Texte grec :
[1,80] Ὑπῆρχε δὲ καὶ περὶ τῶν κλεπτῶν νόμος παρ´
Αἰγυπτίοις ἰδιώτατος. ἐκέλευε γὰρ τοὺς μὲν βουλομένους
ἔχειν ταύτην τὴν ἐργασίαν ἀπογράφεσθαι
πρὸς τὸν ἀρχίφωρα, καὶ τὸ κλαπὲν ὁμολόγως ἀναφέρειν
παραχρῆμα πρὸς ἐκεῖνον, τοὺς δὲ ἀπολέσαντας
παραπλησίως ἀπογράφειν αὐτῷ καθ´ ἕκαστον
τῶν ἀπολωλότων, προστιθέντας τόν τε τόπον καὶ
τὴν ἡμέραν καὶ τὴν ὥραν καθ´ ἣν ἀπώλεσεν. τούτῳ
δὲ τῷ τρόπῳ πάντων ἑτοίμως εὑρισκομένων, ἔδει
τὸν ἀπολέσαντα τὸ τέταρτον μέρος τῆς ἀξίας δόντα
κτήσασθαι τὰ ἑαυτοῦ μόνα. ἀδυνάτου γὰρ ὄντος
τοῦ πάντας ἀποστῆσαι τῆς κλοπῆς εὗρε πόρον ὁ
νομοθέτης δι´ οὗ πᾶν τὸ ἀπολόμενον σωθήσεται
μικρῶν διδομένων λύτρων.
Γαμοῦσι δὲ παρ´ Αἰγυπτίοις οἱ μὲν ἱερεῖς μίαν,
τῶν δ´ ἄλλων ὅσας ἂν ἕκαστος προαιρῆται· καὶ τὰ
γεννώμενα πάντα τρέφουσιν ἐξ ἀνάγκης ἕνεκα τῆς
πολυανθρωπίας, ὡς ταύτης μέγιστα συμβαλλομένης
πρὸς εὐδαιμονίαν χώρας τε καὶ πόλεων, νόθον δ´
οὐδένα τῶν γεννηθέντων νομίζουσιν, οὐδ´ ἂν ἐξ
ἀργυρωνήτου μητρὸς γεννηθῇ· καθόλου γὰρ ὑπειλήφασι
τὸν πατέρα μόνον αἴτιον εἶναι τῆς γενέσεως,
τὴν δὲ μητέρα τροφὴν καὶ χώραν {μόνον} παρέχεσθαι
τῷ βρέφει, καὶ τῶν δένδρων ἄρρενα μὲν καλοῦσι
τὰ καρποφόρα, θήλεα δὲ τὰ μὴ φέροντα τοὺς
καρπούς, ἐναντίως τοῖς Ἕλλησι. τρέφουσι δὲ τὰ
παιδία μετά τινος εὐχερείας ἀδαπάνου καὶ παντελῶς
ἀπίστου· ἑψήματα γὰρ αὐτοῖς χορηγοῦσιν ἔκ τινος
εὐτελείας ἑτοίμης γινόμενα, καὶ τῶν ἐκ τῆς βύβλου
πυθμένων τοὺς δυναμένους εἰς τὸ πῦρ ἐγκρύβεσθαι,
καὶ τῶν ῥιζῶν καὶ τῶν καυλῶν τῶν ἑλείων τὰ μὲν
ὠμά, τὰ δ´ ἕψοντες, τὰ δ´ ὀπτῶντες, διδόασιν. ἀνυποδήτων
δὲ καὶ γυμνῶν τῶν πλείστων τρεφομένων
διὰ τὴν εὐκρασίαν τῶν τόπων, τὴν πᾶσαν δαπάνην
οἱ γονεῖς, ἄχρι ἂν εἰς ἡλικίαν ἔλθῃ τὸ τέκνον, οὐ
πλείω ποιοῦσι δραχμῶν εἴκοσι. δι´ ἃς αἰτίας μάλιστα
τὴν Αἴγυπτον συμβαίνει πολυανθρωπίᾳ διαφέρειν,
καὶ διὰ τοῦτο πλείστας ἔχειν μεγάλων ἔργων κατασκευάς.
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Traduction française :
[1,80] Il existait aussi chez les Égyptiens une loi très singulière
concernant les voleurs. Elle ordonnait que ceux qui voudraient
se livrer à cette industrie se fissent inscrire chez le chef des voleurs
et qu'ils lui rapportassent immédiatement les objets qu'ils auraient dérobés.
Les personnes au préjudice desquelles le vol avait été commis
devaient à leur tour faire inscrire chez ce chef chacun des
objets volés, avec l'indication du lieu, du jour et de l'heure
où ces objets avaient été soustraits. De cette façon on retrouvait
aussitôt toutes les choses volées, à la condition de payer le quart
de leur valeur pour les reprendre. Dans l'impossibilité d'empêcher
tout le monde de voler, le législateur a trouvé un moyen de faire restituer,
par une modique rançon, tout ce qui a été dérobé.
Chez les Égyptiens, les prêtres n'épousent qu'une seule
femme, mais les autres citoyens peuvent en choisir autant
qu'ils veulent. Les parents sont obligés de nourrir tous
leurs enfants, afin d'augmenter la population, qui est regardée
comme contribuant le plus à la prospérité de l'État.
Aucun enfant n'est réputé illégitime, lors même qu'il est
né d'une mère esclave; car, selon la croyance commune,
le père est l'auteur unique de la naissance de l'enfant, auquel
la mère n'a fourni que la nourriture et la demeure.
C'est ainsi qu'ils donnent, parmi les arbres, le nom de mâles
à ceux qui portent des fruits et le nom de femelles à ceux
qui n'en portent pas, contrairement à l'opinion des Grecs.
Ils pourvoient à l'entretien de leurs enfants sans aucune
dépense et avec une frugalité incroyable. Ils leur donnent
des aliments cuits très simples, des tiges de papyrus, qui
peuvent être grillées au feu, des racines et des tiges de
plantes palustres, tantôt crues, tantôt bouillies ou rôties;
et comme presque tous les enfants vont sans chaussures
et sans vêtements, à cause du climat tempéré, les parents
n'évaluent pas au delà de vingt drachmes toute la dépense
qu'ils font pour leurs enfants jusqu'à l'âge de la
puberté. C'est à ces causes que l'Égypte doit sa nombreuse
population ainsi que la quantité considérable d'ouvrages
et de monuments qu'on trouve dans ce pays.
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