Texte grec :
[13,62] Οἱ δ' ἐν τῇ πόλει καταλειφθέντες διενυκτέρευον μὲν ἐν τοῖς ὅπλοις ἐπὶ τῶν τειχῶν·
ἅμα δ' ἡμέρᾳ τῶν Καρχηδονίων περιστρατοπεδευσάντων τὴν πόλιν καὶ πυκνὰς
προσβολὰς ποιουμένων, οἱ καταλειφθέντες τῶν ῾Ιμεραίων ἀφειδῶς ἠγωνίζοντο,
προσδοκῶντες τὴν τῶν νεῶν παρουσίαν. (2) Ἐκείνην μὲν οὖν τὴν ἡμέραν
διεκαρτέρησαν, τῇ δ' ὑστεραίᾳ τῶν τριήρων ἐπιφαινομένων ἤδη συνέβαινε τὸ μὲν
τεῖχος πεσεῖν ὑπὸ τῶν μηχανῶν, τοὺς δ' ῎Ιβηρας ἀθρόους παρεισπεσεῖν εἰς τὴν πόλιν.
Τῶν δὲ βαρβάρων οἱ μὲν ἠμύνοντο τοὺς παραβοηθοῦντας τῶν ῾Ιμεραίων, οἱ δὲ
καταλαμβανόμενοι τὰ τείχη παρεδέχοντο τοὺς ἰδίους. (3) Κατὰ κράτος οὖν ἁλούσης
τῆς πόλεως, ἐπὶ πολὺν χρόνον οἱ βάρβαροι πάντας ἐφόνευον τοὺς
καταλαμβανομένους ἀσυμπαθῶς. Τοῦ δ' ᾿Αννίβα ζωγρεῖν παραγγείλαντος ὁ μὲν
φόνος ἔληξεν, ἡ δ' ἐκ τῶν οἰκιῶν εὐδαιμονία διεφορεῖτο. (4) Ὁ δ' ᾿Αννίβας τὰ μὲν ἱερὰ
συλήσας καὶ τοὺς καταφυγόντας ἱκέτας ἀποσπάσας ἐνέπρησε, καὶ τὴν πόλιν εἰς
ἔδαφος κατέσκαψεν, οἰκισθεῖσαν ἔτη διακόσια τεσσαράκοντα·τῶν δ' αἰχμαλώτων
γυναῖκας καὶ παῖδας διαδοὺς εἰς τὸ στρατόπεδον παρεφύλαττε, τῶν δ' ἀνδρῶν τοὺς
ἁλόντας εἰς τρισχιλίους ὄντας παρήγαγεν ἐπὶ τὸν τόπον, ἐν ᾧ πρότερον ᾿Αμίλκας ὁ
πάππος αὐτοῦ ὑπὸ Γέλωνος ἀνῃρέθη, καὶ πάντας αἰκισάμενος κατέσφαξεν. (5) Μετὰ
δὲ ταῦτα διαλύσας τὸ στρατόπεδον, τοὺς μὲν ἀπὸ Σικελίας συμμάχους ἀπέστειλεν εἰς
τὰς πατρίδας, μεθ' ὧν καὶ Καμπανοὶ συνηκολούθησαν, ἐγκαλοῦντες (μὲν) τοῖς
Καρχηδονίοις ὡς αἰτιώτατοι μὲν τῶν εὐημερημάτων γεγενημένοι, οὐκ ἀξίας δὲ
χάριτας εἰληφότες τῶν πεπραγμένων· (6) Ὁ δ' ᾿Αννίβας εἰς τὰς μακρὰς ναῦς καὶ
φορτηγοὺς ἐμβιβάσας τὴν δύναμιν, καὶ τοὺς ἱκανοὺς τοῖς συμμάχοις ἀπολιπὼν
στρατιώτας, ἐξέπλευσεν ἐκ τῆς Σικελίας. Ἐπεὶ δ' εἰς Καρχηδόνα κατέπλευσε μετὰ
πολλῶν λαφύρων, ἀπήντων αὐτῷ πάντες δεξιούμενοι καὶ τιμῶντες ὡς ἐν ὀλίγῳ
χρόνῳ μείζονα πράξαντα τῶν πρότερον στρατηγῶν.
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Traduction française :
[13,62] ceux qui restèrent dans la ville passèrent la nuit sur les murailles et sous
les armes. Dès le lendemain les Carthaginois donnèrent aux murs, par le jeu
de leurs machines, une attaque violente, que les assiégés soutinrent
vigoureusement, dans l'attente des vaisseaux qui devaient les venir prendre.
(2) La défense de ce premier jour fut très belle, mais le lendemain où les
vaisseaux qu'ils attendaient étaient déjà à la vue d'Himère, les machines firent
tomber une grande partie des murailles et les troupes espagnoles entrèrent en
foule dans la ville. Entre les Barbares les uns repoussaient les assiégés qui
résistaient encore et les autres facilitaient le passage à leurs camarades. (3)
Enfin la ville étant prise sans ressource, les vainqueurs, pendant très
longtemps, n'eurent d'autre occupation que de tuer impitoyablement tout ce qui
tombait sous leurs mains. Mais Hannibal ayant ordonné qu'on prit tout le reste
vivant, le carnage cessa et les soldats se contentèrent de s'enrichir de la
dépouille des maisons. (4) Hannibal pour sa part pilla ses temples et après en
avoir fait sortir tous ceux qui s'y étaient réfugiés, il y fit mettre le feu. La ville fut
rasée ensuite jusqu'à niveau de terre, environ deux cents quarante ans après
sa fondation. Hannibal donna en garde à son armée les femmes et les enfants
de tous les captifs ; mais pour les hommes, qui montaient au nombre de trois
mille, il les fit tous conduire sur cette hauteur, où son aïeul Hamilcar avait été
autrefois égorgé par l'ordre de Gélon et là après plusieurs outrages, il les fit
égorger eux-mêmes. (5) À la fin de cette exécution, il licencia son armée et
renvoya ses alliés siciliens chacun dans leurs villes, où ils furent suivis des
Campaniens, qui se plaignaient beaucoup des Carthaginois, sur ce qu'ayant
extrêmement contribué à leurs succès, ils n'en avaient pas reçu des
récompenses proportionnées à leurs services. (5) Hannibal fit rembarquer en
même temps les troupes de sa nation, ou dans ses vaisseaux longs, ou dans
ses vaisseaux de charge ; et ne laissant dans la Sicile que ce qui suffisait pour
la défense des alliés, il en partit chargé de riches dépouilles. À son arrivée à
Carthage, tous ses concitoyens vinrent au devant de lui avec de grandes
acclamations, le louant beaucoup de ce qu'en très peu de temps il avait fait de
plus grands exploits que les Généraux qui l'avaient précédé.
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