Texte grec :
[13,48] Συνέβη δὲ περὶ τοῦτον τὸν χρόνον ἐν τῇ Κορκύρᾳ γενέσθαι μεγάλην στάσιν καὶ
σφαγήν, ἣν δι' ἑτέρας μὲν αἰτίας λέγεται γενέσθαι, μάλιστα δὲ διὰ τὴν ὑπάρχουσαν
αὐτοῖς πρὸς ἀλλήλους ἔχθραν. (2) Ἐν οὐδεμιᾷ γάρ ποτε πόλει τοιοῦτοι πολιτῶν φόνοι
συνετελέσθησαν οὐδὲ μείζων ἔρις καὶ φιλονεικία πρὸς ὄλεθρον ἀνήκουσα. Δοκοῦσι
γὰρ οἱ μὲν ἀναιρεθέντες ὑπ' ἀλλήλων πρὸ ταύτης τῆς στάσεως γεγονέναι περὶ
χιλίους καὶ πεντακοσίους, καὶ πάντες οὗτοι πρωτεύοντες τῶν πολιτῶν. (3) Τούτων δ'
ἐπιγεγενημένων τῶν ἀτυχημάτων ἑτέραν αὐτοῖς συμφορὰν ἐπέστησεν ἡ τύχη, τὴν
πρὸς ἀλλήλους πάλιν αὐξήσασα διαφοράν. Οἱ μὲν γὰρ προέχοντες τοῖς ἀξιώμασι τῶν
Κορκυραίων ὀρεγόμενοι τῆς ὀλιγαρχίας ἐφρόνουν τὰ Λακεδαιμονίων, ὁ δὲ δημοτικὸς
ὄχλος ἔσπευδε τοῖς ᾿Αθηναίοις συμμαχεῖν. (4) Καὶ γὰρ διαφερούσας τὰς σπουδὰς
εἶχον οἱ περὶ τῆς ἡγεμονίας διαγωνιζόμενοι δῆμοι· Λακεδαιμόνιοι γὰρ τοὺς
πρωτεύοντας ἐν ταῖς συμμαχίσι πόλεσιν ἐποίουν ἐπὶ τῆς διοικήσεως τῶν κοινῶν,
᾿Αθηναῖοι δὲ δημοκρατίας ἐν ταῖς πόλεσι καθίστανον. (5) Οἱ δ' οὖν Κορκυραῖοι
θεωροῦντες τοὺς δυνατωτάτους τῶν πολιτῶν ὄντας πρὸς τῷ τὴν πόλιν ἐγχειρίζειν
Λακεδαιμονίοις, μετεπέμψαντο παρ' ᾿Αθηναίων δύναμιν τὴν παραφυλάξουσαν τὴν
πόλιν. (6) Κόνων δ' ὁ στρατηγὸς τῶν ᾿Αθηναίων πλεύσας εἰς Κόρκυραν, ἑξακοσίους
μὲν τῶν ἐκ Ναυπάκτου Μεσσηνίων κατέλιπεν ἐν τῇ πόλει, αὐτὸς δὲ μετὰ τῶν νεῶν
παρέπλευσε, καὶ καθωρμίσθη πρὸς τῷ τῆς ῞Ηρας τεμένει. (7) Οἱ δὲ ἑξακόσιοι μετὰ
τῶν δημοτικῶν ὁρμήσαντες ἐπὶ τοὺς τὰ Λακεδαιμονίων φρονοῦντας ἐξαίφνης ἀγορᾶς
πληθούσης οὓς μὲν συνελάμβανον, οὓς δ' ἐφόνευον, πλείους δὲ τῶν χιλίων
ἐφυγάδευσαν· ἐποιήσαντο δὲ τοὺς μὲν δούλους ἐλευθέρους, τοὺς δὲ ξένους πολίτας,
εὐλαβούμενοι τό τε πλῆθος καὶ τὴν δύναμιν τῶν φυγάδων. (8) Οἱ μὲν οὖν ἐκπεσόντες
ἐκ τῆς πατρίδος εἰς τὴν καταντίον ἤπειρον ἔφυγον· μετὰ δέ τινας ἡμέρας τῶν ἐν τῇ
πόλει τινες φρονοῦντες τὰ τῶν φυγάδων κατελάβοντο τὴν ἀγοράν, καὶ
μεταπεμψάμενοι τοὺς φυγάδας περὶ τῶν ὅλων διηγωνίζοντο. Τέλος δὲ νυκτὸς
καταλαβούσης εἰς ὁμολογίας ἦλθον πρὸς ἀλλήλους, καὶ τῆς φιλονεικίας παυσάμενοι
κοινῶς ᾤκουν τὴν πατρίδα. Ἡ μὲν οὖν ἐν Κορκύρᾳ σφαγὴ τοιοῦτον ἔσχε τὸ τέλος.
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Traduction française :
[13,48] IL s'était élevé depuis peu dans Corcyre une sédition qui avait été
suivie d'un grand carnage. La principale cause de ce désordre avait été la
haine invétérée que le habitants se portaient les uns aux autres. (2) Il n'y a
jamais eu dans aucune ville tant d'inimitiés, tant de querelles et tant de
meurtres. On fait monter à quinze cents hommes et tous des principaux de la
ville le nombre des citoyens qui périrent en cette occasion. (3) À ce malheur, la
fortune en ajouta un autre qui augmenta encore leur aversion mutuelle. Car les
plus considérables d'entre eux qui aspiraient à l'oligarchie, prenaient le parti
des Lacédémoniens ; au lieu que le peuple et la multitude favorisait les
Athéniens et voulait combattre pour eux. (4) En effet, ces deux nations
principales de la Grèce avaient une politique différente à l'égard de leurs alliés.
Lacédémone donnait toujours dans les villes de sa dépendance l'autorité aux
plus puissants et y établissait l'aristocratie ; et Athènes au contraire maintenait
partout l'autorité populaire ou démocratique. (5) Ainsi les Corcyréens voyant
que leurs citoyens les plus considérables penchaient pour Lacédémone,
envoyèrent demander à Athènes une garnison pour leur ville. (6) En
conséquence de cette proposition, Conon général des Athéniens fit voile vers
Corcyre où il laissa pour garder la ville six cents Messéniens pris à Naupacte;
après quoi, il se remit en mer et vint jeter l'ancre au temple de Junon. (7) Dès
qu'il fut parti cette garnison étrangère se joignant au peuple, se jeta à
l'occasion et dans le temps d'une assemblée publique sur ceux qui tenaient
pour les Lacédémoniens et là ils se saisirent des uns, ils en engorgèrent
d'autres et en mirent en fuite plus de mille. Ils donnèrent ensuite la liberté aux
esclaves et le droit de bourgeoisie aux étrangers, pour se défendre contre les
exilés dont ils craignaient le crédit et le nombre. (8) Ces derniers cependant,
exclus ainsi de leur patrie, se réfugièrent dans le continent le plus voisin de
leur île. Quelques jours après, les amis des exilés se rendirent maîtres de la
place publique, y conclurent leur rappel et y décidèrent des intérêts communs
de nation. Les bannis étant revenus dès la nuit suivante, tous les habitants de
Corcyre entrèrent en conférence les uns. avec les autres. Ils convinrent tous
ensemble d'apaiser leurs dissensions funestes et ils vécurent tranquillement
dans la suite. Voilà qu'elle sut la fin de ce bannissement et de la guerre
intestine de Corcyre.
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