HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Lettres - Examen de Thucydide

ληφθῶμεν



Texte grec :

[48] (XLVIII) Ἐκ δὲ τῆς Ἑρμοκράτους δημηγορίας ἐπαινεῖν μὲν ἔχω ταῦτα τὰ κατορθώματα τοῦ συγγραφέως· « Ἀλλ´ οὐ γὰρ δὴ τὴν Ἀθηναίων εὐκατηγόρητον οὖσαν πόλιν νῦν ἥκομεν ἀποφανοῦντες ἐν εἰδόσιν, ὅσα ἀδικεῖ· πολὺ δὲ μᾶλλον ἡμᾶς αὐτοὺς αἰτιασόμενοι, ὅτι ἔχοντες παραδείγματα τῶν ἐκεῖ Ἑλλήνων, ὡς ἐδουλώθησαν οὐκ ἀμύνοντες σφίσιν αὐτοῖς, καὶ νῦν ἐφ´ ἡμᾶς τὰ αὐτὰ παρόντα σοφίσματα, Λεοντίνων τε ξυγγενῶν κατοικίσεις καὶ Αἰγεσταίων ξυμμάχων ἐπικουρίας, οὐ ξυστραφέντες βουλόμεθα προθυμότερον δεῖξαι αὐτοῖς, ὅτι οὐκ Ἴωνες ταῦτά εἰσιν οὐδὲ Ἑλλησπόντιοι καὶ νησιῶται, οἳ δεσπότην ἢ Μῆδον ἢ ἕνα γέ τινα ἀεὶ μεταβάλλοντες δουλοῦνται, ἀλλὰ Δωριεῖς ἐλεύθεροι ἀπ´ αὐτονόμου τῆς Πελοποννήσου τὴν Σικελίαν οἰκοῦντες. Ἢ μένομεν, ἕως ἂν ἕκαστοι κατὰ πόλεις ληφθῶμεν, εἰδότες ὅτι ταύτῃ μόνον ἁλωτοί ἐσμεν; » Ταῦτα γὰρ ἐν τῷ σαφεῖ καὶ καθαρῷ τῆς διαλέκτου τρόπῳ λεγόμενα προσείληφε καὶ τὸ τάχος καὶ τὸ κάλλος καὶ τὸν τόνον καὶ τὴν μεγαλοπρέπειαν καὶ τὴν δεινότητα, καὶ πάθους ἐστὶν ἐναγωνίου μεστά· οἷς ἂν καὶ ἐν δικαστηρίῳ χρήσαιτό τις καὶ ἐν ἐκκλησίαις, καὶ φίλοις διαλεγόμενος. Καὶ ἔτι πρὸς τούτοις ἐκεῖνα· « Εἴ τέ τις φθονεῖ μὲν ἢ καὶ φοβεῖται (ἀμφότερα γὰρ τάδε πάσχει τὰ μείζω), διὰ δ´ αὐτὰ τὰς Συρακόσσας κακωθῆναι μέν, ἵνα σωφρονισθῶμεν, βούλεται, περιγενέσθαι δὲ ἕνεκα τῆς ἑαυτοῦ ἀσφαλείας, οὐκ ἀνθρωπείας δυνάμεως βούλησιν ἐλπίζει. Οὐ γὰρ οἷόν τε ἅμα τῆς τε ἐπιθυμίας καὶ τῆς τύχης τὸν αὐτὸν ὁμοίως ταμίαν γενέσθαι », καὶ τὰ ἐπὶ τελευτῇ κείμενα τοῦ λόγου· « δεόμεθα οὖν καὶ μαρτυρόμεθα, εἰ μὴ πείσομεν, ὅτι ἐπιβουλευόμεθα μὲν ὑπὸ Ἰώνων ἀεὶ πολεμίων, προδιδόμεθα δὲ ὑφ´ ὑμῶν Δωριεῖς Δωριέων· καὶ εἰ καταστρέψονται ἡμᾶς Ἀθηναῖοι, ταῖς μὲν ὑμετέραις γνώμαις