Texte grec :
[13,31] Οὐκ ἔστιν οὖν τούτοις δίκαιος ἀποκείμενος ἔλεος· αὐτοὶ γὰρ αὐτὸν ἐπὶ τῶν ἰδίων
ἀκληρημάτων ἀνῃρήκασι. ποῦ γὰρ ἄξιον τούτοις καταφυγεῖν; πρὸς θεούς, ὧν τὰς
πατρίους τιμὰς ἀφελέσθαι προείλοντο; πρὸς ἀνθρώπους, οὓς δουλωσόμενοι
παρεγένοντο; Δήμητρα καὶ Κόρην καὶ τὰ τούτων ἐπικαλοῦνται μυστήρια, τὴν ἱερὰν
αὐτῶν νῆσον πεπορθηκότες; (2) Ναί, ἀλλ' οὐκ αἴτιον τὸ πλῆθος τῶν ᾿Αθηναίων, ἀλλ'
᾿Αλκιβιάδης ὁ ταῦτα συμβουλεύσας. Ἀλλ' εὑρήσομεν τοὺς συμβούλους κατὰ τὸ
πλεῖστον στοχαζομένους τῆς τῶν ἀκουόντων βουλήσεως, ὥσθ' ὁ χειροτονῶν τῷ
ῥήτορι λόγον οἰκεῖον ὑποβάλλει τῆς ἑαυτοῦ προαιρέσεως. οὐ γὰρ ὁ λέγων κύριος τοῦ
πλήθους, ἀλλ' ὁ δῆμος ἐθίζει τὸν ῥήτορα τὰ βέλτιστα λέγειν χρηστὰ βουλευόμενος.
(3) Εἰ δὲ τοῖς ἀδικοῦσιν ἀνήκεστα συγγνώμην δώσομεν, ἐὰν εἰς τοὺς συμβούλους τὴν
αἰτίαν ἀναφέρωσιν, εὐχερῆ τοῖς πονηροῖς τὴν ἀπολογίαν παρεξόμεθα. Ἁπλῶς δὲ
πάντων ἐστὶν ἀδικώτατον τῶν μὲν εὐεργεσιῶν μὴ τοὺς συμβούλους, ἀλλὰ τὸν δῆμον
ἀπολαμβάνειν τὰς χάριτας παρὰ τῶν εὖ παθόντων, τῶν δ' ἀδικημάτων ἐπὶ τοὺς
ῥήτορας μεταφέρειν τὴν τιμωρίαν. (4) Καὶ ἐπὶ τοσοῦτόν τινες ἐξεστήκασι τῶν
λογισμῶν, ὥστ' ᾿Αλκιβιάδην, εἰς ὃν τὴν ἐξουσίαν οὐκ ἔχομεν, φασὶ δεῖν τιμωρεῖσθαι,
τοὺς δ' αἰχμαλώτους ἀγομένους ἐπὶ τὴν προσήκουσαν τιμωρίαν ἀφεῖναι, καὶ πᾶσιν
ἐνδείξασθαι, διότι τὴν δικαίαν μισοπονηρίαν οὐκ ἔσχηκεν ὁ δῆμος τῶν Συρακοσίων.
(5) Εἰ δὲ καὶ κατ' ἀλήθειαν αἴτιοι γεγόνασιν οἱ σύμβουλοι τοῦ πολέμου, μεμφέσθω τὸ
μὲν πλῆθος τοῖς ῥήτορσιν ὑπὲρ ὧν ἐξηπάτησαν, ὑμεῖς δὲ δικαίως μετελεύσεσθε τὸ
πλῆθος ὑπὲρ ὧν ἠδίκησθε. καθόλου δ' εἰ μὲν ἐπιστάμενοι σαφῶς ἠδίκησαν, δι' αὐτὴν
τὴν προαίρεσιν ἄξιοι τιμωρίας, εἰ δ' εἰκῇ βουλευσάμενοι τὸν πόλεμον ἐξήνεγκαν, οὐδ'
ὣς αὐτοὺς ἀφετέον, ἵνα μὴ σχεδιάζειν ἐν τοῖς τῶν ἄλλων βίοις ἐθισθῶσιν. οὐ γὰρ
δίκαιόν ἐστι τὴν ᾿Αθηναίων ἄγνοιαν Συρακοσίοις φέρειν ἀπώλειαν, οὐδ' ἐν οἷς τὸ
πραχθὲν ἀνήκεστόν ἐστιν, ἐν τούτοις ἀπολογίαν ὑπολείπεσθαι τοῖς ἁμαρτάνουσι.
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Traduction française :
[13,31] Ce n'est point ici le cas de la pitié ; ils s'en sont rendus indignes par leurs
propres exemples. Il ne leur sied point de recourir ni aux dieux dont ils auraient
aboli l'ancien culte, ni aux hommes dont ils voulaient faire des esclaves. Des
initiés partis pour détruire l’île sacrée de la Sicile, osent-ils seulement
prononcer les noms de Cérès, de Proserpine et des mystères de l'une et de
l'autre déesse ? (2) Mais, dira-t-on, le projet de cette guerre ne vient point du
peuple d'Athènes, et Alcibiade en est seul auteur. Eh, Messieurs, ne savons
nous pas que les orateurs accommodent le plus souvent leurs discours aux
intentions de la multitude. Ceux qui doivent donner leurs suffrages les font
parler selon leurs vues. Ce n'est point l'orateur qui dirige une république. Ce
sont au contraire les citoyens éclairés qui mettent l'orateur sur la voie des
propositions les plus convenables à leurs vues. (3) Mais en général, si l'on
recevait l'excuse de tous ceux qui allégueraient pour leur défense les mauvais
conseils qu'on leur a donnés, on ne trouverait plus de malfaiteurs à punir.
Enfin, la chose du monde la plus injuste, est de rapporter toute sa
reconnaissance pour un bienfait qu'on a reçu d'un peuple, à ce peuple même
et non à ses orateurs et de n'accuser au contraire que les orateurs et non le
peuple même, des maux qu'il nous a faits, ou qu'il a voulu nous faire. (4)
Quelques-uns, cependant, ont assez mal raisonné, pour dire qu'il fallait punir
Alcibiade qui n'est point entre nos mains et relâcher vos captifs actuellement
livrés à leur punition ; comme s'il s'agissait de prouver que le peuple de
Syracuse n'a pas pour le crime la haine qu'il devrait avoir. (5) Quand même il
serait vrai que les orateurs d'Athènes fussent la cause de cette guerre, c'est
aux Athéniens à tirer vengeance de ceux qui les ont trompés et à vous à faire
justice de ceux qui vous ont offensés. S'ils ont eu une pleine connaissance de
leur tort dans cette entreprise, ils en font d'autant plus dignes de châtiment ; et
s'il y est entré plus d'imprudence que de méchanceté, il faut les châtier encore,
afin de leur apprendre à ne pas porter témérairement le fléau de la guerre
dans un pays qui ne leur appartient pas. Est-il juste que Syracuse ait été à la
veille de sa destruction, parce qu'Athènes était mal conseillée et devons nous
excuser des ennemis qui venaient nous plonger dans des malheurs
irrémédiables.
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