Texte grec :
[15,10] 10. ᾿Αρταξέρξης δὲ καταλύσας τὸν πρὸς Καδουσίους πόλεμον
προέθηκε κρίσιν Τιριβάζῳ, καὶ δικαστὰς τρεῖς ἀπέδωκε τῶν μάλιστα
εὐδοκιμούντων παρὰ τοῖς Πέρσαις. Κατὰ τούτους δὲ τοὺς χρόνους
ἕτεροι δικασταὶ δόξαντες κακῶς κρίνειν ζῶντες ἐξεδάρησαν, καὶ ὑπὲρ
τῶν δικαστικῶν δίφρων περιταθέντων τῶν δερμάτων ἐπὶ τούτων
ἐδίκαζον οἱ δικασταί, παρ' ὀφθαλμοὺς ἔχοντες παράδειγμα τῆς ἐν τῷ
κακῶς κρίνειν τιμωρίας. (2) Οἱ μὲν οὖν κατηγοροῦντες τὴν ἐπιστολὴν
ἀναγνόντες τὴν πεμφθεῖσαν ὑπὸ τοῦ ᾿Ορόντου, ταύτην ἱκανῶς
ἔφασαν ἔχειν πρὸς κατηγορίαν· ὁ δὲ Τιρίβαζος πρὸς μὲν τὴν κατὰ τὸν
Εὐαγόραν διαβολὴν (ἀνεγίγνωσκε) τὴν ὑπ' ᾿Ορόντου γεγενημένην....
ὑπακούσειν ὡς βασιλέα βασιλεῖ προήνεγκεν· ἑαυτὸν δὲ τὴν εἰρήνην
συντεθεῖσθαι, ὥστε ὑπακούειν Εὐαγόραν τῷ βασιλεῖ ὡς δοῦλον
δεσπότῃ· περὶ δὲ τῶν χρησμῶν ἔφησε μὴ χρηματίζειν τὸν θεὸν
καθόλου περὶ θανάτου, καὶ τούτου μάρτυρας παρείχετο πάντας τοὺς
παρόντας ῞Ελληνας. Περὶ δὲ τῆς φιλίας τῆς πρὸς Λακεδαιμονίους
ἀπελογεῖτο, λέγων οὐκ ἐπὶ τῷ ἰδίῳ συμφέροντι, ἀλλ' ἐπὶ τῷ τοῦ
βασιλέως λυσιτελεῖ πεποιῆσθαι τὴν φιλίαν· καὶ διὰ ταύτης
παρεδείκνυε τῶν μὲν Λακεδαιμονίων παρῃρῆσθαι τοὺς κατὰ τὴν
᾿Ασίαν ῞Ελληνας, τῷ δὲ βασιλεῖ παραδεδόσθαι ἐκδότους. Ἐπὶ τελευτῆς
δὲ τῆς ἀπολογίας ὑπέμνησε τοὺς δικαστὰς ὧν τὸν βασιλέα πρότερον
ἦν εὐεργετηκώς. (3) Λέγεται δὲ πολλὰς μὲν καὶ ἄλλας χρείας
ἐνδεδεῖχθαι τῷ βασιλεῖ, μίαν δὲ μεγίστην, ἐξ ἧς αὐτὸν θαυμασθῆναι
συνέβη καὶ μέγιστον γενέσθαι φίλον· κατὰ γάρ τινα κυνηγίαν ἐφ'
ἅρματος ὀχουμένου τοῦ βασιλέως δύο λέοντας ἐπ' αὐτὸν ὁρμῆσαι, καὶ
τῶν μὲν ἵππων τῶν ἐν τῷ τεθρίππῳ δύο διασπάσαι, τὴν δ' ὁρμὴν ἐπ'
αὐτὸν ποιεῖσθαι τὸν βασιλέα· καθ' ὃν δὴ καιρὸν ἐπιφανέντα τὸν
Τιρίβαζον τοὺς μὲν λέοντας ἀποκτεῖναι, τὸν δὲ βασιλέα ἐκ τῶν
κινδύνων ἐξελέσθαι. (4) Ἔν τε τοῖς πολέμοις ἀνδρείᾳ διενεγκεῖν φασὶν
αὐτὸν καὶ κατὰ τὰς συμβουλὰς οὕτως εὐστοχεῖν, ὥστε τὸν βασιλέα
χρώμενον ταῖς ἐκείνου παραγγελίαις μηδέποτε διαμαρτεῖν. Τοιαύτῃ δ'
ἀπολογίᾳ χρησάμενος ὁ Τιρίβαζος ἀπελύθη τῶν ἐγκλημάτων
ὡμολογημένως ὑπὸ πάντων τῶν δικαστῶν.
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Traduction française :
[15,10] 10. Cependant Artaxerxès ayant terminé la guerre qu'il faisait aux
Caliliens fit reprendre l'affaire de Téribaze et il lui donna pour juges les
trois hommes les plus estimés dans la Perse par leur intégrité. C'était un
peu avant ce temps-là que certains juges pour avoir porté des sentences
injustes avaient été écorchés tout vifs, après quoi on avait étendu leurs
peaux sur tous les sièges du tribunal afin de mettre devant les yeux de
ceux qui occupaient leurs places, la punition préparée à leurs imitateurs.
(2) Ceux qui parlaient contre Téribaze soutenaient que la lettre d'Orontas
dont ils venaient de faire la lecture à haute voix, suffisait pour la
condamnation de l'accusé. Mais Téribaze pour réfuter la complaisance
qu'on lui reprochait au sujet d'Évagoras , lut le traité par lequel Orontas
consentait que le même Évagoras ne fut fournis au roi de Perse, que
comme un roi peut l'être à un autre roi au lieu que. lui Téribaze avait
exigé que cette soumission fut celle d'un esclave à son maître. A l'égard
de la pythonisse consultée, il prenait tous les Grecs à témoins que le dieu
de Delphes ne rendait jamais de réponse sur la vie ou sur la mort de
personne. Sur l'article de l'alliance recherchée avec les Lacédémoniens, il
répondit qu'elle ne regardait point ses intérêts particuliers et qu'il n'avait
eu en vue en la proposant que le service du Roi. En effet, ajoutait-il, c'est
par le premier traité fait avec les Lacédémoniens, que le Roi était
demeuré le maître de toutes les villes grecques de l'Asie que
Lacédémone lui avait abandonnées. Il termina son apologie en
représentant aux juges la fidélité de ses services précédents. (3) Il fit
remarquer qu'entre plusieurs qu'il avait eu l'avantage de rendre au Roi, il
y en avait un qui avait attiré l'admiration de tout le monde et lui avait
procuré l'amitié particulière du Roi même. Ce fut lorsque le Roi étant à la
chasse sur un char à quatre chevaux fut attaqué par deux lions qui mirent
d'abord en pièces deux de ses chevaux et qui allaient se jeter sur sa
personne. Alors Téribaze qui parut, tua sur le champ les deux lions et
sauva le Roi d'un si grand danger. (4) Il ajouta qu'a la guerre il s'était
toujours signalé par son courage et que ses conseils avaient été si
heureux que le Roi ne s'était jamais repenti de les avoir suivis. Sur cette
apologie les juges d'une commune voix déchargèrent pleinement
Téribaze de l'accusation.
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