HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Diodore de Sicile, La Bibliothèque historique, livre II

ἴδιον



Texte grec :

[2,47] Ἡμεῖς δ´ ἐπεὶ τὰ πρὸς ἄρκτους κεκλιμένα μέρη τῆς Ἀσίας ἠξιώσαμεν ἀναγραφῆς, οὐκ ἀνοίκειον εἶναι νομίζομεν τὰ περὶ τῶν Ὑπερβορέων μυθολογούμενα διελθεῖν. τῶν γὰρ τὰς παλαιὰς μυθολογίας ἀναγεγραφότων Ἑκαταῖος καί τινες ἕτεροί φασιν ἐν τοῖς ἀντιπέρας τῆς Κελτικῆς τόποις κατὰ τὸν ὠκεανὸν εἶναι νῆσον οὐκ ἐλάττω τῆς Σικελίας. ταύτην ὑπάρχειν μὲν κατὰ τὰς ἄρκτους, κατοικεῖσθαι δὲ ὑπὸ τῶν ὀνομαζομένων Ὑπερβορέων ἀπὸ τοῦ πορρωτέρω κεῖσθαι τῆς βορείου πνοῆς· οὖσαν δ´ αὐτὴν εὔγειόν τε καὶ πάμφορον, ἔτι δ´ εὐκρασίᾳ διαφέρουσαν, διττοὺς κατ´ ἔτος ἐκφέρειν καρπούς. μυθολογοῦσι δ´ ἐν αὐτῇ τὴν Λητὼ γεγονέναι· διὸ καὶ τὸν Ἀπόλλω μάλιστα τῶν ἄλλων θεῶν παρ´ αὐτοῖς τιμᾶσθαι· εἶναι δ´ αὐτοὺς ὥσπερ ἱερεῖς τινας Ἀπόλλωνος διὰ τὸ τὸν θεὸν τοῦτον καθ´ ἡμέραν ὑπ´ αὐτῶν ὑμνεῖσθαι μετ´ ᾠδῆς συνεχῶς καὶ τιμᾶσθαι διαφερόντως. ὑπάρχειν δὲ καὶ κατὰ τὴν νῆσον τέμενός τε Ἀπόλλωνος μεγαλοπρεπὲς καὶ ναὸν ἀξιόλογον ἀναθήμασι πολλοῖς κεκοσμημένον, σφαιροειδῆ τῷ σχήματι. καὶ πόλιν μὲν ὑπάρχειν ἱερὰν τοῦ θεοῦ τούτου, τῶν δὲ κατοικούντων αὐτὴν τοὺς πλείστους εἶναι κιθαριστάς, καὶ συνεχῶς ἐν τῷ ναῷ κιθαρίζοντας ὕμνους λέγειν τῷ θεῷ μετ´ ᾠδῆς, ἀποσεμνύνοντας αὐτοῦ τὰς πράξεις. ἔχειν δὲ τοὺς Ὑπερβορέους ἰδίαν τινὰ διάλεκτον, καὶ πρὸς τοὺς Ἕλληνας οἰκειότατα διακεῖσθαι, καὶ μάλιστα πρὸς τοὺς Ἀθηναίους καὶ Δηλίους, ἐκ παλαιῶν χρόνων παρειληφότας τὴν εὔνοιαν ταύτην. καὶ τῶν Ἑλλήνων τινὰς μυθολογοῦσι παραβαλεῖν εἰς Ὑπερβορέους, καὶ ἀναθήματα πολυτελῆ καταλιπεῖν γράμμασιν Ἑλληνικοῖς ἐπιγεγραμμένα. ὡσαύτως δὲ καὶ ἐκ τῶν Ὑπερβορέων Ἄβαριν εἰς τὴν Ἑλλάδα καταντήσαντα τὸ παλαιὸν ἀνασῶσαι τὴν πρὸς Δηλίους εὔνοιάν τε καὶ συγγένειαν. φασὶ δὲ καὶ τὴν σελήνην ἐκ ταύτης τῆς νήσου φαίνεσθαι παντελῶς ὀλίγον ἀπέχουσαν τῆς γῆς καί τινας ἐξοχὰς γεώδεις ἔχουσαν ἐν αὐτῇ φανεράς. λέγεται δὲ καὶ τὸν θεὸν δι´ ἐτῶν ἐννεακαίδεκα καταντᾶν εἰς τὴν νῆσον, ἐν οἷς αἱ τῶν ἄστρων ἀποκαταστάσεις ἐπὶ τέλος ἄγονται· καὶ διὰ τοῦτο τὸν ἐννεακαιδεκαετῆ χρόνον ὑπὸ τῶν Ἑλλήνων Μέτωνος ἐνιαυτὸν ὀνομάζεσθαι. κατὰ δὲ τὴν ἐπιφάνειαν ταύτην τὸν θεὸν κιθαρίζειν τε καὶ χορεύειν συνεχῶς τὰς νύκτας ἀπὸ ἰσημερίας ἐαρινῆς ἕως πλειάδος ἀνατολῆς ἐπὶ τοῖς ἰδίοις εὐημερήμασι τερπόμενον. βασιλεύειν δὲ τῆς πόλεως ταύτης καὶ τοῦ τεμένους ἐπάρχειν τοὺς ὀνομαζομένους Βορεάδας, ἀπογόνους ὄντας Βορέου, καὶ κατὰ γένος ἀεὶ διαδέχεσθαι τὰς ἀρχάς.

