Texte grec :
[15,68] 68. Τούτων δὲ πραχθέντων ᾿Αρκάδες καὶ ᾿Αργεῖοι καὶ ᾿Ηλεῖοι
συμφρονήσαντες ἔγνωσαν στρατεύειν ἐπὶ τοὺς Λακεδαιμονίους, καὶ
πρεσβεύσαντες πρὸς Βοιωτοὺς ἔπεισαν αὐτοὺς κοινωνεῖν τοῦ
πολέμου. Οἱ δ' ᾿Επαμεινώνδαν καταστήσαντες ἡγεμόνα μετ' ἄλλων
βοιωταρχῶν, ἐξέπεμψαν στρατιώτας πεζοὺς μὲν ἑπτακισχιλίους,
ἱππεῖς δ' ἑξακοσίους. ᾿Αθηναῖοι δὲ πυθόμενοι τὴν Βοιωτῶν στρατιὰν
παριοῦσαν εἰς τὴν Πελοπόννησον, ἐξέπεμψαν δύναμιν καὶ στρατηγὸν
ἐπ' αὐτῆς Χαβρίαν. (2) Οὗτος δὲ παρελθὼν εἰς Κόρινθον, καὶ
προσλαβόμενος καὶ παρὰ Μεγαρέων καὶ Πελληνέων, ἔτι δὲ
Κορινθίων στρατιώτας, στρατόπεδον συνεστήσατο ἀνδρῶν μυρίων·
μετὰ δὲ ταῦτα Λακεδαιμονίων καὶ τῶν ἄλλων συμμάχων
παραγενομένων εἰς Κόρινθον συνήχθησαν οἱ σύμπαντες οὐκ
ἐλάττους δισμυρίων. (3) Ἔδοξεν οὖν αὐτοῖς ὀχυρώσασθαι τὰς
παρόδους καὶ διακωλύειν τοὺς Βοιωτοὺς τῆς εἰς Πελοπόννησον
εἰσβολῆς. Ἀρξάμενοι δ' ἀπὸ Κεγχρεῶν μέχρι Λεχαίου σταυρώμασι καὶ
βαθείαις τάφροις διελάμβανον τὸν τόπον· ταχὺ δὲ τῶν ἔργων
συντελουμένων διά τε τὴν πολυχειρίαν καὶ τὰς προθυμίας τῶν
ἀνδρῶν, ἔφθασαν τοὺς Βοιωτοὺς πάντα τόπον ὀχυρώσαντες. (4) Ὁ δ'
᾿Επαμεινώνδας ἥκων μετὰ τῆς δυνάμεως ἐπεσκέψατο, καὶ
κατανοήσας εὐεφοδώτατον εἶναι τόπον καθ' ὃν οἱ Λακεδαιμόνιοι
παρεφύλαττον, τὸ μὲν πρῶτον προεκαλεῖτο τοὺς πολεμίους εἰς
παράταξιν, σχεδὸν τριπλασίους ὄντας τοῖς πλήθεσιν, οὐδενὸς δὲ
τολμῶντος ἐκτὸς τοῦ τειχίσματος προελθεῖν, ἀλλ' ἀπὸ τοῦ
χαρακώματος ἀμυνομένων ἁπάντων, προσῆγε τὴν βίαν τοῖς
πολεμίοις. (5) Κατὰ πάντα μὲν οὖν τὸν τόπον ἐγίνοντο προσβολαὶ
καρτεραί, μάλιστα δὲ κατὰ Λακεδαιμονίους, εὐεφόδων ὄντων καὶ
δυσφυλάκτων τῶν τόπων. Μεγάλης δὲ φιλοτιμίας γενομένης παρ'
ἀμφοτέροις, ᾿Επαμεινώνδας ἔχων μεθ' ἑαυτοῦ τοὺς ἀρίστους τῶν
Θηβαίων μόγις ἐβιάσατο τοὺς Λακεδαιμονίους· διακόψας δὲ τὴν
φυλακὴν αὐτῶν καὶ τὴν δύναμιν διαγαγὼν παρῆλθεν εἰς τὴν
Πελοπόννησον, διαπραξάμενος ἔργον οὐδὲν τῶν προκατειργασμένων
καταδεέστερον.
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Traduction française :
[15,68] XVII.. PEU de temps après les peuples de l'Arcadie, de l'Argolide et de
l'Élide résolurent entre eux d'attaquer les Lacédémoniens et envoyèrent
proposer aux Thébains de prendre part à cette guerre. Ceux-ci
nommèrent aussitôt pour général Épaminondas conjointement avec
quelques-uns des béotarques. On leur donna sept mille hommes de pied
et six cents chevaux. Dès que les Athéniens furent instruits de l'entrée
des Thébains dans le Péloponnèse, ils y envoyèrent du secours sous la
conduite du général Chabrias. (2) Celui-ci allant d'abord du côté de
Corinthe prit dans cette ville, aussi bien qu'a Mégare et à Pellène, de quoi
former une armée de dix mille hommes. Les Lacédémoniens et leurs
alliés s'étant donné aussi rendez-vous à Corinthe, l'armée entière se
trouva doublée et monta au nombre de vingt mille hommes : (3) ils
conçurent là le dessein de fermer aux Béotiens l'entrée du Péloponnèse.
Ainsi commençant au port de Cenchrée, ils creusèrent jusqu'à ce-lui de
Lechée un fossé profond, au bord duquel ils élevèrent encore de forte
barricades faites de terres, soutenues par des poteaux croisés. Le
nombre et le zèle des ouvriers avait fait finir l'ouvrage avant que les
Thébains se présentassent. (4) Épaminondas y arrivant avec son armée,
prit garde que les ennemis avaient réservé pour leur camp un espace
qu'ils n'avaient point creusé et où le passage demeurait libre, comme
devant être assez défendu par eux-mêmes. Il commença par leur
proposer de s'avancer en pleine campagne et de décider la querelle par
un combat d'autant plus qu'ils avaient de leur côté la supériorité de trois
contre un. Ce défi n'ayant pu tirer les Spartiates de leurs retranchements;
Épaminondas entreprit de les y forcer et ils se contentèrent de les
défendre vaillamment. (5) L'attaque et la défense furent extrêmement
vives, mais le plus grand travail et en même temps le plus inutile, fut celui
des Lacédémoniens, parce qu'au fond les passages par eux-mêmes
étaient fort aisés dans l'endroit qu'ils occupaient. Enfin après de grands
efforts de part et d'autre, Épaminondas qui avait autour de lui les plus
braves des Thébains se fit jour, non sans beaucoup de peine, à travers
les Spartiates. Ayant renversé ou écarté tous ceux qui s'opposaient à sa
marche, il arriva avec toute son armée jusque dans le Péloponnèse :
exploit sans doute aussi mémorable qu'aucun de ceux qu'il eut faits
encore.
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