Texte grec :
[13,77] Κόνων δ' ὁ τῶν ᾿Αθηναίων στρατηγὸς εἶχε μὲν ἑβδομήκοντα ναῦς, οὕτως
ἐξηρτυμένας τὰ πρὸς ναυμαχίαν ὡς οὐδεὶς ἕτερος τῶν πρότερον στρατηγῶν ἦν
κατεσκευακώς. Ἔτυχε μὲν οὖν ἁπάσαις ἀνηγμένος ἐπὶ τὴν βοήθειαν τῆς Μηθύμνης·
(2) εὑρὼν δὲ αὐτὴν ἡλωκυῖαν τότε μὲν ηὐλίσθη πρός τινι νήσῳ τῶν ῾Εκατὸν
καλουμένων, ἅμα δ' ἡμέρᾳ κατανοήσας τὰς τῶν πολεμίων ναῦς προσπλεούσας, τὸ
μὲν αὐτοῦ διαναυμαχεῖν ἔκρινεν ἐπισφαλὲς εἶναι πρὸς διπλασίας τριήρεις, διενοεῖτο
δὲ ἔξω πλέων φυγεῖν καὶ προσεπισπασάμενός τινας τῶν πολεμίων τριήρων
ναυμαχῆσαι πρὸς τῇ Μιτυλήνῃ· οὕτως γὰρ ὑπελάμβανε νικῶν μὲν ἕξειν ἀναστροφὴν
εἰς τὸ διώκειν, ἡττώμενος δ' εἰς τὸν λιμένα καταφεύξεσθαι. (3) Ἐμβιβάσας οὖν τοὺς
στρατιώτας ἔπλει σχολαίως ταῖς εἰρεσίαις χρώμενος, ὅπως αἱ τῶν Πελοποννησίων
ἐγγίσωσιν. Οἱ δὲ Λακεδαιμόνιοι προσιόντες ἀεὶ μᾶλλον ἤλαυνον τὰς ναῦς, ἐλπίζοντες
αἱρήσειν τὰς ἐσχάτας τῶν πολεμίων. (4) Τοῦ δὲ Κόνωνος ὑποχωροῦντος οἱ τὰς
ἀρίστας ἔχοντες ναῦς τῶν Πελοποννησίων κατὰ σπουδὴν ἐδίωκον, καὶ τοὺς μὲν
ἐρέτας διὰ τὴν συνέχειαν τῆς εἰρεσίας ἐξέλυσαν, αὐτοὶ δὲ πολὺ τῶν ἄλλων
ἀπεσπάσθησαν. Ἂ δὴ συνιδὼν ὁ Κόνων, ὡς ἤδη τῆς Μιτυλήνης ἤγγιζον, ἦρεν ἀπὸ τῆς
ἰδίας νεὼς φοινικίδα· τοῦτο γὰρ σύσσημον ἦν τοῖς τριηράρχοις. (5) Διόπερ αἱ μὲν ναῦς,
τῶν πολεμίων ἐξαπτομένων, ἐξαίφνης πρὸς ἕνα καιρὸν ἐπέστρεψαν, καὶ τὸ μὲν
πλῆθος ἐπαιάνισεν, οἱ δὲ σαλπικταὶ τὸ πολεμικὸν ἐσήμηναν· οἱ δὲ Πελοποννήσιοι
καταπλαγέντες ἐπὶ τῷ γεγονότι ταχέως ἐπεχείρουν ἀντιπαρατάττειν τὰς ναῦς, τοῦ
καιροῦ δ' ἀναστροφὴν οὐ διδόντος οὗτοι μὲν ἐν πολλῷ θορύβῳ καθειστήκεισαν διὰ τὸ
τὰς ἀφυστερούσας ναῦς τὴν εἰθισμένην λελοιπέναι τάξιν.
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Traduction française :
[13,77] D'un autre côté Conon, général d'Athénes, avait soixante et dix vaisseaux
les mieux équipés en guerre, qu'aucun capitaine athénien en eut jamais
rassemblés. Il était venu avec de si grandi préparatifs, dans le dessein de
secourir Methymne. (2) Mais la trouvant prise, il vint mouiller à une de ces
petites îles qui portent ensemble le nom de cent. Ayant découvert dès le
lendemain toute la flotte des ennemis, qui surpassait la sienne du double, il ne
crut pas qu'il y eut de la prudence à l'attaquer, du moins en cet endroit. Ainsi il
fit force de voiles pour aller plus loin, et cependant il accrocha en passant
quelques vaisseaux ennemis. Il comptait de risquer le combat avec plus
d'avantage, à la hauteur de Mitylène par ce que s'il avait le dessus, il aurait
plus d'espace pour poursuivre les vaincus et si au contraire il perdait la
bataille, il trouverait une retraite dans le port. (3) Ayant donc fait rentrer dans
sa flotte tous les soldats descendus aux cent îles, il fit ramer assez lentement
pour donner lieu aux Spartiates de le joindre. Les Spartiates, au contraire,
s'avançaient en diligence, dans l'espoir de se saisir de quelques vaisseaux à la
queue de la flotte athénienne. (4) Conon prit alors de l'avance ; mais les
vaisseaux lacédémoniens fournis de rameurs vigoureux, le poursuivirent avec
tant d'efforts, qu'ils se lassèrent eux-mêmes et se trouvèrent très éloignés de
leur flotte. Conon qui se vit fort près de Mitylene et qui s'aperçut de cet
épuisement des rameurs et de cette séparation de la flotte ennemie, fit aussitôt
élever l'étendard rouge c'était le signal convenu avec tous les capitaines de
vaisseaux. (5) Les Athéniens se tournèrent au même moment contre leurs
ennemis qui les touchaient. Il s'éleva un cri général dans leur flotte et toutes
les trompettes sonnèrent la charge. Les Spartiates étonnés de ce premier
choc, se hâterent de rejoindre leurs vaisseaux les moins avancés pour faire
face tous ensemble l'ennemi. Mais comme la vivacité de l'attaque leur en
laissait à peine le temps, ils se trouvaient dès le commencement du combat
dans une espèce de désordre et ne pouvaient parvenir à se mettre en ligne
avec leurs derniers vaisseaux.
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