κρατήσουσι, τῷ δ´ αὑτῶν ὀνόματι τιμηθήσονται, καὶ τῆς νίκης οὐκ ἄλλον τινὰ ἆθλον ἢ τὸν τὴν νίκην παρασχόντα λήψονται. » Ταῦτα μὲν δὴ καὶ τὰ παραπλήσια τούτοις καλὰ καὶ ζήλου ἄξια ἡγοῦμαι. Ἐκεῖνα δ´ οὐκ οἶδ´ ὅπως ἂν ἐπαινέσαιμι· « Νῦν γὰρ εἰς τὴν Σικελίαν προφάσει μέν, ᾗ πυνθάνεσθε, διανοίᾳ δέ, ἣν πάντες ὑπονοοῦμεν. Καί μοι δοκοῦσιν οὐ Λεοντίνους βούλεσθαι κατοικίσαι, ἀλλ´ ἡμᾶς μᾶλλον ἐξοικίσαι. » Ψυχρὰ γὰρ ἡ παρονομασία καὶ οὐ προσβάλλουσα πάθος, ἀλλ´ ἐπιτήδευσιν. Καὶ ἔτι τὰ πεπλεγμένα καὶ πολλὰς τὰς ἕλικας ἔχοντα σχήματα ταυτί· « Καὶ οὐ περὶ τῆς ἐλευθερίας ἄρα οὔτε οἵδε τῶν Ἑλλήνων οὔτε οἱ Ἕλληνες τῆς ἑαυτῶν τῷ Μήδῳ ἀντέστησαν, περὶ δὲ τοῦ, οἳ μὲν σφίσιν ἀλλὰ μὴ ἐκείνῳ καταδουλώσεως, οἳ δ´ ἐπὶ δεσπότου μεταβολῇ οὐκ ἀξυνετωτέρου, κακοξυνετωτέρου δέ. » Καὶ ἔτι τὸ κατακορὲς τῆς μεταγωγῆς τῆς ἔκ τε τοῦ πληθυντικοῦ εἰς τὸ ἑνικὸν καὶ ἐκ τοῦ περὶ προσώπων λόγου εἰς τὸ τοῦ λέγοντος πρόσωπον· « Καὶ εἴ τῳ ἄρα παρέστηκε τὸν μὲν Συρακόσιον, ἑαυτὸν δ´ οὐ πολέμιον εἶναι τῷ Ἀθηναίῳ καὶ δεινὸν ἡγεῖται ὑπέρ γε τῆς ἐμῆς κινδυνεύειν, ἐνθυμηθήτω οὐ περὶ τῆς ἐμῆς μᾶλλον, ἐν ἴσῳ δὲ καὶ τῆς ἑαυτοῦ ἅμα ἐν τῇ ἐμῇ μαχόμενος, τοσούτῳ δὲ καὶ ἀσφαλέστερον, ὅσῳ οὐ προδιεφθαρμένου ἐμοῦ, ἔχων δὲ ξύμμαχον ἐμὲ καὶ οὐκ ἔρημος ἀγωνιεῖται· τόν τε Ἀθηναῖον μὴ τὴν τοῦ Συρακοσίου ἔχθραν κολάσασθαι. » Ταῦτα γὰρ καὶ μειρακιώδη καὶ περίεργα καὶ τῶν λεγομένων αἰνιγμάτων ἀσαφέστερα. καὶ ἐκεῖνα ἔτι πρὸς τούτοις· « Καὶ εἰ γνώμῃ ἁμάρτοι, τοῖς αὑτοῦ κακοῖς ὀλοφυρθεὶς τάχ´ ἂν ἴσως καὶ τοῖς ἐμοῖς ἀγαθοῖς ποτε βουληθείη αὖθις φθονῆσαι· ἀδύνατον δὲ προεμένῳ καὶ μὴ τοὺς αὐτοὺς κινδύνους οὐ περὶ τῶν ὀνομάτων, ἀλλὰ περὶ τῶν ἔργων ἐθελήσαντι προσλαβεῖν. » Οἷς ἐπιτίθησιν οὐδὲ μειρακίῳ προσῆκον ἐπιφώνημα· « Λόγῳ μὲν γὰρ τὴν ἡμετέραν δύναμιν σῴζοι ἄν τις, ἔργῳ δὲ τὴν ἑαυτοῦ σωτηρίαν. »

