HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Mémoires sur les anciens orateurs, II (Isocrate)

μᾶλλον



Texte grec :

[2,9] Τίς δ´ ἂν μᾶλλον πείσειε καὶ πόλιν καὶ ἄνδρας τοῦ ῥήτορος, πολλαχῇ μὲν καὶ ἄλλῃ, μάλιστα δ´ ἐν τῷ πρὸς Λακεδαιμονίους γραφέντι λόγῳ ὃς ἐπιγράφεται μὲν Ἀρχίδαμος, ὑπόθεσιν δὲ περιείληφε τὴν περὶ τοῦ μὴ προέσθαι Μεσσήνην Βοιωτοῖς, μηδὲ ποιεῖν τὸ προσταττόμενον ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν; ἠτύχητο γὰρ δὴ τοῖς Λακεδαιμονίοις ἥ τε περὶ Λεῦκτρα μάχη, καὶ πολλαὶ μετ´ ἐκείνην ἕτεραι· καὶ τὰ μὲν Θηβαίων πράγματα ἤνθει τε καὶ εἰς μέγεθος ἀρχῆς προεληλύθει· τὰ δὲ τῆς Σπάρτης, ταπεινὰ καὶ ἀνάξια τῆς ἀρχαίας ἡγεμονίας γεγόνει. Τελευτῶσα γοῦν ἵνα τύχῃ τῆς εἰρήνης ἡ πόλις, ἐβουλεύετο εἰ χρὴ Μεσσηνίας ἀποστῆναι, ταύτην ἐπιτιθέντων αὐτῇ Βοιωτῶν τὴν ἀνάγκην. Ὁρῶν οὖν αὐτὴν ἀνάξια πράττειν μέλλουσαν τῶν προγόνων, τόνδε τὸν λόγον συνετάξατο Ἀρχιδάμῳ, νέῳ μὲν ὄντι καὶ οὔπω βασιλεύοντι, ἐλπίδας δὲ πολλὰς ἔχοντι ταύτης τεύξεσθαι τῆς τιμῆς. Ἐν ᾧ διεξέρχεται πρῶτον μέν ὡς δικαίως ἐκτήσαντο Μεσσήνην Λακεδαιμόνιοι, παραδόντων τε αὐτὴν τῶν Κρεσφόντου παίδων, ὅτε ἐξέπεσον ἐκ τῆς ἀρχῆς, καὶ τοῦ θεοῦ προστάξαντος δέχεσθαι καὶ τιμωρεῖν τοῖς ἀδικουμένοις· πρὸς δὲ τούτοις ἐπικυρώσαντος μὲν τὴν κτῆσιν τοῦ πολέμου, κάτοχον δὲ καὶ βέβαιον πεποιηκότος τοῦ χρόνου. Διδάσκει δέ ὡς οὐ Μεσσηνίοις τοῖς οὐκέτ´ οὖσιν, ἀλλὰ δούλοις καὶ εἵλωσιν ὁρμητήριον καὶ καταφυγὴν παρέξουσι τὴν πόλιν. Διεξέρχεταί τε τοὺς κινδύνους τῶν προγόνων, οὓς ὑπέμειναν ἕνεκα τῆς ἡγεμονίας· καὶ τῆς δόξης ὑπομιμνήσκει τῆς παρὰ τοῖς Ἕλλησιν ὑπαρχούσης περὶ αὐτῶν Παραινεῖ τε μὴ συγκαταπίπτειν ταῖς τύχαις, μηδ´ ἀπογιγνώσκειν τὰς μεταβολάς· ἐνθυμουμένους ὅτι πολλοὶ μὲν ἤδη μείζω δύναμιν ἔχοντες ἢ Θηβαῖοι, ὑπὸ τῶν ἀσθενεστέρων ἐκρατήθησαν· πολλοὶ δὲ εἰς πολιορκίαν κατακλεισθέντες καὶ δεινότερα ἢ Λακεδαιμόνιοι πάσχοντες, διέφθειραν τοὺς ἐπιστρατεύσαντας· καὶ παράδειγμα ποιεῖται τὴν