Texte grec :
[13,94] Θέας δ' οὔσης ἐν ταῖς Συρακούσαις, κατὰ τὴν ὥραν τῆς ἀπαλλαγῆς τῶν ἐκ τοῦ
θεάτρου παρῆν εἰς τὴν πόλιν. Συνδραμόντων δὲ τῶν ὄχλων ἐπ' αὐτὸν καὶ
πυνθανομένων περὶ τῶν Καρχηδονίων, ἀγνοεῖν αὐτοὺς ἔφη, διότι τῶν ἔξωθεν
πολεμιωτέρους ἔχουσι τοὺς ἔνδον τῶν κοινῶν προεστῶτας, οἷς οἱ μὲν πολῖται
πιστεύοντες ἑορτάζουσιν, αὐτοὶ δὲ διαφοροῦντες τὰ δημόσια τοὺς στρατιώτας
ἀμίσθους πεποιήκασι, καὶ τῶν πολεμίων ἀνυπερβλήτους ποιουμένων τὰς εἰς τὸν
πόλεμον παρασκευὰς καὶ μελλόντων ἐπὶ Συρακούσας τὴν δύναμιν ἄγειν, τούτων οὐδ'
ἡντινοῦν ποιοῦνται φροντίδα. (2) Δι' ἣν δ' αἰτίαν ταῦτα πράττουσιν, εἰδέναι μὲν καὶ
πρότερον, νῦν δὲ σαφέστερον ἀνεγνωκέναι· ᾿Ιμίλκωνα γὰρ πρὸς αὐτὸν ἀπεσταλκέναι
κήρυκα, πρόφασιν μὲν ὑπὲρ τῶν αἰχμαλώτων, παρακαλεῖν δὲ - πλῆθος τῶν
συναρχόντων περιποιησάμενον μηδὲν τῶν πραττομένων πολυπραγμονεῖν - μή γ'
ἀντιπράττειν, ἐπειδὴ συνεργεῖν οὐ προαιρεῖται. (3) Μηκέτ' οὖν βούλεσθαι στρατηγεῖν,
ἀλλὰ παρεῖναι τὴν ἀρχὴν ἀποθησόμενος· οὐ γὰρ ἀνεκτὸν εἶναι, τῶν ἄλλων
πωλούντων τὴν πατρίδα, μόνον κινδυνεύειν μετὰ τῶν πολιτῶν ἅμα καὶ δόξειν
μετεσχηκέναι τῆς προδοσίας. (4) Μαροξυνθέντων δὲ ἐπὶ τοῖς ῥηθεῖσι καὶ τοῦ λόγου
διὰ πάσης τῆς δυνάμεως ῥυέντος, τότε μὲν εἷς ἕκαστος ἀγωνιῶν εἰς οἶκον ἐχωρίσθη·
τῇ δ' ὑστεραίᾳ συναχθείσης ἐκκλησίας, ἐν ᾗ τῶν ἀρχόντων πολλὰ κατηγορήσας οὐ
μετρίως εὐδοκίμησε, τὸν δὲ δῆμον κατὰ τῶν στρατηγῶν παρώξυνε. (5) Τέλος δὲ τῶν
καθημένων τινὲς ἀνεβόησαν στρατηγὸν αὐτὸν αὐτοκράτορα καθιστάναι καὶ μὴ
περιμένειν, ἄχρις ἂν οἱ πολέμιοι τοῖς τείχεσιν ἐπεισίωσι· χρείαν γὰρ ἔχειν τὸ μέγεθος
τοῦ πολέμου τοιούτου στρατηγοῦ, δι' οὗ δυνατὸν εἶναι εὐπορεῖν τοῖς πράγμασιν· τὰ δὲ
περὶ τῶν προδοτῶν ἐν ἐκκλησίᾳ ἑτέρᾳ βουλεύεσθαι· τῶν γὰρ ἐνεστώτων καιρῶν
ἀλλότριον εἶναι· καὶ πρότερον δὲ Καρχηδονίων τὰς τριάκοντα μυριάδας περὶ τὴν
῾Ιμέραν νενικῆσθαι στρατηγοῦντος Γέλωνος αὐτοκράτορος.
|
|
Traduction française :
[13,94] Le moment où il entra dans Syracuse,
fut précisément celui où tout le peuple sortait d'un grand spectacle qui s'était
donné. Toute cette foule étant venue au devant de lui, et lui ayant demandé
des nouvelles des Carthaginois, il leur répondit qu'ils avaient au dedans de
leurs murailles des ennemis beaucoup plus dangereux que ceux du dehors ;
c'est-àdire leurs magistrats mêmes qui s'attiraient leur bienveillance par des
fêtes, en dissipant les trésors publics au point que les soldats n'étaient pas
payés. Que tandis qu'on ne se mettait en peine de rien, les ennemis faisaient
des préparatifs immenses et qu'on les verrait bientôt devant les murailles de
Syracuse. (2) Il ajouta qu'il se doutait depuis longtemps du motif de la conduite
ou de l'inaction de leurs chefs, mais qu'enfin il en était pleinement instruit, par
ce qui lui était arrivé à lui-même. Imilcar, disait-il, lui avait envoyé un héraut,
sous le prétexte apparent de retirer quelques prisonniers de guerre, mais pour
l'inviter en secret à n'en pas faire plus que ses collègues, à ne se pas mettre
en peine de ce qui se passait ; et s'il ne voulait pas entrer dans ses vues, à ne
pas s'opposer du moins à ses entreprises. (3) Denys conclut en disant qu'en
effet il ne vouait plus se mêler de rien et qu'à l'heure-même il se démettait du
commandement, comme n'étant pas juste qu'il s'exposât seul à tous les périls
de la guerre, pendant que les autres vendaient tranquillement leur patrie ; ne
voulant d'ailleurs être confondu avec eux ni par le même titre, ni par les
mêmes imputations. (4) Chacun alors se sépara, emportant chez soi bien de
l'animosité, bien des soupçons et bien des craintes. Le lendemain l'assemblée
du peuple ayant été convoquée de nouveau, les accusations de Denys contre
les commandants eurent encore plus de succès et la multitude s'aigrit
vivement contre eux. (5) Bientôt après, quelques voix s'élevèrent beaucoup au-
dessus des autres : on disait qu'il fallait nommer Denys commandant général
et unique, et ne pas attendre pour cela que l'ennemi eut abattu leurs murailles;
que la guerre présente demandait un chef unique et tel que celui-là, qui
pouvait seul rappeler la fortune de leur côté, comme on avait vaincu autrefois
devant Himère trois cent mille Carthaginois, sous le commandement de Gélon
seul ; et que dans un autre temps on consulterait à loisir de quelle manière on
en agirait avec les traîtres, la situation des choses ne permettant pas de s'en
occuper alors.
|
|