Traduction française :

[48] (XLVIII) Dans le discours d'Hermocrate, voici le passage où Thucydide me paraît mériter des éloges. « Nous ne venons point accuser la république d'Athènes : il nous serait trop facile de révéler ses injustices ; et d'ailleurs nous parlons à des hommes qui les connaissent. C'est plutôt nous que nous devons accuser : nous avons sous les yeux l'exemple de tant de Grecs réduits à l'esclavage, parce qu'ils ne s'étaient point secourus; nous voyons les mêmes ruses employées contre nous, le rétablissement des Léontins dans leur ville, en faveur de la communauté d'origine, les secours fournis aux Egestins, comme à des alliés ; et nous ne nous hâtons pas de nous liguer, pour prouver que nous ne sommes point de ces Ioniens, de ces habitants de l'Hellespont ou de ces insulaires toujours prêts à changer de maître, toujours esclaves, tantôt d'un Perse, tantôt d'un autre tyran ; mais de ces Dorions sortis du Péloponnèse, libres et indépendants, pour habiter la Sicile. Attendrons-nous que nos villes soient prises l'une après l'autre, lorsque nous savons que c'est le seul moyen de nous subjuguer. » Ce style est clair, pur, plein de vivacité, de grâce, de force, de noblesse, de véhémence et de ces mouvements rapides qui trouvent leur place au barreau, dans les assemblées publiques et dans les entretiens d'amis. Il en est de même de ce passage : « Si quelqu'un nous porte envie ou nous craint (car la supériorité fait naître ces deux sentiments) ; si, pour ce motif, il souhaite que Syracuse soit humiliée, afin que nous devenions plus modestes, et qu'en même temps elle soit conservée pour sa propre sûreté, il veut ce qui n'est pas dans la puissance de l'homme. Il n'est donné à personne de maîtriser, à son gré, et ses désirs et la fortune. » J'en dirai autant de la fin du discours : « Daignez écouter nos prières. Si nous ne parvenons point à vous persuader, nous protesterons contre vous ; car Doriens comme vous, attaqués par les Ioniens, nos éternels ennemis, c'est par vous que nous aurons été trahis. Si les Athéniens parviennent à nous asservir, ils en seront redevables à votre détermination : ils en recueilleront seuls toute la gloire, et le prix de la victoire sera de faire passer sous leur joug les auteurs de leur triomphe. » Voilà des passages d'une grande beauté et dignes d'être pris pour modèle. Mais je ne sais comment on peut louer ce qui suit : «Ils viennent en Sicile sous le prétexte qui vous est connu, mais avec les intentions que nous leur supposons tous : à mon avis, c'est moins pour rétablir les Léontins dans leur ville que pour nous chasser de la nôtre. » Cette paronomase est froide ; elle n'a rien de pathétique et décèle une grande affectation. Il en est de même de ce passage où se trouvent des figures embarrassées, inextricables : « Les Athéniens ne résistèrent point au roi de Perse pour la liberté de la Grèce, ni les Grecs pour leur propre liberté. Les premiers voulaient que la Grèce fut soumise à leur joug et non à la Perse; les autres ne cherchaient qu'à changer de maître et à en avoir un moins faible et plus astucieux. » Dans un autre endroit, il passe du singulier au pluriel et du discours du personnage qu'il met en scène au personnage même : « Si quelqu'un s'imagine que ce n'est pas lui qu'Athènes regarde comme son ennemi, mais les Syracusains; s'il trouve pénible de s'exposer au danger pour notre patrie, il doit songer qu'il s'agit autant de sa patrie que de la nôtre. Il trouverait d'autant plus de sûreté à embrasser notre cause que nous ne sommes pas encore anéantis, qu'il nous aura pour alliés et ne combattra pas seul. Qu'il songe enfin que les Athéniens n'ont point pour but de se venger de notre haine. » Ces expressions sont puériles, recherchées et plus obscures que des énigmes. On peut en dire autant de ce passage : « Si l'événement est contraire à son attente, gémissant sur ses malheurs, peut-être alors verra-t-il d'un oeil d'envie notre prospérité ; ce qui ne sera plus permis à quiconque nous aura abandonnés pour ne point prendre part à des dangers communs, non seulement en apparence, mais en réalité. » Il ajoute cette épiphonème : « Il paraîtra sauver notre puissance ; mais dans le fait, il aura pourvu à son propre salut. »





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Dernière mise à jour : 14/02/2008