Traduction française :

[2,47] Puisque nous sommes arrivés à parler des contrées septentrionales de l'Asie, il ne sera pas hors de propos de dire un mot des Hyperboréens. Parmi les historiens qui ont consigné dans leurs annales des traditions de l'antiquité, Hécaté et quelques autres prétendent qu'il y a au delà de la Celtique, dans l'Océan, une île qui n'est pas moins grande que la Sicile. Cette île, située au nord, est, disent-ils, habitée par les Hyperboréens, ainsi nommés parce qu'ils vivent au delà du point d'où souffle Borée. Le sol de cette île est excellent, et si remarquable par sa fertilité qu'il produit deux récoltes par an. C'est là, selon le même récit, le lieu de naissance de Latone, ce qui explique pourquoi les insulaires vénèrent particulièrement Apollon. Ils sont tous, pour ainsi dire, les prêtres de ce dieu : chaque jour ils chantent des hymnes en son honneur. On voit aussi dans cette île une vaste enceinte consacrée à Apollon, ainsi qu'un temple magnifique de forme ronde et orné de nombreuses offrandes; la ville de ces insulaires est également dédiée à Apollon; ses habitants sont pour la plupart des joueurs de cithare, qui célèbrent sans cesse, dans le temple, les louanges du dieu en accompagnant le chant des hymnes avec leurs instruments. Les Hyperboréens parlent une langue qui leur est propre ; ils se montrent très bienveillants envers les Grecs, et particulièrement envers les Athéniens et les Déliens; et ces sentiments remontent à un temps très reculé. On prétend même que plusieurs Grecs sont venus visiter les Hyperboréens, qu'ils ont laissé de riches offrandes chargées d'inscriptions grecques, et que réciproquement, Abaris, l'Hyperboréen, avait jadis voyagé en Grèce pour renouveler avec les Déliens l'amitié qui existait entre les deux peuples. On ajoute encore que la lune, vue de cette île, paraît être à une très petite distance de la terre, et qu'on y observe distinctement des soulèvements de terrain. Apollon passe pour descendre dans cette île tous les dix-neuf ans. C'est aussi à la fin de cette période que les astres sont, après leur révolution, revenus à leur point de départ. Cette période de dix-neuf ans est désignée par les Grecs sous le nom de Grande année. On voit ce dieu, pendant son apparition, danser toutes les nuits en s'accompagnant de la cithare, depuis l'équinoxe du printemps jusqu'au lever des Pléiades, comme pour se réjouir des honneurs qu'on lui rend. Le gouvernement de cette ville et la garde du temple sont confiés à des rois appelés Boréades, les descendants et les successeurs de Borée.





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Dernière mise à jour : 23/03/2006