Texte grec :
[13,23] Καλόν, ὦ ἄνδρες Συρακόσιοι, κατάρξασθαι φιλίας, καὶ τῷ τῶν ἠτυχηκότων ἐλέῳ
σπείσασθαι τὴν διαφοράν. Δεῖ γὰρ τὴν μὲν πρὸς τοὺς φίλους εὔνοιαν ἀθάνατον
φυλάττειν, τὴν δὲ πρὸς τοὺς ἐναντίους ἔχθραν θνητήν· οὕτω γὰρ συμβήσεται τοὺς
μὲν συμμάχους γίνεσθαι πλείους, τοὺς δὲ πολεμίους ἐλάττους. (2) Τὴν δὲ διαφορὰν
αἰώνιον διαφυλάττοντας παραδιδόναι παισὶ παίδων οὔτ' εὔγνωμον οὔτε ἀσφαλές·
ἐνίοτε γὰρ οἱ δοκοῦντες ὑπερέχειν ἐν ῥοπῇ καιροῦ τῶν πρότερον ὑποπεπτωκότων
ἀσθενέστεροι γίνονται. (3) Μαρτυρεῖ δ' ὁ νῦν γενόμενος πόλεμος· οἱ γὰρ ἐπὶ
πολιορκίᾳ παραγενόμενοι καὶ διὰ τὴν ὑπεροχὴν ἀποτειχίσαντες τὴν πόλιν ἐκ
μεταβολῆς αἰχμάλωτοι γεγόνασιν, ὡς ὁρᾶτε. καλὸν οὖν ἐν ταῖς τῶν ἄλλων ἀτυχίαις
ἡμέρους φανέντας ἕτοιμον ἔχειν τὸν παρὰ πάντων ἔλεον, ἐάν τι συμβαίνῃ τῶν
ἀνθρωπίνων. Πολλὰ γὰρ ὁ βίος ἔχει παράδοξα, στάσεις πολιτικάς, λῃστείας,
πολέμους, ἐν οἷς οὐ ῥᾴδιον διαφεύγειν τὸν κίνδυνον ἄνθρωπον ὄντα. (4) Διόπερ εἰ τὸν
πρὸς τοὺς ὑποπεπτωκότας ἔλεον ἀποκόψομεν, πικρὸν καθ' ἑαυτῶν νόμον θήσομεν
εἰς ἅπαντα τὸν αἰῶνα. Οὐ γὰρ δυνατὸν τοὺς ἄλλοις ἀνημέρως χρησαμένους αὐτοὺς
παρ' ἑτέρων τυχεῖν ποτε φιλανθρωπίας, ἄλλους τε πράξαντας δεινὰ παθεῖν
εὐγνώμονα, καὶ παρὰ τοὺς τῶν ῾Ελλήνων ἐθισμοὺς τοσούτους ἄνδρας φονεύσαντας
ἐν ταῖς τοῦ βίου μεταβολαῖς ἐπιβοᾶσθαι τὰ κοινὰ πάντων νόμιμα. (5) Τίς γὰρ
῾Ελλήνων τοὺς παραδόντας ἑαυτοὺς καὶ τῇ τῶν κρατούντων εὐγνωμοσύνῃ
πιστεύσαντας ἀπαραιτήτου τιμωρίας ἠξίωκεν, ἢ τίς ἧττον τοῦ μὲν ὠμοῦ τὸν ἔλεον,
τῆς δὲ προπετείας τὴν εὐλάβειαν ἔσχηκεν;
|
|
Traduction française :
[13,23] Il est beau, Messieurs, de donner les premiers l'exemple de la compassion
et de terminer la guerre en faisant du bien aux vaincus. Car enfin, la
bienveillance envers les amis doit être immortelle ; mais la discorde entre les
nations ne doit pas toujours durer. Par cette maxime vous augmenterez le
nombre de vos alliés et vous diminuerez celui de vos ennemis. (2) Il n'est ni
raisonnable ni avantageux de faire passer les inimitiés d'âge en âge. Il arrive
souvent que ceux qui étaient les plus forts au commencement, deviennent
ensuite les plus faibles. (3) Et la guerre présente sans aller plus loin, en est
une preuve. Ces mêmes hommes qui avaient fait autour de votre ville une
enceinte formidable, attendent actuellement leur arrêt dans vos fers. Il est
donc important de nous assurer la compassion des autres hommes, pour le
cas où nous éprouverions nous-mêmes quelque disgrâce de la fortune. La vie
présente fournit assez d'événements qu'on n'aurait jamais prévus ; des
séditions populaires, des courses de pirates, des guerres enfin, que toute la
prudence humaine ne saurait parer. (4) En un mot, si nous manquons cette
occasion d'exercer la clémence envers les vaincus, nous allons établir pour
toujours une loi cruelle contre nous-mêmes. Il ne faut pas espérer de la part
des autres des égards auxquels on aura manqué soi-même. L'inhumanité ne
doit pas s'attendre à la miséricorde. Nous implorerons en vain dans les
infortunes où nous pourrons nous trouver, les lois et les mœurs de la Grèce si
dans la circonstance présente nous immolons nous mêmes un si grand
nombre de Grecs. (5) Ils n'ont point été jusqu'à présent inexorables pour ceux
qui leur ont rendu les armes et qui leur ont livré leur vie. Ils ont tous préféré la
miséricorde à l'inhumanité et l'accueil favorable à l'arrogance :
|
|