Ἀθηναίων πόλιν, ἥτις ἐκ πολλῆς εὐδαιμονίας ἀνάστατος γενομένη, τοὺς ἐσχάτους ὑπέστη κινδύνους, ἵνα μὴ τοῖς βαρβάροις ποιῇ τὸ προσταττόμενον. Παρακελεύεται δὲ καὶ καρτερεῖν ἐπὶ τοῖς παροῦσι, καὶ θαρρεῖν περὶ τῶν μελλόντων· ἐπισταμένους ὅτι τὰς τοιαύτας συμφορὰς αἱ πόλεις ἐπανορθοῦνται πολιτείᾳ χρηστῇ, καὶ πολέμων ἐμπειρίαις· ἐν οἷς προεῖχεν ἡ Σπάρτη τῶν ἄλλων πόλεων. Οἴεται δὲ δεῖν οὐ τοὺς κακῶς πράττοντας εἰρήνης ἐπιθυμεῖν, οἷς ἐκ τῆς καινουργίας ἐπὶ τὸ κρεῖττον μεταβάλλειν τὰ πράγματα ἐλπίς, ἀλλὰ τοὺς εὐτυχοῦντας. Ἐν γὰρ τῷ κινδύνῳ τὴν τῶν παρόντων ἀγαθῶν εἶναι φυλακήν. Πολλὰ δὲ καὶ ἄλλα πρὸς τούτοις διεξελθών ὅσα καὶ κοινῇ καὶ ἰδίᾳ τοῖς ἐπιφανεστάτοις αὐτῶν ἐπράχθη κατὰ τοὺς πολέμους λαμπρὰ ἔργα, καὶ ὅσης αἰσχύνης ἄξια δράσουσι, καὶ ὡς καὶ διαβληθήσονται παρὰ τοῖς Ἕλλησιν ἐπιλογισάμενος, καὶ ὅτι πάντοθεν αὐτοῖς ἐπικουρία τις ἔσται τὸν ἀγῶνα ποιουμένοις, καὶ παρὰ θεῶν, καὶ παρὰ συμμάχων, καὶ παρὰ πάντων ἀνθρώπων, οἷς ἐπίφθονος ἡ Θηβαίων δύναμις αὐξομένη· καὶ τὴν κατέχουσαν ἀκοσμίαν καὶ ταραχὴν τὰς πόλεις ἐπιτροπευόντων τῆς Ἑλλάδος Βοιωτῶν ἐπιδειξάμενος, τελευτῶν εἰ καὶ μηθὲν τούτων μέλλοι γίνεσθαι, μηδ´ ὑπολείποιτό τις ἄλλη σωτηρίας ἐλπίς, ἐκλιπεῖν κελεύει τὴν πόλιν, διδάσκων αὐτούς, ὡς χρὴ παῖδας μὲν καὶ γυναῖκας, καὶ τὸν ἄλλον ὄχλον εἴς τε Σικελίαν ἐκπέμψαι καὶ Ἰταλίαν, καὶ τἄλλα χωρία τὰ φίλια· αὐτοὺς δὲ καταλαβομένους τόπον ὅστις ἂν ὀχυρώτατος ᾖ, καὶ πρὸς τὸν πόλεμον ἐπιτηδειότατος, ἄγειν καὶ φέρειν τοὺς πολεμίους καὶ κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν. Οὐδεμίαν γὰρ ἀξιώσειν δύναμιν ὁμόσε χωρεῖν ἀνδράσι κρατίστοις μὲν τὰ πολέμια τῶν Ἑλλήνων, ἀπονενοημένως δὲ πρὸς τὸ ζῆν διακειμένοις, δικαίαν δὲ ὀργὴν καὶ πρόφασιν εὐπρεπῆ τῆς ἀνάγκης ἔχουσι. Ταῦτα γὰρ οὐ Λακεδαιμονίοις συμβουλεύειν φαίην ἂν αὐτὸν ἔγωγε, ἀλλὰ καὶ τοῖς ἄλλοις Ἕλλησι καὶ πᾶσιν ἀνθρώποις, πολλῷ κρεῖττον ἁπάντων φιλοσόφων, οἳ τέλος ποιοῦνται τοῦ βίου τὴν ἀρετὴν καὶ τὸ καλόν.

