνέλαβε καὶ μαθὼν ἅπαντα μετεπέμψατο
τόν τε Κεβαλῖνον καὶ τὸν Φιλώταν. (6) ἀνακρινομένων δ'
ἁπάντων καὶ τῆς πράξεως ἐξεταζομένης ὁ μὲν Δίμνος
ἑαυτὸν κατέσφαξε, τοῦ δὲ Φιλώτου ῥᾳθυμίαν μὲν
ἑαυτοῦ προσομολογήσαντος, τὴν δ' ἐπιβουλὴν
ἀπαρνουμένου τὴν κρίσιν ὑπὲρ τούτου τοῖς Μακεδόσιν
ἐπέτρεψεν.
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Traduction française :
[17,79] Ce fut là qu'il se laissa aller à une vengeance cruelle et très indigne de
ses moeurs précédentes et du caractère qu'il avait marqué jusqu'alors. Un
de ses officiers nommé Dimnus qui était même au nombre de ses amis
secrets, offensé par le roi et emporté par sa passion, résolut de lui ôter la
vie. (2) Il engagea même dans ce complot un ami de débauche nommé
Nicomachus. Celui-ci qui était extrêmement jeune, alla sur le champ
communiquer ce secret à son frère qui s'appelait Cebalinus. Ce dernier
craignant que quelqu'un ne le prévint dans sa révélation d'un secret de
cette importance, se transporta sur le champ dans l'appartement du roi. (3)
Le premier qu'il y rencontra fut Philotas, auquel il se pressa de dire la
chose et l'invita fortement à la rapporter au roi dans le moment même.
Philotas, soit qu'il eût quelque part à ce complot, soit qu'il méprisât cette
nouvelle, la reçût froidement ; et abordant Alexandre un moment après, il
lui parla de cent choses différentes, sans dire un mot du rapport que lui
avait fait Cebalinus. (4) Allant ensuite chez ce dernier il lui dit que dans la
conversation qu'il avait eue avec le roi, il n'avait pas trouvé le moment
propre pour lui révéler ce secret mais que dès le lendemain il ménagerait
l'occasion de parler au roi tête à tête et de lui découvrir le complot. (5)
Cependant Philotas ayant usé le lendemain encore du même renvoi,
Cephalinus commença à craindre que, remettant ainsi à un tiers une si
importante révélation, il ne s'exposât lui-même à quelque soupçon ; ainsi
ne s'en rapportant plus à Philotas et, s'adressant à un enfant de la
chambre, il lui exposa tout le fait et le chargea de l'aller déclarer au roi sur
le champ. Le page enferma aussitôt dans une garde-robe Cebalinus de
son propre contentement ; et parlant au roi qui sortait du bain, il lui énonça
le complot et ajouta qu'il tenait Cephalinus sous sa clé. Le roi frappé de
cette nouvelle fit d'abord saisir Dimnus et confronta lui-même ensuite
Cephalinus et Philotas. (6) Le fait ayant été bien établi par les réponses
des uns et des autres, Dimnus se tua lui-même et Philotas avoua qu'il y
avait eu de sa part un délai imprudent mais il nia constamment d'avoir eu
aucune part à la conjuration de sorte qu'Alexandre renvoya l'examen et
le jugement de l'affaire aux Macédoniens.
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