Traduction française :

[2,9] Quel orateur est plus fait pour persuader les hommes ou un État qu'Isocrate dans plusieurs de ses discours, et surtout dans celui qui a pour titre Archidamus, où il se propose de déterminer les Lacédémoniens à ne pas céder Messène aux Béotiens et à rejeter les conditions dictées par leurs ennemis ? Les Lacédémoniens avaient essuyé des échecs dans la bataille de Leuctres et dans divers combats; et la puissance de Thèbes, de jour en jour plus florissante, touchait à son plus haut période, tandis que Sparte gémissait humiliée, et avait perdu son ancienne suprématie sur la Grèce. A la fin, pour obtenir la paix, elle se vit réduite à délibérer si elle abandonnerait le territoire de Messénie, condition rigoureuse que lui imposaient les Béotiens. Les Lacédémoniens allaient se déshonorer par un traité indigne de leurs ancêtres, lorsqu'Isocrate adressa ce discours à Archidamus, alors fort jeune, qui n'était pas encore roi, mais qui avait de grandes espérances d'arriver à cette dignité. Il prouve aux Lacédémoniens que la possession de Messène est légitime; d'abord, parce que cette ville leur a été donnée par les enfants de Cresphonte, à l'époque où ils furent chassés de leurs États; ensuite, parce que l'oracle de Delphes ordonna aux Lacédémoniens de les recevoir, de les secourir dans leur malheur ; et enfin, parce que cette possession a été sanctionnée par les droits de la guerre et par le temps. Il fait voir que ce serait livrer cette ville, non aux Messéniens, qui déjà n'étaient plus rien, mais à des esclaves et à des ilotes, à qui elle servirait de port et d'asile. Il énumère les périls qu'affrontèrent leurs ancêtres pour parvenir à la suprématie et leur rappelle la renommée dont ils jouissent chez les peuples de la Grèce. Il les presse de ne point céder aux coups de la fortune, d'espérer un heureux changement, de se souvenir que des peuples plus puissants que les Thébains ont été quelquefois vaincus par des nations plus faibles ; et que souvent des citoyens renfermés dans une ville assiégée et réduits à une situation critique, triomphèrent des assiégeants. Il leur propose pour exemple Athènes, qui, tombée du faîte de la prospérité, brava les plus grands dangers plutôt que d'obéir aux Barbares. Il les engage à supporter avec fermeté leurs malheurs présents, à attendre avec confiance un meilleur avenir, et à songer que les Etats réparent de semblables calamités par un gouvernement sage et par cette expérience de la guerre que Sparte possède à un plus haut degré que toutes les républiques. Il pense que ce n'est pas dans l'adversité, et lorsqu'on peut espérer d'un nouvel ordre de choses un état plus heureux, qu'il faut désirer la paix, mais plutôt quand la fortune est favorable: éviter les hasards de la guerre, c'est alors le seul moyen de conserver les avantages que l'on possède. Il rappelle aux Lacédémoniens les actions éclatantes qui les ont couverts de gloire au milieu des combats ; il leur représente la honte que ce traité attirerait sur leur tète et les cris d'indignation qui s'élèveraient coutre eux de tous les points de la Grèce ; tandis qu'en marchant aux combats, ils auront pour auxiliaires les dieux, les alliés, et tous ceux qui voient d'un oeil jaloux l'agrandissement de la puissance de Thèbes. Il peint le trouble et la confusion qui désoleront les villes de la Grèce lorsque l'empire sera tombé aux mains des Béotiens. Pour éviter ce malheur, et puisqu'il n'y a pas d'autre espoir de salut, il les engage à quitter leur ville, à envoyer en Sicile, en Italie et dans les autres pays alliés, leurs épouses, leurs enfants, et tous les citoyens qui ne seraient d'aucune utilité dans les combats; tandis que, maîtres d'une place forte et propre à opposer une vigoureuse résistance, ils réuniront eux-mêmes toutes leurs forces sur terre et sur mer, contre les ennemis. Il soutient qu'aucune armée n'osera se mesurer avec la nation la plus belliqueuse de la Grèce, surtout lorsque, animés par une juste colère, ils sacrifieront leur vie pour la plus belle des causes. De tels conseils conviennent non seulement aux Lacédémoniens, mais à tous les Grecs, à tous les peuples; et l'orateur se montre ici plus philosophe que les sages mêmes, qui placent la perfection suprême dans l'honneur et la vertu.





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Dernière mise à jour : 18/05/2006